Même si j’ai toujours respecté la volonté de Chris Reifert de ne pas continuer l’aventure AUTOPSY après la démission du guitariste Eric Cutler, la frontière qui séparait ce dernier d’ABCESS n’a cessé de s’amenuiser avec les années. Et si les ‘Urine Junkies’ (1995) et autres ‘Seminal Vampires And Maggot Men’ (1996) se distinguaient par leur ton nettement plus punk, le fait est que depuis ‘Damned And Mummified’ (2004), le fantasme de ce qu’AUTOPSY aurait donné s’il n’avait pas rendu son tablier de boucher après ‘Shitfun’ (1995) est devenu une quasi-réalité. Et ce petit jeu de la comparaison est aujourd’hui d'autant plus facilité par la reformation des géniteurs de l’immortel ‘Mental Funeral’ (1991) qui, après avoir enregistré deux nouveaux titres pour la réédition de leur premier album fin 2008, sont sur le point d’annoncer leur participation à un grand festival teuton cet été.

Dans ce contexte, difficile de savoir donc comment appréhender ce ‘Dawn Of Inhumanity’ qui couronne trois années d’intenses activités, après un ‘Horrorhammer’ (2007) et trois splits (avec EAT MY FUK, BONESAW et POPULATION REDUCTION) particulièrement réussis. Parce qu’avec ce disque massivement composé par Reifert (qui signe sept des dix titres), jamais ABSCESS n’a jamais aussi sonné… Comme AUTOPSY en fait, avec certes quelques différences notables, comme ce psychédélisme cradingue bien souligné par la pochette hallucinatoire de Dennis Dread et toujours ces quelques pointes de bons vieux rock n’roll. Mais comme aux grandes heures de 'Severed Survival' (1989), l’un des meilleurs morceaux de l'album « Never Sane Again » se révèle particulièrement suffocant car se traînant de façon ultra-malsaine dans la gadoue la plus dégueulasse après avoir démarré en trombe.

Ceci étant dit, ‘Dawn Of Inhumanity’ marque aussi sa différence avec des titres comme « The Rotting Land » - délire psychotique bien barré, genre mauvaise remontée d’acide, comme si ESOTERIC s’était mis à faire du keupon ! – ou ce « Dead Haze » faussement calme et aux arpeggios inquiétants. Bien sûr, certains esthètes seront rebutés par la prod’ roots de chez roots qui met bien en avant la voix de chacal de Reifert, mais cela contribue justement beaucoup à l’ambiance opaque de l’ensemble, qui s’appréhende en fait comme un bad trip au fond d’une allée sombre. C’est toujours aussi peu grand-public et pour tout le monde et c’est très bien comme ça.

En gros, je me dis fuck la confusion des genres. AUTOPSY est de retour et ABSCESS signe au même temps son meilleur album. Alors merde, pourquoi chercher la petite bébête ?!

PS : Une petite pensée pour Tyrant Syndicate dont c’est la dernière production, Nocturno Culto et Fenriz de DARKTHRONE (qui apparaissent d’ailleurs en invités sur le disque) ayant décidé que le music-business n’était vraiment pas leur truc, malgré un tableau de chasse certes un peu maigre (une dizaine de disques en cinq ans) mais superbement anti-mode et décalé (AURA NOIR, OBLITERATION, OLD etc.). Une nouvelle preuve que la différence, hélas, ne paie pas ?!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 13201