Trois ans après le réussi "With No Human Intervention", Aborym reprend le chemin des platines. Le projet italo-suédo-norvégien a subi des changements de line-up assez conséquents cette fois. Attila Csihar, reparti désherber chez Mayhem, ne fait qu'une dernière apparition en guest sur le titre "Man Bites God". Il est élégamment remplacé par Prime Evil, membre des bruitistes Mysticum. Seth Teitan a aussi quitté le dance floor pour se consacrer à la plus grande pantalonnade de l'année (je pense qu'on va l'entendre passer celle-là). Qu'importe Nysrok assurera avec Malfeitor Fabban les parties de guitare pour ce quatrième album. Faust, déjà en guest sur le précédent opus, est maintenant membre permanent du groupe. Let's Dance!

Hormis un survol auditif rapide de l'album de Scum, c'est la première fois que je ré-entends Faust aux baguettes sur tout un album depuis sa sortie du pensionnat. Et ça fait assez bizarre de se mettre dans les feuilles un album avec le batteur de "In the Nightside Eclipse". J'avoue avoir passé mes premiers instants à traquer son jeu sur la ride ou ses breaks. Et la ressemblance avec Emperor ne s'arrête pas là, Aborym ayant toujours été friand de nappes de synthé et de passages "sympho" à la ITNE. On trouve encore ces touches "pompeuses" (sans être péjoratif) et grandiloquentes dans tous les titres.

Mais plus directement, Aborym manie un black indus de premier choix, plombant ses titres de riffs plus death ou thrash, incrustant des errements technoïdes. Et ça marche! Le point crucial qui fait un album de black, l'ambiance, est bien là. Il se passe quelque chose sur chaque titre, un coup de cuiller supplémentaire qui permet d'obtenir une bonne mayo quand la lecture s'arrête. Le cyber black fait mouche, même si le groupe a un peu perdu de sa martialité par rapport à ses précédents efforts. Prime Evil reprend le flambeau d'Attila avec brio, proposant des parties vocales variées et dégoulinantes proches de son prédécesseur. Au final, cet album se révèle plus hypnotique que malsain, même si le Malin est bel et bien assis sur la banquette dans la boîte enfumée. Moins oppressant qu'un "With No Human Intervention", "Generator" reste bien un album froid et intense.

Comparativement au passé, Aborym a consommé la fusion des genres. Les éléments indus qui pouvaient se trouver un peu isolés sont complètement intégrés aux morceaux. D'ailleurs vous ne trouverez pas de plages exclusivement ambiant sur "Generator". Il y a bien sûr des passages où les samples ou les beats prennent le devant mais ils sont amenés de manière très naturelle et se marient avec les parties métal. Ecoutez le titre éponyme "Generator" pour vous convaincre. Mais il y a bien mieux. Je pense au riff après la partie parlée de "Suffer Cataclysm" et son harmonique qui tue. Je pense aussi au final total killing dance floor de "Between the Devil and Deep Blue Sea". Les parties métal varient du black bien lancé au riff "6 tonnes" plombé avec amour. La machine de guerre ne s'emballe pas mais avance obstinément vers son objectif.

Aborym continue de fouler avec talent la piste casse-gueules du black indus. Beaucoup ont essayé mais peu ont survécu. Et pourtant c'est déjà le quatrième album des bruitistes européens. Comme dirait Arthur "un grand moment de bonheur".




Rédigé par : Prince de Lu | 16,5/20 | Nb de lectures : 15325