ABORYM - Dirty (Agonia/Season of Mist) - 10/07/2013 @ 08h06
S’il est un des chefs de file du mouvement Black Indus, le groupe italien ABORYM n’est pas extrêmement prolifique, ce qui provoque une certaine effervescence dès que le trio annonce une nouvelle sortie. Après le plus travaillé Psychogrotesque (2010), le groupe au line-up pour une fois inchangé est plutôt attendu au tournant bien qu’il ait quitté Season of Mist pour le label polonais Agonia. Que nous réserve ce 6ème album nommé Dirty ? Un retour aux sources à l’époque Kali Yuga Bizarre où en matière de Black Indus tout était presque à faire ? Un nouveau truc bien bourrin comme With No Human Intervention ? Quelque chose de légèrement plus raffiné comme Generator ? Une poursuite des velléités expérimentales de Psychogrotesque ? Eh bien Dirty c’est rien de tout ça, mais c’est aussi tout ça à la fois. ABORYM ne se réinvente pas, ne se répète pas forcément, mais va surtout livrer un pur album de Black Indus Electro sans grande prise de tête mais avec maîtrise et inventivité.

Sans surprise, on retrouvera donc ce Black Indus très électronique aux riffs saturés torturés, à la voix traficotée à l’extrême, aux gros beats tek’, à la batterie qui pilonne et aux multiples bidouillages électroniques. Dirty porte bien son nom, ABORYM nous pond ici un album de Black Indus sale et crasseux, en témoignent les thèmes abordés souvent très glauques (je n’ai pas les paroles, mais il suffit de mater le clip du morceau-titre ou écouter "Raped by Daddy" avec ses samples pour le coup très appropriés au titre…). Et musicalement, ABORYM montre avec Dirty qu’il maîtrise totalement son art noir. L’aspect électronique est ici très varié et poussé, flirtant souvent avec la Dark-Electro (l’excellent "Across the Universe") mais toujours avec cette touche de futurisme malsain propre à la formation italienne. La saleté et la morbidité sont donc les maîtres mots de morceaux assez rampants comme "Bleedthrough" ou "The Factory of Death" (avec son étrange break central). Mais pour le reste ABORYM continue à envoyer la sauce avec son Black Indus frénétique, en témoignent les plus directs "Irreversible Crisis" (très accrocheur d’entrée avec son gimmick « This world want to fuck you »), "Dirty", "Raped by Daddy" (avec son final dérangeant), et surtout cette tuerie qu’est "Helter Skelter Youth". ABORYM ne se fixe pas de limites et n’hésite pas à oser un peu, c’est ainsi que le chant toujours aussi robotique est complété par du chant clair qui prend une dimension significative sur des morceaux comme "Across the Universe", "I Don’t Know", "Face the Reptile" (piste mi-classique mi-expérimentale) et le final "The Day the Sun Stopped Shining" bien évidemment assez apocalyptique et même mystique, avec ses envolées de sonorités électroniques épiques et son final désespéré et dépouillé.

Il n’y a vraiment rien de bien neuf sous ce soleil qui s’arrête de briller, mais ABORYM se montre inspiré et en particulier du côté électronique pour nous livrer un très bon album. Si les deux albums sortis chez Season restent pour moi les meilleurs (non, je ne fais pas de lèche aux marseillais), ABORYM n’a pas régressé avec Dirty, bien au contraire. Si le trio pouvait peut-être accoucher de quelque chose de plus ambitieux encore que Psychogrotesque, il a choisi de livrer avec Dirty un album « classique » mais bien équilibré, ni aussi rentre-dedans que With No Human Intervention et ni aussi subtil que Generator, bref un album qui synthétise tout le savoir-faire du groupe dans le pur style Black Indus (d’obédience électronique), qui peut tout autant convenir à ceux qui découvriraient le groupe ou aux fans qui n’attendaient pas plus qu’un « nouvel album d’ABORYM ». Ce n’est pas l’album Black Indus du siècle, mais il est un parfait mètre-étalon du genre et montre surtout que ABORYM reste un des patrons du style, qui a développé sa propre personnalité au fil des années, et qui étale avec Dirty son goût pour l’électronique glauque marié à un Black Metal détraqué, comme MYSTICUM savait si bien le faire en son temps.

L’album existe dans une version digi, présentant un second CD comportant des reprises (IRON MAIDEN, PINK FLOYD et NINE INCH NAILS), des réenregistrements ("Fire Walk With Us" et "Roma Divina Urbs") ainsi qu’un inédit ("Need for Limited Loss"). Mais comme j’ai que le premier CD j’en parlerai pas, na.

http://www.aborym.it - 112 visite(s)

Bandcamp - 94 téléchargements


Rédigé par : ZeSnake | 15.66/20 | Nb de lectures : 13485




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Commentaire
Bernard
Membre enregistré
Posté le: 10/07/2013 à 09h21 - (108175)
'Psychogrotesque' m'avait vraiment laissé une grosse impression, là je ne m'y retrouve pas encore. Ça en a la saveur mais je lui trouve un côté "bordélique" qui m'empêche de trouver mes repères pour l'instant. Va encore falloir quelques écoutes répétées.

Sinon, les trois petits bonhommes dans le digipack ressemblent étrangement au symbole des Young Gods, et les tons et couleurs du livret sont assez similaires à ceux du livret de 'The Downward Spiral' de NIN... Pure coïncidence?

V.R.S.
Membre enregistré
Posté le: 10/07/2013 à 13h12 - (108178)
Même sensation que Bernard. Psychogrotesque m'avait donné une bonne claque, là faut un peu plus fouiller quoi

Bras cassé
Membre enregistré
Posté le: 10/07/2013 à 17h45 - (108180)
Idem. Psychogrotesque est une merveille, celui-ci me laisse sur ma faim. Il manque quelque chose, sans pouvoir dire quoi precisement.
Deception, alors que c'est surement l'album que j'attendais le plus cette annee.

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