Une paire de mois à peine, après la sortie de leur premier DVD, revoilà ABORTED passant à l’assaut des bacs de nos disquaires avec un cinquième album qui inaugure leur récent contrat avec Century Media. Difficile de ne pas être décontenancé lorsque l’on constate que le chanteur, Sven De Caluwé, est le seul rescapé du line-up qui avait enregistré à peine deux ans plus tôt « The Archaïc Abattoir ». De quoi se poser des questions sur la pertinence d’avoir conservé le nom du groupe et surtout, de quoi se demander ce qui nous attend avec ce nouveau chapitre discographique.

Que les fans se rassurent, ABORTED n’a pas perdu son identité en changeant de musiciens et « Slaughter & Apparatus » est un authentique album du groupe qui s’inscrit dans la continuité de leur galette précédente. Hé oui, une fois encore les fans de la première heure rejetant l’évolution d’ABORTED vers un death metal plus varié et sensiblement plus mélodique en seront encore une fois pour leur frais.
Avec ce nouveau CD, la formation franco-belge confirme le virage entamé précédemment qui avait vu le registre vocal de Sven s’enrichir de parties de chant qu’on pourrait taxer de claires en comparaison des profonds growls auxquels nous étions habitués. De même, la part mélodique qu’on voyait pointer ici et là sur des lignes de guitares se voit ici renforcée.

ABORTED aurait-il succombé à des désirs de popularité ? Leur nouveau contrat aurait-il perverti d’une façon ou d’une autre la musique d’ABORTED ? Les bouchers belges auraient-il rangé les couperets pour partir conter fleurette ? Que nenni mes mignons ! Si ABORTED confirme ici son désir de sortir un peu des craquants brutal death typiques, « Slaughter & Apparatus » est étrangement plus brutal, plus violent que ne l’était son prédécesseur.

A croire que l’arrivée de Matty Dupont (guitare) et Peter Goemaere (basse) deux membres d’EMETH, de même que celle de Sébastien Tuvi, notre Balrog national, a boosté certains paramètres d’ABORTED pour rendre sa musique encore plus radicale. Plus vraisemblablement, il faut sans doute attribuer cette débauche d’énergie à l’intérim plus que réussi d’un David Haley (PSYCROPTIC, RUINS, THE AMENTA) survolté derrière ses fûts. Supportant amplement la comparaison avec l’ex-batteur Gilles Delecroix, et c’était pas forcément gagné d’avance, c’est un David Haley chaud bouillant qui propulse littéralement la musique d’ABORTED d’un bout à l’autre de cet album. Non pas que le reste de la troupe fasse gentiment la sieste jusqu’à l’arrivée de ses roulements et blasts de l’hémisphère Sud, mais il est clair qu’ABORTED a trouvé un batteur surpuissant pour engendrer ce cinquième album ; un choix judicieux qui a dopé le reste du groupe pour rendre ses parties de guitares comme son chant encore plus fougueux.

Du côté des influences on retrouve ce petit côté « carcassien » même si ABORTED se dirige d’avantage vers les aspirations d’un « Heartwork » plutôt que d’un « Necroticism » et que ce disque déroule ses quelques quarante minutes à un rythme nettement plus soutenu. Ce n’est d’ailleurs, pas pour rien qu’on retrouve parmi les invités qui ont participé à l’album, le nom de Jeff Walker qui prête sa voix sur « Methodical Overture » et « Odious Emanation ». Citons également Jacob Bredahl et Henrik Jacobsen de HATESPHERE venus faire des apparitions sur l’album.
Côté production, ABORTED a renouvelé sa confiance à l’infatigable Tue Madsen et son Antfarm studio qui confèrent à l’album un son massif et très puissant peut-être pas très personnel mais ô combien percutant.

Reste à savoir si ABORTED réussira à trouver un batteur définitif pour défendre ce disque sur scène vu qu’Etienne Gallo (ex-AUGURY, ex-NEURAXIS) est désormais trop occupé avec NEGATIVA (le groupe des ex-GORGUTS) et qu’il faudra à ABORTED un véritable tueur pour continuer sur sa lancée. Croisons les doigts pour eux et espérons que les problèmes de line-up du groupe sont désormais derrière lui.


Rédigé par : Tonton | 16,5/20 | Nb de lectures : 17410