“…The doctor is here…” c’est sur cette réplique du Docteur Channard, extraite d’Hellraiser Hellbound, que démarre ce troisième opus d’ABORTED. Après des problèmes de line-up qui nous ont fait craindre pour l’avenir du groupe, nos belges préférés reviennent ici avec une galette au titre qui évoque davantage l’équarrissage massif que la cueillette du muguet.

Goremageddon, le bien nommé, s’inscrit dans la continuité directe de leur précédent album, tout en s’appuyant davantage sur un concept médico-légal gore à la CARCASS ainsi que sur une thématique chère à MACABRE : les serial killers. Dès les premiers riffs désosseurs on se rend compte qu’ABORTED s’est donné les moyens de faire les choses en grand et l’enregistrement au Danemark dans les studios Aabenraa (à vos souhaits !) ainsi que la production signée Jacob Hansen (producteur de Pale Forest, Illdisposed, Invocator, Fleshtized, je continue ?) y sont sans doute pour quelque chose. Le death métal d’ABORTED a évolué vers un style d’une brutalité sidérante qui tire parfois sur le grind. Les dix brûlots qu’on retrouve ici sont d’une qualité rarement égalée dans le brutal death tant l’énergie déployée par les musiciens est généreuse et passionnée. Les années ont enfin apporté à ABORTED la maturité et la pondération d’une musique tout à la fois barbare et nuancée. On retrouve bien entendu cet excellent sens du riff-qui-tue déjà présent dans le passé et le chant monstrueusement primitif de Sven, adjoints à cette alchimie musicale directement influencée par CARCASS. Les guest présents sur « Goremageddon » ne sont pas des moindres. On retrouve un Dirk Verbeuren (SCARVE) au meilleur de sa forme, assurant la batterie par intérim mais aussi un Leon Del Muerte (MURDER CONSTRUCT) qui a participé à l’écriture du coprophile « Clinical colostomy » ou encore un Joel Sta (PYAEMIA) pour « Ornaments of derision » . Pour finir cet album en apothéose sous forme d’hommage, ABORTED nous délivre une reprise remarquable de CARCASS avec un « Carnal Forge » revigorant. C’est toujours agréable de se rendre compte qu’il n’y a pas qu’à moi que ce groupe manque cruellement. Certes, on pourra pinailler sur le sentiment de déjà-entendu qui peut parfois traverser l’esprit à l’écoute du présent album mais quand c’est bon comme c’est le cas ici présent, on laisse les préjugés au vestiaire et on savoure.




Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 10576