Zoooombiiiiiiiiies!!!! Popularisés par le gore italien des années 70/80, ils font aujourd’hui partie intégrante de l’iconographie du Brutal Death. En allant au-delà de la réjouissante orgie intestinale gorgée d’hémoglobine et de pus qui semble constituer l’essence de ces deux courants “artistiques”, leur extrémisme commun les condamne la plupart du temps à l’underground, à la résistance inévitable contre le mercantilisme de l’art.
Le cinéma gore et le Brutal Death, anticapitalistes? Voilà de quoi faire virer leur cuti à bon nombre de groupes texans inconscients de véhiculer des enjeux socio-politiques pourtant évidents à l’écran. Si les zombies du maître Romero représentent, entre deux giclures, un pamphlet contre le consumérisme outrancier, il n’est donc pas très surprenant de voir son corollaire musical s’enraciner aujourd’hui dans une Russie rongée par un capitalisme débridé.

ABOMINABLE PUTRIDITY, autoproclamé “Moscow Style Sickness”, est le fer de faucille d’une scène Brutal Death soviet en plein essor. Un développement bien tardif, si l’on considère le soin que l’URSS mettait autrefois pour rattraper son retard dans la course aux armes de destruction massive. La fin de la guerre froide serait-elle synonyme d’un certain amollissement de l’autre côté de l’Oural? Ou peut-être y manque-t-on simplement de physiciens compétents... Foie de Tchétchène, “In the End of Human Existence” sent l’espionnage industriel à plein nez, ce qui prouve qu’à défaut de créativité, les bonnes vieilles méthodes sont toujours efficaces.

Pour reprendre des expressions chères à mon tovaritch ophidien, ABOMINABLE PUTRIDITY est une gigantesque gerboulade. Un gala de grognements de gorets. Les Ruskofs pratiquent un Brutal Death Slam largement repompé sur DEVOURMENT, PROPHECY et autres SINTURY. Hélas, les pickup trucks texans ne sont pas motorisés par Traban. “In the End of Human Existence” est aussi poussif et lent que les zombis qui leur sont chairs en proposant un slam pataud, gras et bonhomme. On compte les rares accélérations en dodelinant paresseusement de la tête et en goûtant la magnifique production, épaisse comme un T-bone stéroïdé (à condition d’aimer les batteries synthétiques au possible).
En s’inspirant de l’impérialiste ricain, ABOMINABLE PUTRIDITY n’a pas saisi que l’essence du style est une sauvagerie décomplexée. Il est vain de rechercher cette violence et cette rage meurtrière dans leur riffs qui alignent, superposent, exponentiellisent les breakdowns moshisant et groovy. De ce côté, le travail de composition est malgré tout bien exécuté et incite à ruer dans les bottes de foin sans se poser de questions, sans laisser penser que l’on passe à côté de l’essentiel pour ce style.

“In the End of Human Existence” donne l’impression d’assister à un ballet de pachydermes embourbés dans un marais fétide quand on voudrait voir un déchaînement de furie berzerk. On mettra au crédit d’ABOMINABLE PUTRIDITY l’invention du Brutal Death de hamac, qui berce autant qu’il balance. A réserver aux fans de slam death.


Rédigé par : La Myxine | 11/20 | Nb de lectures : 11213