Après la Belgique et la Suède dans la première moitié des 90s, puis l'Allemagne et la Hollande dans la seconde, il semble bien que l'Italie et l'Angleterre soient les scènes HC en vogue ces dernières années. La scène italienne, puisque c'est d'elle dont il s'agit avec Abel Is Dying, connaît un véritable ouragan old-school avec les Values Intact, To Kill et autres The Miracle, après avoir marqué l'Europe avec le edge-metal/metalcore des Reprisal, Sentence, Last Man Standing and co... Abel Is Dying fait un peu tache dans ce revival actuel avec son metalcore à forte influence suédoise, mais on ne peut pas dire qu'il détonne totalement à l'échelle européenne. Ce sextuor s'est formé en 2004 et nous propose ici son 1er vrai EP après un maxi 3 titres sorti l'an passé.

J'avais plutôt accroché à ces 3 titres et c'est avec plaisir que je me suis plongé dans cette galette à l'artwork assez commun, qui devrait en dérouter plus d'un puisque la typo fait très Black Metal. Les premières secondes d'écoute rassurent d'emblée sur le contenu: il s'agit toujours de ce metal d’inspiration suédoise aux vocaux hurlés et aux breaks nombreux. Les Milanais reprennent donc en quelque sorte le flambeau de leurs prédecesseurs Reprisal de la période 'Boundless Human Stupidity' en y incluant des riffs typiques de la période 'Stings Of Conscience' d'Unearth. Le gros atout des Italiens est déjà de ne pas nous seriner la tête avec du (mauvais) chant clair: les deux frontmen Tommi et Paul possédant une voix assez proche mais toutes deux hurlées, avec quelques growls pour faire bonne figure. Pea le batteur s'en sort lui plutôt bien avec un jeu assez varié, du blast aux passages beatdown, et ce, malgré un son de grosse caisse triggé à mort. Les guitaristes s'éclatent entre riffs heavy ultra-classiques et moshparts écrasantes et ils ont le bon goût de ne pas tout gâcher avec des solis pour garder l'efficacité et l'agressivité du tout. Bref, dans l'ensemble, les 6 membres tiennent bien leur rang et se mettent au diapason pour nous envoyer un son assez gigantesque, la production étant à la hauteur des ambitions du groupe.

N’étant pas un adepte démesuré de ce style de métal, je trouve pourtant qu’Abel... est un des groupes européens qui s’en sort le mieux: ils évitent l’écueil de la méjorité des groupes de metalcore, à savoir des compos ultra-linéaires qui se ressemblent toutes. Bon, ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas écrit, tous les plans restent ultra-classiques, ils n’ont pas inventé la poudre non plus, mais à l’instar des Unearth, Destiny ou Killswitch Engage, ils envoient la purée d’une manière directe, sans fioriture et surtout avec leur propre patte, puisque c’est ce qu’on reproche à tous les suiveurs depuis 5/6 ans: de copier ce qui marche sans personnalité, sans rien proposer. Prenez ‘Eternal Life’ par exemple, le riff principal est archi-basique, joué à peu près 295 fois depuis 10 ans, mais la montée progressive, la double-pédale, les deux chants qui se chevauchent comme des Vaches-qui-rient (faut que je le dépose celui-là) ou l’enchaînement break/moshpart/reprise puis le singalong final, forment un ensemble exécuté avec une maîtrise et une efficacité indéniables mais surtout un caractère particulièrement prononcé. Les 5 autres titres de ce EP (le dernier est un instru dispensable) sont dans cette veine mais il s’agit là du morceau le plus convaincant pour ma part.

L’impression laissée par le maxi précédent est confirmée par ce Gazing From The Abyss: Abel Is Dying deviendra à n’en point douter une valeur sûre du metalcore européen. Les adeptes du style devraient accrocher sans trop d’efforts mais je conseille à ceux qui se considèrent habituellement comme réfractaires au genre de laisser une chance aux Milanais, ils pourraient faire une belle découverte.
Reste à voir ce que donne le groupe sur scène, mais je ne me fais pas trop de soucis, les pits za devraient chauffer, Italie oblige. Je suis déjà sorti.


Rédigé par : Candiria-Thon | 07/10 | Nb de lectures : 11511