Le premier morceau en guise d’intro, "Ex nihilo", ne laisse que peu de doutes quant au contenu de ce premier album autoproduit des stéphanois d’AABSINTHE. La gaieté n’est pas de mise sur "The loss of illusions" : tristesse et noirceur y règnent sans partage.

Le caractère plaintif du chant, quand il n’est pas death, ajoute à l’ambiance noire de l’album, et ne laisse guère entrevoir de lueur d’espoir…en cela, l’artwork illustre parfaitement la musique du groupe, où l’obscurité se mêle à la beauté. Des passages death relativement puissants alternent avec de fréquentes plages mélodiques, où les arpèges prennent possession de l’espace sonore, soutenus par des claviers discrets assez bien utilisés agrémentés de quelques bruitages d’ambiance. Quant aux nombreux solis de guitares, ils sont tous simplement superbes, ne servant qu’à enrichir le propos, à embellir les chansons. Quand le rythme accélère, la technique prend un peu plus le dessus, et la machine semble s’emballer, puis ralentit pour souffler à nouveau. Ces contrastes confèrent à la musique d’AABSINTHE une grande richesse.
Technique, puissance et émotions sont les maîtres mots de cette première réalisation. Une telle recette ne fonctionne que si chaque ingrédient est bien dosé. Ici, c’est le cas. Le groupe maîtrise son sujet, c’est un fait !

Difficile à priori de définir le style du groupe, et ça n’est pas un mal, tant les étiquettes risqueraient de minimiser un potentiel qu’on imagine encore sous-exploité. Un titre comme "Begging for absolution" n’aurait pas dépareillé sur un disque death mélodique "venu du nord". Certains passages me rappellent en effet avec plaisir les plus anciens DARK TRANQUILLITY. Quant aux moments les plus calmes de l’excellent titre "The silent agony", ils renvoient directement à ce qu’a pu proposer un groupe comme NOVEMBRE sur ses dernières productions. Et à bien écouter ce disque, il est évident que le OPETH de "Blackwater Park" a eu une influence sur la musique d’AABSINTHE.

"Loss of Illusions" s’apprécie sur la durée, et après d’innombrables écoutes, j’ai l’impression de devoir faire tourner cette galette encore un certain nombre de fois avant d’en saisir toutes les subtilités. Quand on pense qu’il ne s’agit QUE de leur premier album…on ne peut qu’être impatient quant à la suite des évènements.


Rédigé par : Sentenced | 16/20 | Nb de lectures : 14468