Le titre présent sur sampler GSR sorti cet été avait retenu mon attention et je m’étais du coup penché un peu plus sur ce groupe. Ces Hollandais se sont formés en 2001 à l’initiative d’un ancien Born From Pain (un des guitaristes, me semble-t-il) et nous avaient gratifiés d’un premier album intitulé Embrace Solitude, il y a bientôt 3 ans. Le groupe officie donc toujours dans un metal/hardcore musclé, mais ne ressemblant que de très loin à BFP: je situerais leur musique entre Irate et des groupes purement metal comme Pantera. Et puis oh bonheur !, je reçois la promo de leur nouvel album A Heart Gone Black et vais donc pouvoir approfondir ma connaissance de ce combo batave.

La pochette du CD ne permettait pas de subodorer une quelconque évolution de style: une tache de sang mal faite, des barbelés, un artwork assez quelconque pour être honnête. Mais les premières notes de ‘A Death, Once Victory’ nous mettent directement dans l’ambiance: des grattes lourdes et puissantes, une batterie omniprésente et la voix de Mike qui envahit l’espace sonore de manière impressionnante. Les brûlots s’enchaînent à mesure que l’évidence prend forme: le groupe a indéniablement gravi quelques échelons depuis 3 ans. Les compos sonnent certes moins ‘Hardcore’ qu’auparavant, mais l’ensemble paraît bien plus maîtrisé et peaufiné, marqué par la volonté de se démarquer de la meute. Pourquoi moins ‘Hardcore’ ? Cela tient à quelques détails: une structure des morceaux moins ‘classiques’ et rentre-dedans, des riffs autant techniques et recherchés que bêtement efficaces et tranchants, peu de breaks, mosh-parts et singalongs, des effets divers sur la voix notamment sur les refrains, chantés plutôt qu’hurlés... La musique sonne de fait beaucoup moins ‘gang de gros durs' et le groupe en profite pour troquer de l’agressivité contre des ambiances et des nuances, en jouant énormément sur le rythme des morceaux et donc les effets en tous genres.

Comme j’ai pu le souligner auparavant, la production clinquante permet justement d’apprécier ces nuances, même si les triggs sur la grosse caisse rendent comme souvent les lignes de batteries pénibles à suivre. Le chant est superbement mixé, cela aurait d’ailleurs été un sacré gâchis de ne pas y apporter autant d’attention, le sieur Mike possédant une jolie gouaille lors des parties chantées et un braillement ‘tough-guy’ tout-à-fait honorable. Malheureusement, les différents effets appliqués sur certains passages ne sont finalement pas convaincants, s’avèrent souvent inutiles et donnent l’impression que le môme du producteur jouait avec les boutons de la console au moment de l’enregistrement. De manière générale, je déteste les effets en tous genres et ce n’est pas cet album qui me fera changer d’avis. Les autres musiciens s’en sortent eux aussi fort bien: les lignes de guitares sont assez perturbantes, globalement ultra-basiques mais avec des passages presque chaotiques et techniques et même quelques solis. Je ne reviendrai pas sur le mixage de la batterie, toujours est-il que le cogneur en chef n’est pas en reste par rapport à ses compères, imprimant des changements de rythmes autoritaires sur quasiment tous les morceaux et en restant sobre et efficace. Bref, côté production comme côté technique, le groupe se situe dans le haut du pavé européen et tient facilement la comparaison avec la plupart des groupes américains du genre. Un titre comme ‘Killing The Drama’ démontre tout le talent des Hollandais à marier différents styles: des vocaux très Cornelliens obtenus grâce aux effets, une efficacité Panterienne voire Hatebreedienne sur les passages ‘rapides’, un grand sens de la mélodie de façon générale, des breaks bien sentis... Si seulement les 9 autres titres avaient été dans cette veine, on aurait pu considérer A Heart Gone Black comme la surprise du chef en metal/HC de cette fin d’année. Car c’est finalement là que le bât(ave) blesse: certains morceaux se révèlent simplement quelconques comme le titre éponyme qui ressemble à du mauvais Bury Your Dead (c’est vous dire la bouse !) ou le titre de clôture ‘Beyond Grievance And Discontent’ qui n’est pas mauvais en soi mais a la malchance de passer après les 2 très bons titres que sont ‘Sacrifice Required’ et ‘Killing…’ et de proposer des solis Slayeriens un peu ridicules (pléonasme). Il ressort après de multiples écoutes de cet album un sentiment de ‘gâchis’, l’impression d’être passé à côté de 10 (37?) baffes monumentales dont on se serait souvenus longtemps.

Ceux qui s’attendent à du Born From Pain devraient être surpris et sûrement déçus, les plus ouverts d’entre eux et les autres apprécieront quant à eux l’effort du groupe pour se diversifier au maximum et venir draguer les amateurs de metal purs et durs. En définitive, un bon album de metal/HC avec une très forte identité de la part de 37 Stabwoundz et une très bonne surprise en cette fin d’année pourtant riche en albums pour gros durs. A suivre de très près à l’avenir et à voir sur scène, bien évidemment.


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 12394