Leur street cred', personne ne viendra la mettre en doute. Vies de merde, tafs pourris, hôpitaux psy, came, taule et compagnie, autant de raisons qui auront joué dans la balance pour pousser 16 à remettre le couvert après leur séparation en 2003. Mais fini les line-ups claudicants, la formation qui vient de livrer "Bridges To Burn" est la même que celle d'origine, qui n'avait mine de rien pas martyrisé de tympans depuis 16 piges. Ca s'invente pas. Un album qui sera l'occasion pour le groupe de sabrer le champagne avec un deal chez Relapse, dont on retrouve Florian Bertmer, illustrateur attitré d'un de leurs brillants poulains (Agoraphobic Nosebleed), pour offrir à Bridges To Burn un artwork bigarré qui a de la gueule.

La ligne directrice du groupe n'aura pas été altérée par les années, la musique s'articulant autour d'un seul élément: LE riff mastoc. On va la jouer concis: pense Unsane, pense Helmet, et transpose-les dans un contexte fortement stonerisé. Ca va pas péter plus loin. Simple, direct, efficace. Pas la peine de chercher la faille, l'ensemble est tellement compact que tu la trouveras pas. Parce que 16 a de la bouteille et possède des appuis à toute épreuve, de par une section rythmique en béton armé, sur laquelle viennent se poser des guitares qui en imposent. Que les riffs soient hachés, stoner, hardcore ou à coloration légèrement mélodique, tu peux être certain de te décrocher la nuque à chaque plan.

Ces gars jouent les sourcils froncés et les poings serrés, avec une sérieuse envie d'en découdre et d'exorciser un bon paquet de démons. Les gueulantes, sincères, et les textes, sans détours, ne permettent pas d'en douter. Une rage peu contenue qui n'effacera pas ce sens du gros refrain bourru qui fait lever le poing, dont 16 a blindé ces douze titres. Ne leur reste plus qu'à coupler ça à la vilaine leçon de gros groove dont ils font preuve, et ça te plante des morceaux tels que "Me and My Shadow", "Monday, Bloody Monday", "So Broken Down" - bon, une bonne partie de la tracklist en fait - dans le ciboulot pour la journée.

La pression, constante et fermement maintenue pendant 3/4 d'heure, sera le seul vrai bémol de "Bridges To Burn", qui aurait à mon humble avis bien gagné en impact en se délestant de quelques titres. C'est que quelques années de silence, ça rend volubile... Mais cela n'enlèvera rien aux qualités de ces gaillards, aussi rustres qu'honnêtes, et qui viennent nous rappeler au passage qu'avec eux reformation rime plus avec passion que bifton$. De quoi penser à remercier Relapse, qui aura su pousser au cul le groupe pour qu'il nous offre le présent effort. Reste plus qu'une reconnaissance proportionnelle à leur statut, mais avec un album de la trempe de "Bridges To Burn" et la pugnacité de ses auteurs, c'est bien parti pour.


Rédigé par : Crown_Me | 15/20 | Nb de lectures : 11437