11 AS IN ADVERSARIES - The Full Intrepid Experience of Light (ATMF/Season of Mist) - 11/02/2011 @ 08h34
J’en connais qui ont repeint leur calecif lorsque le combo a balancé des extraits de cet album sous la bannière de Glorior Belli. On peut dire que ça a fait un petit peu de barouf. Le Black version Southern soit, mais là non, c’en était trop pour de chastes oreilles. Au final, il a suffi de changer le nom du groupe et d’en faire un projet à part pour que les cris d’orfraie se taisent et que l’album sorte sans déchaîner la haine. Malgré tout, cette expérience lumineuse garde une filiation avec le projet initial par la thématique luciférienne excepté que cette fois nous sommes loin du religieux puisque la lumière viendra des machines infernales issues de l’imagination déviante de Frankenstein.

Tel notre Prométhée moderne donnant la vie à une créature constituée de bouts de cadavre, nos deux scientifiques explorent les mélanges audacieux et les assemblages hétéroclites. Moins théâtrale qu’un Arcturus, moins Indus que DHG, le monstre a finalement dirigé mon regard vers Reverence. J’en étais qu’à la surface mais l’utilisation de cette voix claire un peu traînante accompagné de ce côté progressif m’amenait volontiers à les comparer à leurs compatriotes. Une fois passée la première approche, il semble assez vain en définitive de tenter un quelconque rapprochement.

J’entends des sceptiques me rappeler que ce n’est pas la première fois que nous avons à brasser du Black aux relents progressifs excepté que chez nos deux savants, on triture du Rock Prog’ de la grande époque. Si j’étais dans un service de gériatrie, je n’aurais pas hésité à parler de Classic Rock tant certains riffs et particulièrement les soli nous transportent à l’époque du LSD et des pattes d’eph’. Parfois même, l’expérience prend des tournures psychédéliques. Mais cela est encore trop classique, trop convenu pour nos deux aventuriers de la science car ce qui nous interloque finalement et qui je pense fera fuir d’effroi nombre d’auditeurs, est cette incroyable section rythmique.

Incroyable d’abord puisque cette dernière est véritablement mise à l’honneur dans le mix et principalement la basse qui vagabonde tel un psychotique en crise dans les couloirs d’un asile, et surtout elle s’avère vraiment excellente. Incroyable ensuite puisque le style pratiqué est du Funk ! Oui, vous avez bien lu ! Derrière, ça groove sévère, ça fait sautiller votre coupe afro et The Mothership Connection atterrit dans vos petites oreilles. Je crois que là, j’ai perdu la majorité des lecteurs à moins qu’ils n’aient rêvé entendre un jour Infectious Grooves faire du BM. Même si on remarque que cet aspect touche prioritairement le deuxième titre, il n’en demeure pas moins que le combo s’évertue régulièrement à placer des lignes de basse ou des riffs bien Funky surtout que dès le départ le duo nous envoie le monument de l’album durant 13 minutes. Sacré périple pour une entrée en matière ! Ça vous plante un décor et vous met toutes les couleurs de leur palette dans la face.

Je rassure les moins endurants, ce sera le seul titre de cet acabit. En effet, la suite garde une durée plus classique et nous nous verrons même octroyer un court interlude. De ce fait, nous traversons différentes ambiances. Ainsi, le troisième titre marque à la fois un retour vers plus d’éléments Black via un aspect chaotique et dans le même temps l’apparition des vocaux extrêmes (enfin ! Diront certains…) grâce à la présence du stakhanoviste du featuring Niklas Kvarforth. Pour une fois, notre Suédois suicidaire nous la fait sobre sur ce morceau développant une sorte de Swing macabre assez original ponctué par les tourbillons chaotiques déjà évoqués et de breaks plus atmosphériques où le chant se recroquevillera dans le recueillement. La voix Black réapparaîtra durant la suite de l’expérience lors du quatrième morceau tout en tension désespérée et enfin sur le titre final égrenant un Black Rock primitif, le blast de la galette et quelques miettes de Post-Black.

Finalement, cette construction hétéroclite passe plutôt bien. Il faut dire qu’au siècle dernier j’ai pas mal traîné mes vieilles gambettes dans ce qu’on appelait la Fusion. Du coup, même pas peur du Funk/Metal, surtout que la principale qualité de l’opus est son étonnante fluidité. Loin du patchwork, l’ensemble garde une assez grande cohérence puisque tout se voit unifier par cette ambiance sombre et déliquescente directement héritée de Glorior Belli. Fusion mais glauque, maladif…

En revanche, je me dois d’émettre quelques doutes notamment sur le chant que je trouve un peu linéaire, un peu terne pour l’instant. D’autre part, je reste dubitatif devant le choix de commencer par le morceau de bravoure car la suite apparaît plus légère alors que ce n’est pas forcément le cas. Mais il s’agit à mon goût d’un souci inhérent à ce style d’agencement.

Il s’agit d’un premier essai vers un ailleurs mystérieux qui nous laisse un peu au milieu du gué. On n'est pas encore dans la folie complète mais on a largement transgressé le Black de Glorior ce qui confère cet aspect fragile et instable à cette architecture encore mal définie. J’ai suis déjà très curieux de voir sur quel chemin vont nous guider nos duettistes la prochaine fois.

A l’instar de la créature, laide au premier regard mais foncièrement charismatique.

http://www.myspace.com/11asinadversaries - 230 visite(s)

Funky! - 128 téléchargements


Rédigé par : Dark Rabbit | 14/20 | Nb de lectures : 13008




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Commentaire
AnusFraicheur
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 10h22 - (91327)
D'accord avec le lapin sombre. Très fluide, on évite la mise bout-à-bout de plans sans rapport les uns par rapport aux autres, et ça, c'est très appréciable dans ce style de projet qui souvent vire à la démonstration.
Je suis curieux au de voir ce que cela va donner dans le futur car j'ai l'impression d'avoir regarder par la serrure d'une porte et qu'il reste beaucoup à découvrir.



Raumsog
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 11h20 - (91329)
Cool comme chronique!

Je fais partie de ceux qui ont repeint leur calecif (lol) en écoutant ce "nouveau" GB : même si à l'écoute ça sonne comme très abouti et que la patte des musiciens est super reconnaissable (que ce soit dans les accords ou même dans certaines lignes mélodiques qui sont trèèès proches de Meet Us), je n'y trouve pas trop mon compte : l'ambiance est tout simplement un peu trop light

J'espère surtout que ce side-project sera un exutoire pour leurs expérimentations et que le prochain GB sera à l'image de "Meet Us...", très original dans son approche mais les pieds bien ancrés dans le black

PS : Notez que le mySpace nous explique la signification du nom du groupe, je vais pouvoir pioncer peinard

ZeSnake
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 11h36 - (91330)
pas accroché du tout à ce projet. les influs The Mars Volta qui étaient palpables sur les extraits m'avaient titillé l'oreille, l'album entier ne m'a pas du tout convaincu. je n'ai jamais réussi à rentrer dedans...

par contre, je n'y vois pas du tout de références à Arcturus perso...

Invité
IP:81.249.146.26
Invité
Posté le: 11/02/2011 à 13h33 - (91338)
Assez difficile d'accès au premier abord mais juste excellent une fois tout assimilé !

Joff
IP:78.116.132.181
Invité
Posté le: 11/02/2011 à 13h38 - (91339)
excellente chronique

V.R.S.
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 14h39 - (91340)
Pas fan non plus...



juj
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 18h18 - (91345)
assez déçu, pas assez de funk

Prince de Lu
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 22h25 - (91349)
Comme la créature de Frankenstein, cet album est constitué de morceaux rassemblés et cousus ensemble pour former une créature vivante qui traine la patte et déambule en gémissant. Pas aimé du tout.



Monceau
Membre enregistré
Posté le: 11/02/2011 à 23h33 - (91352)
Et chaque Frankenstein aura le droit à sa foule avec des torches...

Je savais que ma relation fusionnelle avec le Lapin ne peut pas durer indéfiniment. Mais divorcer sur ce skeud là équivaut à se faire larguer le jour de Saint Valentin (je savais que je vais le payer cher...). Hélas la vie est une pute.

Excellentissime chronique - bien ficelée, fine et complète. A 100% d'accord avec tout ce qui a été évoqué. Mais il manque le feu de passion que j'aime tant dans la prose lapinesque. Ce n'est pas l'album le mort-vivant ici mais les gribouillages de l'herbivore sombre.

Ce fameux titre funky - quand je l'ai écouté pour la première fois j'ai cru sincèrement qu'il s'agit d'une erreur. Je m'attendais à tout à part ça. Mais la surprise était plutôt agréable pour ma part. J'aime ce genre d'audace et de défit.
L'album n'a pas suivi ce délire totalement et ce que nous a été proposé est effectivement une sorte de fusion savante des ingrédients que personne n'a osé de mettre dans la même cocote jusqu'ici, le tout fermenté dans les ambiances bien glauques de Glorior Belli.

Bon je vais pas faire copier/coller de la chronique - de tout façon tout est dit. Mais je confirme que plusieurs écoutes s'imposent - tellement il y a de nuances qui ressortent.

En parfaite objectivité cet album vaut un bon et fiable 15/20. En totale subjectivité - bien au delà. Mon coup de cœur tout simplement.





corvuserebus
IP:109.129.59.13
Invité
Posté le: 12/02/2011 à 21h25 - (91362)
excellent album, clairement indigeste à première écoute, mais il en vaut largement la peine. Basse de folie en tout cas!

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