“Avec de l’ancien Eden Maine dedans”, voilà une accroche qui fera saliver plus d’un metal-coreux fan de Dillinger Escape Plan, Converge et consorts… or, ici point de blast-beat qui tienne, point de descentes de manches, encore moins d’hystérie collective par une bande de psychopathes débarrassés de leurs camisoles.

Non, point de tout ça, car ici le propos est apaisé, riche en guitares acoustiques tirant sur le folk et en montées d’intensité dignes du plus classieux des post-rocks… en effet, quel eut été l’intérêt de saborder Eden Maine si ce n’était pour changer de champ d’action ?

La musique de *shels, groupe à géographie variable (membres anglais, mais pour certains expatriés aux US) n’a en effet pas grand-chose à voir avec le hardcore ou le metal, si ce n’est dans certains déchainements qu’on retrouve généralement dans ce style fourre-tout dit « post-hardcore ». Le son du groupe est extrêmement riche et oscille entre un apaisement limite baba-progressif et une densité très orchestrée, en passant par des parties ambiantes pour la plupart assez planantes. Nombre d’instruments servent le propos du groupe, et aux habituels classiques guitares, basses et batterie, s’ajoutent cordes, pianos, et même trombone sur le final magique du titre d’ouverture « The Conference Of The Birds »… Une certaine poésie se dégage de l’ensemble de ce disque, qu’on imagine conceptuel : morceaux en 2 parties (Indian part 1 & part 2, The White Umbrella part 1 & part 2, Water part 1), références récurrentes à la nature, à la faune et à la flore « exotiques » (Atoll, In Dead Palm Fields), le tout emballé dans un superbe artwork limite psychédélique sur carton recyclé.

On se laisse happer sans mal par l’univers proposé ici, définitivement plus proche du post-rock que du post-hardcore. Une musique décloisonnée où hurlements et explosions servent les morceaux plutôt que d’en être l’attraction principale : c’est bien là l’intérêt de *shels, qui propose sa version du post-rock en évitant les poncifs du genre grâce, on l’imagine, à ses racines plantées profondément dans le metal-hardcore.


Rédigé par : NicoSata | 15/20 | Nb de lectures : 10173