- VS FEST # 1 : LOUDBLAST + GOJIRA + NO RETURN + THE OLD DEAD TREE + SCARVE + GARWALL par CLEM ET PATRICK – DECIBELS STORM - 3160 lectures
Locomotive de Paris



"Qu'est-ce qui arrive au metal ? Est-ce grave docteur ?"
"Non, je vous rassure, un simple accès de fièvre métallique à la Française, mais…c'est le premier cas qu'il m'est donné de diagnostiquer ! C'est tout simplement…étonnant. "


Ainsi pourrait commencer ce live-report quelque peu particulier ma foi.



Organisé par le webzine Violent Solutions et prônant une affiche 100% made in France, ses chances de succès étaient loin d'être évidentes à première vue.

Mais comme je me plais à le répéter, nous avons largement, dans notre beau pays, de quoi contenter les esprits tourmentés en quête de métal première classe. Il n'y a qu'à constater le niveau des démos qui ne cessent d'augmenter et la qualité grandissante des productions de nos artistes nationaux.

Certains, d'ailleurs présents ce soir, étant à même de concurrencer n'importe quelle grosse pointure internationale, et ce les doigts dans le nez ! Seules les mauvaises langues, armées de leur venin détestable, en seront pour leur frais, car, en ce qui nous concerne, seuls la joie et l'enthousiasme nous accompagnent !
L'élément le plus représentatif de cette réussite étant l'affluence record présente aux portes de la Locomotive.



Le festival annonce complet, plus une place n'est à pourvoir, ce qui fera quelques malheureux, restant à attendre hypothétiquement une vente miracle de dernière minute (petite pensée pour mon cher JC, reparti bredouille).

De mémoire de métalleux, c'est bien la première (et je n'espère pas la dernière !) que je vois une salle absolument remplie du premier au dernier rang, en passant par les toilettes et le bar, acquise à 100% à la cause du metal de la mort made in France !

Quels en sont les symptômes?
Une affiche de qualité supérieure, appelant aussi bien au fan de néo particulièrement heavy de Old Dead Tree qu'à l'afficionado de brutalité thrash chirurgicale délivrée par les Landais de Gojira ou l'amateur féru de death dans toute sa splendeur incarné par les nordistes de Loudblast.

La recette paraît simple mais il fallait avoir le culot de la proposer !



C'est donc dans une salle quasi-comble nous pénétrons, impatients et excités, avec pour objectif de s'en mettre plein les yeux et surtout plein les oreilles. Après s'être frayés, non sans difficulté, un chemin vers la scène, force est de reconnaître que cela commence plutôt bien avec les locaux de GARWALL.



Ceux-ci s'adonnent avec classe à un black/death d'une brutalité sans pareil et se font une joie de martyriser les esgourdes des premiers rangs, qui d'ailleurs leur rendent la pareille avec enthousiasme. La recette est déjà éprouvée mais fonctionne toujours à merveille ! La cohésion de l'ensemble est palpable, le niveau technique reste plus qu'appréciable et le son rend justice à ces riffs tout droits issus de l'enfer. Le seul point négatif, si tant est que l'on puisse le définir de la sorte, est une attitude scénique qui reste quelque peu limitée et statique à mon goût mais peut-on réellement leur en vouloir ? Garwall est encore un jeune groupe, dont la personnalité devrait s'affiner au fil des concerts et des albums, mais le potentiel est bien présent, indiscutablement. Une première bonne surprise, qui ne sera pas la dernière….

Le rideau se ferme, la salle se chauffe doucement, les degrés défilent, les gosiers s'assèchent…le festival ne fait que commencer…



Une vingtaine de minutes plus tard, c'est au tour des nordistes de SCARVE de défier l''assistance à l'aide de leur metal unique, aux croisées de Meshuggah, Strapping Young Lad et Soilwork. Auteurs d'un "Irradiant " phénoménal, dernier album en date, il me paraît inutile de préciser que nous attendions beaucoup de ce groupe aux dents longues. D'autant plus que leur dernière prestation, en ce même lieu, il y a de cela deux ans, aux côtés de Dew Scented et No Return m'avait quelque peu laissé sur ma faim. La faute à un public clairsemé ne montrant pas de signes d'adhésion à son style quelque peu alambiqué ? La faute à un " Luminiferous " trop avantgardiste, résolument en avance sur la majorité de ses compères ? La faute à une ambiance digne de " Vivement dimanche ", faisant passer le terme " amorphe " pour un summum de vivacité ?

Peu importe après tout, car ce soir, Scarve répond présent pour laver l'affront ! L'heure de la vengeance est proche mes frères !



Le rideau se lève, Les deux vocalistes se mettent en place, la section rythmique s'installe, les premiers frissons parcourent l'échine…
Le public réclame à corps et à cris du métal, du vrai, qui fait du bien là par où ça passe ! Et celui-ci va être servi pendant plus d'une heure, aux sons d'une majorité de morceaux extraits du petit dernier (" Fireproven ", " Hyperconscience ", " Boiling calm ", " The perfect disaster ", l'ultime " Asphyxiate "…) ainsi que des titres issus de l'énorme et précité " Luminiferous " et du premier album " Translucence ".

Mais là n'est pas le propos, chacun des titres proposé remporte un succès qui dépasse le simple stade du remerciement poli, l'atmosphère qui s'en dégage est quasi hypnotique, déchaînant les premiers slams de la soirée et provoquant une ébullition de la fosse qui laisse pantois l'observateur ébahi par tant de conviction et de sincérité artistique. Le duo vocal blond/brun fonctionne à merveille et se charge d'investir la scène avec brio, oscillant tour à tour entre headbanging forcené et sauts de cabris impétueux !



L'alternance voix claire/voix grave est impressionnante et ne laisse aucun doute sur la maturité et le professionalisme dont fait preuve Scarve aujourd'hui. Ce ne sont pas les amoureux de grosses guitares et de technicité délivrée à bon escient qui me contrediront en se délectant des riffs servis avec classe par une section rythmique démoniaque. Le batteur se chargeant d'annihiler les derniers doutes qui pouvaient subsister à l'évocation de ce groupe hors pair.

Et lorsque l'on lit la joie sur le visage de Pierrick et de son comparse Guillaume, trop heureux de proposer leur art métallique devant une salle comble, on ne peut s'empêcher de partager ce moment de bonheur, échangé avec chacune des personnes présentes ce soir. On te rassure Pierrick, c'est réciproque !


Me voila ravi, heureux d'avoir pu assister et profiter d'un bastonnage auditif en règle, orchestré avec une précision imparable et une envie de bien faire comme l'on en voit trop rarement…Chapeau bas messieurs et au plaisir



Apres un changement de backline qui va s'éternisant (et qui ne sera pas sans conséquences sur la durée des sets des groupe suivants), THE OLD DEAD TREE apparait à son tour. Le groupe a su créer le buzz dès ses débuts et en récolte les fruits ce soir : alors qu'il aligne une discographie moins conséquente que ses petits camarades de soirée, The Old Dead Tree reçoit le soutien d'une bonne partie du public qui va jusqu'à reprendre ses chansons en choeur.



Le groupe est complètement à l'aise, ce qui facilite grandement sa présence au sein d'une affiche globalement plus brutale. Car musicalement, il faut bien l'avouer, The Old Dead Tree coincé entre Scarve et No Return a de quoi faire lever quelques sourcils. Le bol d'air est pourtant le bienvenu, et cette prestation sans faille des parisiens écarte rapidement toute objection.



Navigant entre un dark goth-metal proche du "Draconian Times" de Paradise Lost et des références plus rock actuel (on pense fugitivement à Muse, Radiohead ou même Placebo), la voix claire et assurée de Manu trouve un contrepoint équilibré avec des guitares souvent puissantes et une énergie rythmique très bien maîtrisée. Assurément, on est en droit d'attendre de grande choses de The Old Dead Tree, et ce ne sera que mérité.



Changement radical d'atmosphère avec NO RETURN.

Je n'avais pas vu le groupe sur scène depuis une éternité, et j'en étais resté à une orientation power-trash du groupe ; j'ai visiblement loupé quelques épisodes, vu le death-metal ravageur (certes enrichi de quelques ambiances cyber-electro) que No Return a délivré tout au long de son set.

Ecrasant tout sur son passage et bénéficiant d'un son puissant, le groupe transforme la fosse en maelstrom de bras et de cheveux. Son impressionnant frontman semble vouloir manger tout cru la moitié de l'assistance, et malgré un line-up tout neuf et peu de concerts récents, le groupe relève plutôt bien le défi ; une prestation à améliorer, mais largement compensée par la furie déclenchée dans la salle.




Quand le rideau se lève pour dévoiler quatres hommes sortis de l'ombre, la gorge se noue, et le cou, déjà malmené par de multiples headbangings acharnés, se raidit. Une goutte de sueur perle sur mon front, laissant une traînée salée qui se répand jusqu'aux commissures de mes lèvres. Il fait chaud, très chaud et ce n'est que le début.

Je n'ose trop y croire, puis je me fais une raison…les premières notes ne sont pas encore lâchées que je sais qu'il y a maintenant quelque chose de spécial qui va se passer, il est trop tard pour fuir, d'ailleurs qui pourrait bien en avoir l'idée ?



GOJIRA est bien là, devant une foule acquise à son honorable cause, je n'y tiens plus, je n'en puis plus, je vais enfin pouvoir voir ce qui est pour moi LE plus grand groupe français de métal, toutes tendances confondues, s'offrir à mes oreilles incrédules. Le rêve prend forme et va durer une heure. Une heure de pur bonheur.

D'entrée de jeu, la maîtrise technique de ces messieurs met à genou une fosse qui n'en demandait pas moins, " Clone ", " Lizard skin ", " Deliverance ", " Space time ", " Rise " sont jetés en pâture à l'assistance, c'est à prendre ou à laisser, mais a-t-on réellement le choix ? Qui peut refuser un tel présent ? " Terra incognita " est honoré de la plus belle des manières, avec une virtuosité digne des plus grands. Mais la part du lion est taillée pour " The link ", dernier album de Gojira, avec l'énorme " The link ", le surpuissant " Death of me ", l'époustouflant " Remembrance ", le majestueux et suffocant " Indians ", l'ébouriffant " Embrace the world", le brutal " Wisdom comes " et ce qui reste pour moi le plus beau morceau de l'album, j'ai nommé " Inward movement ", quasi tellurique et doté d'un final ahurissant, prenant une ampleur live soupçonnée mais jamais imaginée.



Chaque note est unique, restituée avec précision et clarté, les parties de batterie laissent pantois par leur puissance, mais ce qui impressionne au plus haut degré est cette cohésion entre chaque membre du groupe qui est réellement palpable du début à la fin. C'est bien là le signe des grands groupes à n'en point douter. Le public ne s'y trompe pas, célébrant à sa manière ce déluge métallique de haute voltige par d'innombrables slams et stage-divings plongeant la bien nommée Locomotive dans une atmosphère survoltée, où seules la sueur et la dévotion ont droit de cité. Le chanteur Joe se faisait un malin plaisir de se délecter de cette ambiance unique, quitte à aider certains fans trop dévoués à exécuter leur saut dans la fosse quand ceux-ci prenaient trop de temps à se décider. Le tout étant acclamé par une foule en délire, en pamoison devant nos quatre gaillards des Landes.



Pour parachever le tout, je précise que le son dont a pu bénéficier Gojira est incontestablement énorme et qu'il est fort probable que cela ait joué pour beaucoup dans la restitution des morceaux qui demandent justement un traitement sonore optimal pour en extraire la sublime quintessence.

Le tour est joué, le sans-faute est réalisé, cette prestation élève le terme " intensité " à un niveau encore jamais dévoilé et relègue la médiocrité à son rôle le plus insignifiant.

Lorsque le rideau s'est clôt, ce à quoi je n'ai pu me résoudre immédiatement, il m'a bien fallu une dizaine de minutes avant de comprendre que tout cela était fini, que le rêve venait de s'achever, que ce voyage dans une autre dimension était arrivé à son terme. Emu et bouleversé, j'allais jeter mon dévolu sur une dernière bière de bon aloi, tout en ruminant cette même rengaine qui m'apparaissait si familière…" Gojira est magique ! "
A n'en point douter et à l'écoute des innombrables réactions ayant suivi le show, ce fut incontestablement LE concert phare de ce festival.



Le retour des fils prodigues du Metal français se produit après de longues minutes d'attente. LOUDBLAST monte sur scène devant un parterre acquis à sa cause, et le groupe ne cache pas son agréable surprise devant cet accueil bruyant et enthousiaste. Alex Colin-Tocquaine (Agressor) complète désormais le line-up, et Loudblast se pose désormais en vieux routards de la scène française, sur le mode du "veni, vidi, vici".




Le groupe exploite intelligemment l'ensemble de sa discographie, et convainc les derniers indécis en embrayant dès le deuxième morceau sur "Subject to Spirit" et "Cross the Threshold". Malgré des interprétations souvent rapides, qui font perdre un peu d'efficacité aux compos, Loudblast en très grande forme assène sans relâche des titres dévastateurs et sème les graines du chaos dans la fosse.

L'enthousiasme du groupe répond à la ferveur du public, et transforme le set des Lillois en célébration atomique. Loudblast met la Loco à genoux, et marque le point d'orgue d'une soirée à marquer d'une pierre blanche : chapeau bas pour cette première édition du VS Fest, et vivement les suivantes !


Auteur
Commentaire
TarGhost
Membre enregistré
Posté le: 22/03/2014 à 11h09 - (796)
Que de souvenirs...gros coup de coeur perso sur Gojira et Loudblast.
Vous nous remettez ça avec une affiche de ce calibre quand vous voulez.



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