Du 21 au 23 juin 2013 à Clisson.

C'est avec la mythique fatigue post-Hellfest que j'écris ce live-report, comme le savent des centaines de milliers de festivaliers chaque année, quatre jours complets sans confort, ça laisse des traces. Que dire de cette édition 2013 ?

Personnellement, j'ai trouvé et je trouve encore l'affiche réellement moyenne après des années où l'équipe a réussi à inviter ce qui semble être le top de la scène metal. DEF LEPPARD ou le retour de KISS ne sont franchement pas les raisons de ma venue en terres clissonnaises... Selon moi, il manquait ce IRON MAIDEN- que les programmateurs attendent encore sûrement eux-aussi- ou ce BLACK SABBATH. Heureusement, GHOST a su conclure le spectacle en beauté.

Après une première édition 2010 où je suis arrivé en train et en navette, puis une édition 2012 où je suis arrivé le mercredi soir en voiture, c'était donc la première fois que je me retrouvais en bagnole dès le jeudi. La circulation n'a pas été si catastrophique qu'on nous le laissait entendre. S'en suit l'escapade avec la tente et tout le bordel, je me suis retrouvé entre le Red Camp et le Green, emplacement stratégiquement idéal pour éviter toutes nuisances sonores ou physiques de la part du voisinage. Moins pratique quand on aime aller aux toilettes quand on le désire. D'ailleurs, je regrette une fois encore le manque de WC sur le camping où l'hécatombe annuelle a perduré. Les agents du nettoyage ont fait un boulot incroyable cela dit, très efficaces et assez ponctuels, mais les centaines de hardos dégueulasses ont eu raison de leur taff.

Faisons donc l'impasse sur cette journée de jeudi qui ne sert qu'à se bourrer la gueule en retrouvant les copains et à récupérer son pass.

VENDREDI 21-06-13

Après un détour vers le Leclerc - le magasin a été décoré aux couleurs du festival - en début de matinée, direction le site du festival – plus précisément la Mainstage 2 - pour la prestation de SSS. La performance des Anglais est plaisante et même très réussie, mais on peut déplorer leur manque d'originalité. Je me suis demandé plusieurs fois si la formation jouait des reprises de R.D.P., mais non. Néanmoins, malgré un public mollasson et hermétique à la musique des gars de Liverpool, SSS ne s'est pas dégonflé et a su répondre présent, l'énergie et l'envie étaient au rendez-vous. Avec une météo pas franchement idéale, entre beau temps, petite pluie et vent, le son se retrouve tout chamboulé et pas très audible. 30 minutes plus tard, c'est au tour des BLACK SPIDERS d'entrer sur la Mainstage 1. Rappelons que le deuxième album des gaillards "This savage land" devrait sortir à la rentrée. On ne peut pas dire que je sois fan de la musique des mecs de Sheffield, mais le constat est le même que pour SSS : le son est à chier.

Je suis mon chemin vers les installations bouffes du festival, qui se sont toutes regroupées non-loin de la Warzone. Logistiquement parlant, je ne sais pas si c'est une très bonne idée de tout regrouper sur un même coin. D'autant que ceux qui avaient pour habitude de manger en matant un concert doivent se dépêcher pour ne pas louper un seul set. Nous avons le droit à la magnifique pub de la pizzeria avec une jeune femme très encline à manger sa pizza. Il y avait bien sûr la classique frites-saucisse, le thaïlandais, le chinois, les grillades argentines, les plats éthiopiens et même brésiliens (même si je ne sais pas ce qu'il y avait de plus brésilien que la déco), la tartine de l'Enfer, les pâtes italiennes, la rôtisserie et bien d'autres.

Je pars ensuite en direction l'Altar pour suivre HOODED MENACE, solide combo finlandais pratiquant un bon death/doom des familles. Avec un set d'un peu plus d'une demi-heure, le groupe montre toutes ses facultés à produire une musique efficace et prenante. Avec sa lourdeur proche de la lobotomie, cette formation de qualité est à suivre de près. Surtout quand on a trois grammes dans le sang, et qu'on kiffe le genre lent et pesant engendré par ASPHYX.

Direction le coin VIP, où je reconnais quelques têtes familières, pour me ressourcer. Moins long qu'une attente vers les bars toujours bondés, le bar du coin VIP permet également de payer par carte (ce qui est franchement pratique quand on n'a pas la patience d'attendre trois plombes à la tirette à l'entrée du fest). Outre ses avantages pratiques pour se bourrer la gueule, les toilettes VIP (même si elles subissent une hécatombe similaire à celle du camping) sont moins bondées et tout cela dans un confort décuplé. Le combo "camping + pas de douche + beaufs bourrés" ajoute un sentiment supplémentaire de satisfaction à votre cake.



Retour à la Mainstage pour voir HELLYEAH pour la première fois sur les planches. Avouons-le tout de suite, j'ai été très déçu. Autant par le son odieux que par la prestation des Ricains. Vinnie Paul et ses copains ont planté le décor avec leur musique clichée au possible, on aurait pu penser que cela allait être - pas énorme, ne soyons pas naïf - cool. Mais non. Déçu d'autant plus puisqu'HELLYEAH n'a pas joué "Alcohaulin' ass", morceau plus que fédérateur qui aurait collé à l'ambiance du moment. Mais non. Cela me dégoûte de voir une formation jouant comme des semi-retraités se prendre pour des putains de rock star et faire le minimum syndical. Mais merci à EUROPE d'avoir rendu ce Hellfest mémorable grâce à un "Final countdown" qui l'est tout autant. Toutes les personnes qui étaient jusque là allongées et bronzant au soleil se sont levées pour scander le refrain des Suédois. Un très grand moment d'hilarité pour beaucoup, vu le nombre de spectateurs présents. Un grand classique.



Malheureusement pour les gens aux goûts éclectiques TERROR, ASPHYX et TWISTED SISTER jouaient tous les trois en même temps. J'ai tracé mon chemin vers la Warzone pour suivre les coreux Californiens. La foule était au rendez-vous et l'ambiance joyeuse. Même s'il semble que Scott Vogel ait eu des problèmes pour gueuler vers la fin du set, TERROR a joué ses classiques – "Overcome", "Spit My Rage" ou "Keep Your Mouth Shut" - et a eu le droit au soutien d'un public visiblement conquis. Le clou de cette soirée s'enfonce avec AT THE GATES, qui devrait peut-être songer à faire autre chose que des tournées et pondre un album, et surtout NEUROSIS. Raté quelque temps auparavant à Paris, NEUROSIS n'est pas un groupe à manquer deux fois de suite et cette séance de rattrapage au Hellfest est évidente pour moi. Comme je le disais auparavant, pas de vrai gros groupe pour me mettre l'eau à la bouche. Pendant que DEF LEPPARD jouait sur la Main Stage (pendant près de deux heures : l'horreur), NEUROSIS a mis les pieds sous la Valley avec des spectateurs atteints par une journée chargée. Mais les gaillards d'Oakland ont bien rempli leur rôle, l'horaire de passage était idéale pour apprécier leur musique. Une bonne fin de soirée avec des mecs qui ont de la bouteille. Le duo Von Till-Kelly reste intouchable.

SAMEDI 22.06.13



Le samedi matin débute plutôt bien avec la prestation des mecs de T.A.N.K. sous l'Altar. Après une opération pour l'évènement, on pouvait retrouver beaucoup de fans arborant le t-shirt blanc du groupe. On pouvait un peu appréhender le retour du public, mais il n'en fut rien. Avec son petit set d'une demi-heure, les Français ont réveillé le Hellfest. D'ailleurs, beaucoup se sont fait avoir au beau milieu d'un braveheart impressionnant. Même si le son laissait un peu à désirer, les T.A.N.K. nous ont délivré là leur meilleure prestation dans des conditions idéales. Bravo à eux. Quelques heures après, je passe voir P.O.D. pour avoir un peu honte et écouter "Youth of a nation". La séquence nostalgie se poursuit lorsque COAL CHAMBER fait son apparition, toujours mené par le sosie du chanteur de DEVILDRIVER avec du maquillage en plus. Comme quelques jours auparavant à Paris, la bande à Dez fait le minimum et prouve que cette reformation n'est que le fruit d'un énorme besoin bancaire.

J'avais des aprioris sur PARKWAY DRIVE avant de les voir, maintenant je les trouve plus que crédibles. Avec une grosse pêche et un soutien démesuré du public, la formation m'aura mis sur le cul. Une belle surprise. Même si DOWN n'est pas un de mes groupes fétiches, je suis clairement venu pour eux aujourd'hui. Les spectateurs étaient là en abondance, accompagnés d'une fumée épaisse. Sixième show en six jours pour la voix du Phil, on l'a ressenti mais le gaillard s'est montré très vivant. L'ex-leader de PANTERA s'est claqué son micro sur le casque tout le show, entre "Eye of the south" ou "Lifer" en hommage à Dimebag Darrell, les amateurs ne pouvaient qu'être plongés au cœur du son chaud des Américains. On pourra noter les apparitions de Jason Newsted et Mike Pike sur "Bury me in smoke" à la fin du set, applaudis par les milliers de spectateurs présents.



En termes d'affluence, en revanche, cette journée fut invivable. La venue de ZZ TOP a rameuté les papys et mamys fans des célèbres barbus américains. On s'éloigne du cliché des festivals de metal, encore une preuve de l'ouverture du Hellfest. Tant que le Hellfest ne devient pas les Eurockéennes, hein.



Mais avant la bande à Billy Gibbons, il y avait la troupe à Jacobi : PAPA ROACH. Deuxième fois que j'assistais à un de leur concert, après un Graspop 2009 où la formation – et le frontman - s'était tournée au ridicule pendant près d'une heure. Cette fois-ci, le gaillard - affublé d'une nouvelle coupe de cheveux risible - a misé sur son énergie et a ainsi montré ses facultés en apnée. Quels souffle et régularité dans le chant !

D'ailleurs, on n'oubliera pas le clin d'œil du seul morceau de REFUSED "New noise" avant de reprendre le tube "Last Resort". Heureusement, PAPA ROACH n'est pas BRUCE SPRINGSTEEN et laisse vite la place au grand ZZ TOP. Avec ses chorégraphies ultra-connues (petits pas de côté & cie) et ses hits, ZZ TOP n'a pas fait dans l'originalité. Je peux limite dire que j'étais déçu tant le tout ne semblait pas spontané. Il faut dire qu'ils ne sont plus tous jeunes et qu'ils ont fait le job – un peu comme EUROPE mais en mieux.

Le Hellfest nous a fait l'immense honneur (horreur) de remettre KISS à l'affiche. Après un show en 2010 où beaucoup étaient sur le cul, rebelote cette année avec un show à l'identique. Troisième fois que je les voyais et c'est encore pour moi le même constat quant à ce quatuor. Beaucoup de frifris, de froufrous et de frafras mais ça reste caca. Je reste convaincu de leur talent de showmen, mais musicalement, on repassera.

Le retour de KORN sur la scène du Hellfest a également posé d'interrogations : "Est-ce qu'ils vont partir s'il pleut ?", "Est-ce qu'ils ont un parapluie cette fois ?" ou plus simplement "Est-ce que le retour de Brian "Head" Welch a fait du bien à KORN qui joue de la merde depuis son départ ?". Les médias présents lors de leur conférence de presse plus tôt dans la journée ont d'ailleurs pu entendre des nouveaux morceaux du groupe de Bakersfield. Rien qui n'ait pu me remémorer des grands classiques d'antan cela dit. On peut d'ores et déjà dire que KORN avait un gros son de cochon. Franchement, le duo Head/Munky est franchement plus classe que le duo Munky/lapin blanc derrière la scène. En débutant avec "Blind", Jonathan Davis et ses potes ont mis le feu et ont réveillé les festivaliers en interprétant sans risques leurs vieux morceaux. Loin d'être de ceux qui ont aimé la tournure de leur carrière suite au départ et d'Head et de David Silveria, j'étais particulièrement soulagé de voir que KORN n'allait pas nous servir un concert teinté d'electro. Ouverture d'esprit es-tu là ?

DIMANCHE 23.06.13

Même si des affiches du Hellfest dans le métro postaient THE ARRS en haut de l'affiche, les Franciliens se sont retrouvés avec le public dès 10h30 pour une demi-heure de folie furieuse. Venus pour présenter leur dernier album "Soleil noir", les gaillards n'ont pas été déçus du voyage, même si on aurait pu s'attendre à ce que THE ARRS joue un peu plus tard dans la journée.

Après la marée de gens les jours précédents, on pourra profiter d'un allègement en ce début de journée. Pourtant, ce dimanche semble à mes yeux la plus belle partie de l'affiche. Je me retrouve "coincé" devant la prestation du charismatique IHSAHN vers la Temple, pour une deuxième apparition consécutive au Hellfest. Le gaillard d'EMPEROR met son public dans le bain avec sa musique ambiancée, mais il m'est assez difficile de plonger dedans en plein milieu de l'après-midi. Direction la Mainstage pour suivre MASS HYSTERIA. Toujours le même constat que lors de leur apparition en 2010, les Français mettent le feu avec leurs "Furieux". Toujours pareil qu'en 2010 (et les années encore avant), Mouss balance sa positive attitude entre les morceaux. C'est mignon.



Je reste aux alentours de la Mainstage pour voir l'ex-METALLICA Jason Newsted avec son groupe au nom original : NEWSTED. J'étais très curieux d'entendre les vocalises énervées du bassiste, la prestation ne s'avéra pas des plus palpitantes et des plus entraînantes. Le seul passage intéressant fut la reprise du "Die" de "Creeping death". C'est dire. Heureusement, le gaillard s'est rattrapé avec ses anciens camarades VOIVOD. Les Canadiens ont délivré une prestation remarquée, sans ajouter à cela l'apparition de Phil Anselmo sur le morceau de PINK FLOYD, "Astronomy domine".



Suite au décès du père d'un membre de CLUTCH, DOWN s'est vu honorer la Valley pour un show spécial. Je ne vais donc pas voir GOJIRA pour me placer convenablement. Phil reçoit le public en tirant sur le bang d'un fan (qu'on pouvait apercevoir la veille également) et démarre sans chichi. Les membres du quintette de la Nola ont fait plaisir aux nombreux fans de leurs projets respectifs. On a pu entendre du EYEHATEGOD en compagnie de la nana du Phil au chant et le bon vieux Kirk Windstein en compagnie de Jimmy Bower à la batterie pour du CROWBAR. Le grand moment demeure la prestation de l'ami Pepper Keenan. Le guitariste a usé ses cordes vocales sur ces hymnes que sont "Clean my wounds" et "Albatross" de CORROSION OF CONFORMITY. On pourrait regretter que la formation ne se soit pas laissée tentée par une reprise de PANTERA, nom qui a été scandé par une bonne grosse partie de la foule. En vain, on aura juste le droit à un "Walk" mal joué pendant 30 secondes. Et pis c'est tout. Après le show convaincant mais pas transcendant de STONE SOUR, je fais machine arrière vers le camp et pour me ressourcer afin de suivre le clou du spectacle avec GHOST. C'est avec un charisme dingue et un spectacle finement bouclé que Papa Emeritas et ses sbires n'en finissent pas d'épater leur monde. L'un des meilleurs finishs du Hellfest pour ma part.

Ce modeste report résume assez bien mon festival, où il n'y a pas grand-chose à redire. Le temps merdique de Clisson était bel et bien là, le confort, la fatigue et les produits liquides ou fumables étaient là. Un classique. Sans doute pas le meilleur cru du Hellfest, mais toujours une ambiance qui donne envie d'y revenir. Même si je redoute "l'ouverture" dont fera preuve le festival à l'avenir.

Un grand merci à VS Greg, toute l'équipe de VS, aux bénévoles et au staff du Hellfest, ainsi que tous les gens sympas avec qui j'ai passé cette édition 2013.