- HIMINBJØRG + VALLAND + MIND ASYLUM + DRAKWALD par PRINCE DE LU - 2264 lectures
Beermageddon Fest II, au Mood's (Paris XIII) à la date païenne du 6 mai 2012



C'est ma première incursion au Mood's pour cette seconde édition du Beermaggedon Fest. L'orga s'est déplacée dans cette petite salle du 13ème située à deux cents mètres du métro Tolbiac (cette fois, pas d'excuse concernant l'accessibilité des lieux). Le Mood's est un pub-concert assez sympathique. Déjà un pub qui brasse sa bière-maison augmente tout de suite son niveau de sympathie. Le seul souci, ce sont encore les riverains. Des plaintes du voisinage vont limiter l'effusion de décibels ce soir. Comme il est délicat d'expliquer à un batteur de baisser son volume, ce sont les guitares de tous les groupes qui vont largement en pâtir, ce qui va gâcher le plaisir. On remercie chaleureusement les andouilles qui habitent au-dessus d'un bar et qui ne supportent pas le bruit. Il sera beau l'esprit "village" que les bobos parisiens recherchent tant quand tous les lieux de vie nocturne auront fermé. Mais le Beermaggedon aura bien lieu ce soir d'élection présidentielle.



Drakwald ouvre les hostilités en début de soirée. Influencé par la vague pagano-viking (et notamment Ensiferum), le line-up renno-tourangeau balance son metal à flûtiau dans un esprit festif proche de ce que peuvent proposer les formations allemandes. Sans être d'une originalité folle, l'ensemble est bien foutu et l'énergie du groupe va donner à ses compos le coup de jus nécessaire pour accrocher à coup de hoï hoï une assistance venue spécialement pour ce genre de sonorités. Les rangs vont se resserrer doucement au fil des minutes. Avide de sensations houblonneuses, le pit ne s'y trompe pas et les premiers pogos fusent dès le second titre entamé. A la formation metal classique, Drakwald ajoute logiquement un souffleur de flûtiau/sonneur de cornemuse et une claviériste (assise, on ne la verra pas beaucoup). Tout ce petit monde se donne à fond et le set s'en ressent. La prestation est très bonne dans l'ensemble, le guitariste/hurleur à la pilosité farouche étant bien en verve. Le son des guitares est toutefois trop noyée dans le mix général (et j'ai la sensation que ce n'était pas plus mal pour certains solos). Mais qu'à cela ne tienne, grâce aux mélodies reprises par le flûtiau et le clavier, il est très facile de suivre les compositions. J'ai vraiment eu l'impression que leur set n'a même pas duré une demi-heure, comme quoi cela m'a bien plu. La formation, très jeune, montre déjà de très beaux atouts et ce n'est pas une partie du public suintante de sueur qui pourra me contredire.



Mind Asylum prend ensuite le relais après une courte pause. Projet solo devenu récemment un line-up complet, la formation francilienne se rôde dans ses premiers concerts. A la surprise générale, le groupe officie sans son bassiste. Les autres membres, issus de Nydvind ou Whispering Tears, entourent de près le vocaliste Errance, à l'origine du projet. Le chanteur écorché et les deux guitaristes pourront ainsi céder plus de place à la violoniste qui a un rôle à part entière dans leur black metal. La belle se taille une place au milieu des nombreux et fougueux blasts et des trémolos furieux. Le tout n'est pas sans rappeler Pantheon I, qui accueille également une cordiste à plein temps. Les Français semblent moins portés sur les mélodies que leurs comparses norvégiens. Et il faut dire que Mind Asylum, ça asmathe quand même beaucoup. Le style est furieux et dense, les compositions sont des tapis de notes ultra-rapides sur lesquels viennent se poser les hurlements. Et quand les arpèges tombent soudain, c'est là que la mélancolie du violon nous saisit. Au début du set, la batterie surnage beaucoup, avant que les guitares ne remontent un peu au fil des minutes. Mine de rien, cela a donné une vision très rythmique du combo qui n'était pas déplaisante. Les compos sont fort bien exécutées et le chanteur totalement investi. Au final, un set sérieux, brutal et pour ma part très convaincant, qui m'aura donné envie de me pencher sur l'album paru il y a quelques temps. Peut-être un peu trop black pour une partie de l'auditoire, Mind Asylum aura su impressionner les plus sensibles à son art. Ça doit être encore mieux avec de la basse !



Ne nous leurrons pas, une bonne partie du public est venu pour Valland. Les franciliens vont voler la vedette ce soir, mais ils ne l'auront pourtant pas volé (justement). Vous aviez vu dans les pages de VS que le premier opus du groupe m'avait déjà convaincu dans son genre. Après une défloraison en live au Cernunnos Pagan V, cette seconde prestation à laquelle j'assiste est de loin la meilleure du combo. Valland va bénéficier du son de guitare le plus conséquent de la soirée. En rangs d'oignon devant la batterie, les musiciens sont serrés sur scène. Et devant ces Gipsy Kings gaulois leur vocaliste est déchainé. L'exécution des titres est impeccable, à un ou deux couacs de bombarde près (je chipote, il avait l'air d'en chier avec son tuyau bouché). Le hurleur Clément harangue la foule entre deux growls mastocs et captive l'auditoire à lui seul. Quel dommage que ce chanteur ait quitté le groupe et n'ait été là ce soir que pour dépanner les copains. C'est un peu rageant tellement il incarne avec conviction une formation parfaitement en ordre de bataille. Quelle suée dans un public survolté qui va alterner pogos et slams sur l'espace carrelé devant la scène. "Au prix de notre chair, en l'honneur de nos pères" résonne encore dans ma tête le lendemain matin. Il ne reste plus qu'à les voir sur une scène plus conséquente où tous les membres du groupe pourront réellement s'exprimer capillairement. Mais c'était une très belle prestation de Valland. Puissante et écrasante, on en redemande.



J'ai personnellement de grosses attentes concernant Himinbjørg. Leur premier passage dans la capitale auquel j'ai pu assister avait été l'infâme première partie de Enslaved/Vreid à la Loco en 2005 (infâme, à cause d'un son abominable). J'avais été charmé par leur prestation en mars 2011 à l'Espace B. Autant dire que j'espère ce soir me faire envoûter à nouveau par la musique épique et mélodique des Savoyards. Himinbjørg débarque à nouveau sous la forme d'un trio. Le natté Zahaah a repris la basse, ce qui nous laisse avec une seule guitare. Guitare de Mathrien D. (je pense), que l'on entendra pour ainsi dire jamais. Elle est complètement noyée dans le son de batterie et dans le claquement des cordes de la basse. Et quand je dis complètement, c'est totalement. Perso, cela m'a gravement gonflé. Comment apprécier les passages black sans aucune guitare ? Comment apprécier le brûlot "Death of a King" sans un seul accord audible ? Désespoir. Je finis par me rabattre sur une chopine artisanale (pas cher et plus corsée que le demi basique). Placé dans le fond de la salle, je constate que j'entends aussi bien et que je vois aussi bien (c'est à dire rien, mais je n'avais qu'à ne pas naitre nain). Et au bout de quelques titres, je me suis carrément barré dégoûté. Himinbjørg sans guitare... Pourquoi pas Manowar sans slips en cuir ! Trois concerts du groupe, deux ratés. La prochaine sera bonne.



Merci pour tout à la sympathique orga, qui tente avec quelques autres courageux de faire vibrer la fibre métallique sur Paris. Dans l'ensemble, la date m'aura franchement convaincue, ainsi que le lieu où j'apprécierai avec plaisir des concerts plus intimistes. Le pagan n'est pas mort, mais il a failli se noyer dans la bière.


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