- WATAIN + SHINING + AOSOTH par PRINCE DE LU - 2372 lectures
Cérémonie donnée en la salle de l'Empreinte (Savigny-le-Temple), le 5 mars, 2011 années après la naissance du bâtard.
crédit photos: Tetanos




"Faire de la route comme ça pour aller à un concert, ça me rappelle quand j'étais plus jeune". Ce témoignage vibrant d'un immigré provincial sonne vrai pour beaucoup de Franciliens. Les concerts, c'est surtout sur la capitale à coups de transports en commun (surtout depuis que les orgas adaptent les horaires à ceux du métro). Sauf que le metal ne vibre plus beaucoup à Paris pour divers facteurs cumulés: désaffection du public, parfois à cause de concerts trop nombreux à la même période, salles trop chères rendant les billets trop onéreux ou des dates trop risquées pour les orgas échaudées. Et voilà comment on se retrouve dans une bagnole à faire une heure et demie de route pour voir une affiche enflammée. Une heure et demie de route, c'est-à-dire 75 bornes seulement. Bienvenus en région parisienne... Heureusement tout se déroule dans la bonne humeur et la conduite sportive des acharnés du riff.



Ce périple permet de découvrir l'Empreinte. Isolée dans la zone d'activités de Savigny-le-Temple, on peut dire que la salle est colorée avec ses dalles lumineuses sur la façade. Le lieu va s'avérer idéal pour notre concert du jour. Bar pas cher, de quoi se sustenter à prix corrects (sandwichs, paninis), grande hauteur de plafond qui va s'avérer très pratique dans le déroulement de la soirée, son très bon quand bien réglé. Sincèrement, ça donne envie de refaire le trajet pour être reçu aussi bien. Plus qu'à en prendre plein la gueule sur cette date à mi-chemin de la tournée européenne "Death Holy Death Tour 2011".



A l'heure promise, AOSOTH ouvre les hostilités. Pas fan sur album, j'espère être conquis ce soir. Comme à son habitude, MkM semble complètement dans le set, nous inondant de ses lentes gestuelles rituelles, la main enroulée dans le fil du micro. Y'a pas à dire, ce chanteur a de la présence. Et scéniquement, ses partenaires l'appuient virilement, vêtus de sobres chemises noires. Le groupe est bien rentré dans son set, malgré quelques pains qui vaudront au nouveau batteur des regards suaves et langoureux de BST. Le souci principal a été le son. Les groupes de première partie n'ont souvent pas trop l'occasion de peaufiner leurs réglages. Je ne sais pas si cela a été le cas pour Aosoth mais la différence avec les deux groupes de tête d'affiche sautent aux oreilles. Le son est dense, mais trop massif pour laisser filtrer les nuances de l'unique gratte. Du coup, le rendu est très linéaire, seule la batterie permettant de s'accrocher aux changements de parties dans les morceaux. Même "Inner War" sonne comme le reste, m'entêtant dans l'idée que Aosoth n'est qu'un hommage à Antaeus. Je me suis dit que ce rendu dense était volontaire de la part du groupe, pour mettre en place un set "dans-ta-face" exploitant au maximum leur demi-heure de jeu. Cela expliquerait l'enchaînement continu des morceaux, qui ne laissait pas le temps au public de réagir. Le rendu quelque peu hypnotique mis en place n'a été troublé que par un solo de guitare (pas très joli, étant donné le mixage). Au bilan, je n'ai pas été convaincu par le groupe. C'est pas ce soir qu'ils vont me convertir.





Le temps de prendre un bol d'air frais et SHINING démarre déjà. Ceux qui venaient pour voir Kvarforth se scarifier ont déjà deux bons trains de retard. Il y a tout juste deux ans au Glaz'Art, le leader du combo suédois affichait déjà qu'il voulait mettre en place des sets rock'n'roll mais que le temps de la déchéance était tout de même derrière lui. Deux ans plus tard, la bouteille de faux sang n'a pas été sortie du tout et les sadiques devront se contenter de cigarettes écrasées sur le torse (certes, ça pique un peu). Non, les frasques de Shining, c'est du passé. Il reste juste un p*%§ain de groupe de zicos! Pour prendre une leçon de musique, c'était clairement la bonne adresse. Entre le bandana de Niklas Kvarforth, les lunettes de soleil à la CHIPS de Peter Huss ou le bonnet de Fredric Gråby, la dégaine du groupe peut faire un peu sourire. On note au passage le retour de l'ébouriffé batteur Ludvig Witt derrière les fûts. Mais quand les instruments sont branchés, on ne rit plus. Les morceaux de Shining tournent avec un feeling dingue. Le groupe va nous gratifier de deux nouveaux titres à paraître en avril (inch'allah) sur leur prochain album. Deux nouveaux titres qui s'intègrent parfaitement dans la setlist et augurent du meilleur. Kvarforth s'appuie pleinement sur ses zicos, leur demandant de modifier leurs parties sur scène (combien de fois a-t-il parlé à l'oreille d'un de ses gratteux?), réclamant au batteur un solo et un strip-tease, arrêtant le concert sur le premier riff de "Lat Oss Ta Allt Fran Varandra" pour recommencer à jouer ces accords juste parce qu'il les aiment. Zicos de Shining, il faut être au taquet. Surtout quand Kvarforth picole durant tout le set, alternant le coup de whisky et le coup de rouge. Certains évènements sur scène (notamment la baffe au bassiste) semblait plus téléphonés, car déjà signalés à de précédents concerts. Peut-être histoire de contenter ceux venus voir "plus" qu'un groupe de metal. Mais le show était clairement là. On ne s'ennuie pas une seconde pendant une heure (était-ce une heure? Était-ce plus d'une heure? j'en sais trop rien). La magie opère grâce à la maîtrise totale de leur art par les Suédois, couplée à un son puissant et clair. Et même les plus réfractaires aux derniers opus auront certainement pris leur petite claque. Un très grand moment.





Le temps de mettre en place tout le decorum et l'intro (très longue intro) du set de WATAIN résonne dans la salle. Les croix, les têtes d'animaux empalées qui boucanent, les bougies rouge sang sont de sortie dans une Empreinte devenue un véritable temple au Malin (à Savigny-le-Temple, c'est pas anormal). Après un passage à Paris catastrophique en octobre dernier, les Suédois ont besoin de se racheter avant de finir avec une réputation scénique à la Keep of Kalessin sur Paname. Les hurlements du public à l'entrée en scène de Watain ne laissent planer aucun doute, les gens sont clairement là pour eux ce soir. Une audience où se mêlent des connaissances de la capitale, des metalleux locaux, des p'tits jeunes du coin qui viennent probablement de découvrir le metal extrême et qui formeront peut-être la nouvelle génération, des anciens aux cheveux plus gris que les miens. Bref une audience composée d'une foule hétéroclite dont le seul point commun sera son affection pour l'art et le vêtement noirs. Et après avoir installé l'autel au pied de la batterie et nous avoir invités à les rejoindre dans leur voyage mystique, Watain watte immédiatement la gueule. La température grimpe au fil des blasts et des jets de flamme, dans une salle remplie de l'odeur putride de la mort. La mort est aussi sur scène, dans les yeux d'un Erik déchaîné et sublimé, dont le visage est baigné du rouge des projecteurs. Mettant en valeur leur dernier opus, les Suédois n'en oublient pas leurs anciens titres ("My Fists are Him" ressorti du placard à squelettes). "I am the Earth" a été un incroyable moment. Je retiendrai aussi un "Total Funeral" d'anthologie. Les autres titres sont moins surprenants dans la setlist actuelle du groupe, mais joués avec une telle ferveur qu'il était difficile de ne pas succomber. On ne peut pas reprocher à Watain de tourner en rond, vu l'obstination qu'ils mettent à faire évoluer leur show. Et, ô joie toute personnelle, ils n'ont pas joué "Sworn to the Dark". Il fallait à peu près deux minutes pour être aspiré par la porte de l'Enfer qui se déchaîne sur les planches. Les mots ne décriront pas assez bien la qualité d'un show presque parfait en tous points, qui aura duré une heure et demie. Plus le rappel (dont le timing m'échappe) à la fin duquel Erik viendra clore la cérémonie devant l'autel, avant de nous laisser hébétés sur une très (très) longue outro. Que ceux qui conchient Watain continuent à le faire sagement dans leur coin. Les autres qui étaient à Savigny samedi dernier auront vécu une véritable expérience scénique dont ils vont se souvenir pendant un moment.






Boudiou de concert qui fait plaisir. On en oublie la route et quelques bouchons à l'aller, le voyage de retour sera l'occasion d'échanger ses impressions avec ses camarades de fortune. Car Dame Fortune a été bienveillante avec nous ce soir, nous offrant des sets classieux et bien maîtrisés. J'ai une pensée pour ces gamins qui assistaient peut-être là à leur premier concert de metal extrême. Ils vont probablement croire que c'est tout le temps aussi bon et risquent d'être déçus par la suite. Car là, en ce samedi froidif (ça existe toujours pas?), en cette nuit noire comme l'encre, nous avons assisté à une prestation qui nous a transportés ailleurs le temps d'un soir. P'tain de concert!


Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion







Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker