- ARMAGEDDON FEST JOUR 2 - VON + WATAIN + THE DEVIL'S BLOOD + AZARATH + NECRO RITUAL + SACRILEGIOUS IMPALEMENT par PRINCE DE LU - 2775 lectures
Deuxième journée de l'Armageddon Fest, le samedi 5 juin 2010 au Relentless Garage (Londres).



C'est chez l'ennemi séculaire qu'il fallait aller chercher une affiche de premier plan en black metal en cette première moitié d'année. Une fois les piécettes économisées pour le train, Londres n'est qu'à 2h30 de Paris avec l'Eurostar. Traverser la Manche n'est donc absolument pas la mer à boire, même s'il faut y mettre le prix. Mais l'occasion était trop belle avec cet Armageddon Fest! Pour ma part, je ne me suis rendu dans la moiteur du Relentless Garage que le samedi. Pour un report détaillé du vendredi, il vous faudra boire un coup avec notre zozo hélas trop débordé à quelques jours du Hellfest pour compléter ma prose.



A deux pas de la station de métro Highbury & Islington, la salle accueille déjà pas mal de monde à notre arrivée. Hormis les membres des groupes, tous les entrants sont payants et l'affluence donne déjà une bonne idée du remplissage du fest. Les Anglais et quelques étrangers se sont déplacés principalement pour Watain et Von, pour une soirée que chacun espère inoubliable. La veste à patchs a clairement ré-envahi le milieu metal londonien, ce qui offre un peu de lecture et autre décryptage pendant les changements de plateaux.



Pour diverses raisons (dont une alimentaire, et également le retard de la veille qui a vu démarrer les concerts à partir de 19h), notre petite bande débarque le samedi bien après les 17h affichées. Mal nous en a pris car nous ne verrons du set de NECRO RITUAL que leur reprise de Mayhem. Trop peu pour se faire un avis sur le groupe grimé. Mais ma plus grande déception est de ne pas savoir si SACRILEGIOUS IMPALEMENT avait ramené un rondin de bois sur scène. Et accessoirement, j'aurais bien voulu les voir. Tant pis, mais il ne reste déjà que quatre groupes.



Pas trop le temps de se morfondre que les Polonais d'AZARATH envahissent la scène. Le bassiste/hurleur, Necrosodom, est impressionnant physiquement, couvert de sang, avec sa carrure de gladiateur et ses chaînes qui s'entrecroisent sur la poitrine. Comme on s'y attendait, Azarath ne va pas faire dans la dentelle et enchaîne les crachats à la face du Christ (ce qui devient presque un acte politique en Pologne, vu les derniers ennuis judiciaires de Behemoth et Hate). Avec un son gonflé aux hormones, le quartet va perdre la lisibilité de ses riffs tarabiscotés, noyés par les fréquences basses. Qu'importe, le rendu est tellement écrasant qu'Azarath va donner l'impression de passer le motoculteur sur notre cuir chevelu pendant 40 minutes. Les passages les plus bourrins en deviennent presque lancinants, laissant flotter une mélodie générale assez hypnotique. Si la technicité des titres ne permet pas un réel jeu de scène, le headbanging des guitaristes et la grosse présence de Necrosodom à la basse et au chant m'auront convaincu. Azarath a pilonné ses titres, dont le rythme effréné n'était perturbé que par les temps de pause entre les titres un peu longs à mon goût. Les Polonais repartent conquérants, sous les hurlements des Anglais qui aiment manifestement se faire piétiner la gueule aussi sauvagement. Et ils ont raison, les bougres.



Viennent ensuite les trublions de l'affiche, en la personne de THE DEVIL'S BLOOD. Ce groupe me pose un souci existentiel (et m'en posera encore un au Party San): jusqu'à quel point une formation peut-elle être associée au black metal sans en être musicalement? Les thématiques de The Devil's Blood sont identiques à beaucoup de formations extrêmes. Mais la musique conduite par les trois guitaristes et le chant clair féminin rituel renvoie complètement aux préceptes musicaux des années 70. Le côté aérien de leur musique fort bien fichue m'empêche de les comparer avec les errements electro de LaVey, mais ils me semblent aussi éloignés du metal que lui. Zozo vous vantera bien mieux que moi les mérites de la formation, mais, malgré mon désintérêt le plus profond, il faut reconnaître que c'était un show musicalement maîtrisé. Même si les chuchotements très forts de la moitié du public totalement désintéressée ont couvert les passages les plus épurés, The Devil's Blood est parvenu à proposer une version vibrante des titres de son dernier album. La mise en scène est plus décevante, avec des cordistes couverts de sang qui headbanguent et une chanteuse qui fait ses exercices de taïchi au niveau des bras. Pas grand-chose à regarder (hormis un décolleté) mais beaucoup à entendre... pour ceux qui apprécient ce groupe adoubé récemment par ses contacts dans le milieu extrême et qui paraissait un peu incongru sur une affiche coincé entre Azarath et Watain.



La pièce montée, au sens alimentaire aussi bien que théâtral, arrive bientôt. Le décor se met en place. Le backdrop couvre tout le fond de scène (recouvrant celui de Necro Ritual qui a été visible depuis leur passage). Deux grandes tentures représentant le loup stylisé et le trident sont pendues de part et d'autre. Deux croix inversées très Dissection-nesques sont placées au devant de la scène. Des bougies rouges sont allumées un peu partout. Tout est en place, la grande messe peut commencer sous des lights tirant vers le rouge. Niveau visuel, WATAIN ne diffère pas de ses habituelles tenues (vous pensiez qu'ils allaient en changer?). Il manquait seulement les animaux morts cette fois, mais le groupe avait mis son déo Axe Putréfaction. Les Suédois vont dérouler un show intense pendant une heure qui aura semblé bien courte. La dernière setlist de tournée est allongée de trois nouveaux titres. "Sworn to the Dark" étant rapidement évacué dès le début du concert, votre serviteur a pu conserver sa gaule intacte tout du long du concert. Les nouveaux titres sur scène envoient carrément le pâté, avec une mention spéciale pour "Wolves Curse" que je trouve déjà ultime sur album mais qui prend en live toute sa dimension. Côté son, les guitares auront un peu manqué sur le début, laissant beaucoup de place aux vocaux. Mais le volume sonore très raisonnable nous aura permis d'ôter les bouchons pour mieux profiter du spectacle et tout percevoir. La formation est impeccable scéniquement, headbanguant à l'unisson pendant qu'Erik se confronte au public. Bref, un très bon show qui promet beaucoup pour les festoches de l'été et les concerts de la rentrée.



Si Watain a clairement fait le plein, la salle ne se vide pas pour autant après leur passage. Non, car c'est la légende VON qui va maintenant fouler les planches. Une légende qui aura notamment participé à faire déplacer un Américain en Angleterre pour voir ce concert. Même si cette apparition unique et exceptionnelle s'est vu doublée d'une seconde prestation au Hole in the Sky deux mois plus tard, l'attente est énorme. On espère un show primitif et sauvage, ouvrant une porte vers les Enfers. Bon, ça c'est la théorie. Avoir croisé au merch le leader de la formation pouvait déjà refroidir quelques ardeurs. Von Cactus (hi hi) ressemble plus à un laveur de vitres chicano qu'au hurleur d'un monument musical US. Et le reste de la formation semblait en tout cas bien jeune pour avoir exécuté Satanic Blood à l'époque des faits. Von entre en scène dans le plus simple appareil, t-shirts noirs et l'air pas content. Von Cactus arbore pour sa part un marcel vert olive (sic) aussi seyant que surprenant. Pas d'artefact, pas de mise en scène, rien. La qualité du set qui va s'ensuivre est du niveau "premier concert d'un groupe de collège, redoublement recommandé". Horrible est le seul mot qui me vient à l'esprit. J'ai déjà vu pire dans l'underground parisien, avec des groupes débutant totalement. Mais pour une tête d'affiche, c'était la quatrième dimension. Von Cactus assure le chant correctement. Pour le reste, l'unique riff qui tourne de leur compo primitive est joué tellement mal que le public ne reconnaît pas les morceaux. Les pains sont tellement nombreux que le second guitariste va terminer le set planqué sur le côté de la scène et tourné vers ses copains. Von Cactus est obligé à chaque fin de titre, après 40 répétitions du même riff, de se tourner vers le batteur pour lui dire quand terminer le titre... ce qui ne sera jamais fait correctement une seule fois. Comme si le groupe livrait en live sa première répétition, Von est complètement à côté de ses morceaux (et c'est pourtant pas du prog!). Une catastrophe tellement énorme qu'un fan gigantesque à côté de nous, arborant une patch Von lui couvrant tout le dos, hurle "You suck" en continu. Nous le reverrons plus tard pendant notre repas gras d'après-concert et il nous confiera que c'était horrible, "Encore plus triste que si ma mère était morte. Et pourtant j'aime ma mère. Je vais découper le patch de Von et le brûler. Je ne veux plus porter ça." En débarquant sans aucune préparation et sans aucune mise en place (le trac n'excuse pas tout), Von vient de tuer son aura légendaire devant le public présent. A l'heure d'internet, cela peut coûter cher, surtout si on remet ça dans la patrie du black deux mois plus tard. Et honnêtement, je ne vois quel remaniement de line-up peut sauver ce naufrage, hormis un suicide collectif.



Alternant rires et joies, ce court fest londonien s'avère tout de même positif pour moi. L'ambiance anglaise est définitivement sympathique, même si je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'ont hurlé les deux videurs. Mais comme dit Zoltar, un gars un peu "spécial", "s'ils gueulent, c'est pas bon". Et pourtant Watain a gueulé et c'était vachement bon. Ne les ratez pas en festoche, même si rien ne vaut une salle obscure pour les apprécier au mieux.


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