- UNITED SICKNESS FESTIVAL par TONTON - 2214 lectures
le 23 février - La Laiterie - Strasbourg



Quoi de plus logique de faire le déplacement pour venir saluer une naissance, celle du United Sickness Festival, digne rejeton du défunt Soul Grinding fest, fameux festival bruitiste et pourvoyeur d'acouphènes pendant sept années. Mais si le Soul Grinding n'existe plus, sa succession semble désormais assurée puisque l'asso Grind Your Soul, nous avait concocté pour ce mois de février un festival réunissant docteurs et bouchers sur un même plateau. Le résiné promettait de couler à flot et d'éclabousser les premiers rangs d'esquilles d'os, de matière grise et de décibels.



C'est au final quelques 300 personnes qui auront fait le déplacement mais les rangs de l'assistance sont encore particulièrement épars lorsque BRUTANAL achève son set que j'ai bien entendu raté. Déjà que j'ai des difficultés chroniques pour arriver à l'heure à des concerts se passant au bout de ma rue, comment voulez-vous que je fasse mieux quand ça se déroule à 500 bornes de la maison. Résultat, j'ai entendu les trois dernières notes d'un set de death/grind fessu, comme son nom l'indique, ayant la particularité d'accueillir le chanteur de SUFFEREIGN. Je me garderai bien de porter un quelconque jugement vu mon impardonnable absentéisme mais il semblerait bien que le groupe ait parfaitement rempli son office de chauffeur de salle.



Les choses prennent une tournure différente pour le groupe suivant NAKED SCARECROW, formation médicale strasbourgeoise d'expérience. Même si les zicos, à l'exception de leur chanteur et de leur « Golum » recroquevillé sur ses samples, abordent de clinquantes tenues d'hôpital, l'anesthésie locale n'est pas de mise pour le public car NAKED SCARECROW proposera un véritable show plus marquant par sa mise en scène que par sa musique un rien bordélique. On retiendra surtout « Golum » alias zNo, la créature affublée de bandage se déplaçant comme un primate, les jolies rayures du pyjama de Florent, chanteur exhibitionniste dans un état second et bien entendu la charmante infirmière qui assurera le suivi médical des patients présents sur scène tout en distribuant des bières fraîches aux premiers rangs. En fait, il se passe tellement de chose sur scène qu'on ne fait pas trop attention à ce qui s'y joue. NAKED SCARECROW joue la carte du délire jusqu'au bout avec un final sodomite simulé et totalement hors norme. Un groupe à prendre au Xième degré, bien sympathique. Faudra quand même que j'écoute leur album…



Ça s'impatiente un peu au niveau de l'orga lorsque ces derniers constatent que le groupe suivant n'est pas encore dans les murs. Fort heureusement, c'est à ce moment précis que DESTRUCTIVE EXPLOSION OF ANAL GARLAND (rien à voir avec Judy Garland), les premiers Tchèques de la journée, arrive sur les lieux. En deux temps trois mouvements, le groupe s'installe sur la vaste scène de la Laiterie pour attaquer un set de grind animalier sans fioritures. Le chanteur exploite tout son répertoire de cris porcins dans un panel de grouiiiks monstrueux tandis que ses petits camarades défouraillent sévèrement. Pourtant, il ne se passe pas grand-chose sur scène. Le quatuor donne vaguement le sentiment de s'emmerder ferme et il faudra toute la véhémence du public squattant joyeusement la scène de D.E.O.A.G. pour conférer à la grosse demi-heure qui suit un véritable intérêt. Dommage, je m'attendais à mieux sur le plan scénique.



On passe aux choses sérieuses avec le groupe teuton qui suit, SATAN's REVENGE ON MANKIND. Le nom est tout un programme mais leur show l'est également. Je ne sais pas si vous vous souvenez de « Hostel » ce film gratuitement gore produit par Tarentino qui nous contait les frasques de quelques détraqués dans leur club de travaux manuels. Imaginez maintenant que les vilains protagonistes de cette série Z, laissent tomber leurs machettes et autres armes blanches pour s'emparer d'instruments moins tranchants mais tout aussi destructeurs. Hé bien ça vous donne une idée du spectacle offert par SATAN's REVENGE ON MANKIND. Tabliers de cuir maculés, cagoule et masques chirurgicaux sont de sortie pour accompagner un grind biliaire (entendez par là, proche de BILE) lourd, replet et dodelinant, affublé de voix d'outre-tombe pitchées. On tient là probablement LA révélation du jour et le public ne s'y trompe pas vu l'accueil qui leur sera réserver. Cobra aurait adoré…



On revient au chirurgical avec l'enchaînement sur les Parisiens de PSORIASIS, groupe dermatologiquement ravagé et vêtu comme à leur habitude de leurs jolis uniformes décorés à grands coups d'artères sectionnées. Là, pas de surprises car les Franciliens sont rompus à l'art de la scène et si le pit roupille sur les deux premiers titres, les esprits s'échauffent rapidement pour distribuer des gnons à la ronde dans un désordre total. On ne va pas revenir sur le death grind « carcassien » de PSORIASIS qui est toujours à son avantage lorsqu'il est transposé en live, pas plus qu'on confortera leur chanteur-guitariste dans son statut de frontman charismatique. Le public revient bientôt squatter les planches et deux donzelles peu pudiques du jarret auront même tendance à jouer les prolongations de façon navrantes.
Il reste plus à PSORIASIS qu'à transposer leur frénésie live sur disque pour que le groupe fasse parler de lui dans des proportions nettement plus vastes. Après tout, ça ne serait que justice.



Deuxième et dernier groupe tchèque de la soirée et pas des moindres avec JIG-AI, l'un des fleurons de Bizarre Leprous, le label ayant d'ailleurs fait le déplacement pour l'occasion. A priori, rien ne semble annoncer la barbarie du set qui suit lorsque le trio pose ses galoches sur la scène de la Laiterie, pourtant JIG-AI fait partie de ces groupes qui foutent le feu, qui vous chatouillent aussi irrésistiblement qu'un scorpion dans le caleçon. Les Tchèques vont donc nous défourailler un set de grind furieux à défoncer les caboches. Dire que le groupe est taillé pour la scène est un euphémisme. Bien qu'il ne se compose que de trois membres qui ne se prennent pas franchement au sérieux à en croire leur concours de grimaces, JIG-AI occupe la scène de façon magistrale et ça devient rapidement le merdier dans le public chauffé à blanc. Un stage diver finira d'ailleurs sa course par une rencontre très percutante avec le béton qui lui occasionnera dix points de suture en façade et deux poignets cassés. De quoi rendre obligatoire l'éthylotest avant tout stage diving. Fort heureusement ça ne nous a pas gâché le set le plus dynamique du jour. Nous sommes désormais nombreux à être impatients de les revoir les bougres.



On termine en apothéose avec les zicos les plus affûtés du gore grind, les saigneurs du médico-légal, les pathologistes les plus zélés d'Espagne ; j'ai nommé HAEMORRHAGE. Comme à son habitude Lugubrious déboule sur scène de sa démarche chancelante, couvert de raisiné qu'on espère factice. Tandis que ses comparses dans leurs uniformes chirurgicaux
s'activent stoïquement sur leurs instruments superbement customisés d'artworks typiquement « hémorragiques », le frontman le plus déjanté du jour nous délivre son menu habituel : dégustations de membres fraîchement détachés de leurs propriétaires, délice de cervelet mariné au formol et un cœur en plastique en guise de dessert. Difficile de rester impassible devant les regards exorbités, les grimaces, les danses dégénérées et l'accent à couper à la scie sauteuse de Lugubrious. Ça slamme dans tous les sens, le pit devient incontrôlable et le chanteur d'INHUMATE nous gratifie de quelques figures libres de stage diving acrobatique. Inutile de préciser qu'HAEMORRHAGE et son humour au second degré va conclure cette journée de façon exemplaire et laissera le public repartir la tête encore pleine de superlatifs admiratifs.




Au final le premier épisode du U.S.F. se soldera par une réussite qui aura attiré des spectateurs venus d'Allemagne, d'Autriche mais également d'Espagne, d'Angleterre et de Suisse. Les absents s'en mordront probablement les couilles d'avoir raté ça mais quelques-uns pourront toujours se consoler en chopant les derniers t-shirts du festival.
Je ne suis pas persuadé que l'organisation sera rentrée dans ses frais mais il faut saluer la détermination et le dévouement avec lesquels, Grind youri soûl, la branche associative d'INHUMATE, fait bouger l'underground en Alsace depuis maintenant pas mal d'années. On leur souhaite donc une excellente continuation et surtout de rester « SICK AND PROUD » pendant encore longtemps.
Total Support !!!



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