Au vu de la vague d'enthousiasme qu'il a soulevé lors de sa reformation en 2010, Kyuss est aujourd'hui un groupe reconnu, respecté et intouchable, unanimement salué comme les parrains du Stoner Rock. Du propre aveu de John Garcia, chanteur du groupe, ce succès total est pour lui une véritable revanche sur la malédiction qui n'a cessé de le poursuivre pendant la première partie de sa carrière, tout ses groupes splittant avant de passer à l'étape supérieure.

En 1996, Kyuss enregistre trois derniers morceaux avant de mettre fin à l'aventure. De manière très symbolique, comme un passage de témoin, ces morceaux (dont une reprise de Black Sabbath, Into The Void) sortiront sur un split avec... Queens Of The Stone Age, à l'époque projet solo de Josh Homme (qui a dit « c'est toujours le cas »?) qui deviendra l'énorme machine que même ta grand mère connaît ! (d'ailleurs, elle adore le dernier album).
Dans la foulée du split de Kyuss, John Garcia fonde l'éphémère Slo Burn, qui sortira un unique Ep (Amusing The Amazing) avant de se séparer en 97.
Autant vous dire qu'à ce stade de sa carrière, John Garcia commence à avoir sévèrement les glandes de voir tous les groupes dans lesquels il s'implique partir systématiquement en vrille !

Bien décidé à ne pas se laisser abattre, il s'entoure de Arthur Seay (guitare), Miguel Cancino (batterie) et Dave Dinsmore (basse) pour former Unida.
Après un split avec les suédois de Dozer, les quatre californiens frappent très fort avec un premier album absolument parfait.
Composé de huit titres et d'autant de tubes, Coping With The Urban Coyote est la quintessence du style que John Garcia à contribuer à créer : du pur Desert Rock, puissant et racé.
Bien sûr, il est difficile voire impossible de ne pas penser à Kyuss : la voix de Garcia et le son ultra lourd des guitares évoquant fatalement l'ancien groupe du chanteur.
Mais ne voir en Unida qu'un simple clone de Kyuss serait ici parfaitement réducteur : Le côté psychédélique qu'avait développé Kyuss est ici beaucoup plus discret, voire absent sur la majorité des titres, les structures des morceaux sont plus classiques, le feeling et le jeu sont bien plus rock que métal, les mélodies de chant plus évidentes.

L'album démarre en trombe : Porté par un riff d'une simplicité désarmante, une basse puissante et bien mise en avant dans le mix, une frappe de batterie sèche et droite et une ligne de chant parfaite, Thorn est un titre qui ne sortira plus JAMAIS de votre crâne ! Vous voilà prévenu !
Si on enlève le son caractéristique des guitares, Thorn est un pur morceau de Hard Rock qu'on auarit pu retrouver sur Electric de The Cult. John Garcia n'a jamais caché son admiration pour The Cult et le chant de Ian Astbury ; libéré de Kyuss, il laisse libre court à cette influence.
Beaucoup plus proche de Kyuss, Black Woman est un autre grand moment du disque : démarrant de façon bien teigneuse, quasi Punk, avant de retrouver ce groove vénéneux propre au Stoner. La voix de Garcia, les roulements telluriques de la batterie, le solo bien sauvage pour conclure... tout ici est absolument parfait.
Du groove, encore et toujours du groove sur Plastic. Ici c'est cette basse ronde, chaleureuse et gorgé de Fuzz qui fait tout le sel du morceau.
Sur Human Tornado, c'est AC/DC qui est convoqué dans le désert californien ! ce mid tempo puissant et ultra carré, ce riff simple mais d'une efficacité redoutable... coupez la disto et vous y êtes !
Sur If Only Two, John Garcia est grandiose : sur un riff lourd et monolithique, sa voix légèrement saturé et au bord de la rupture colle la chair de poule.
Nervous, comme à la grande époque de Kyuss, cherche la transe et l'hypnose : sur un thème volontairement répétitif, la guitare et la basse s'en donne à cœur joie en parsemant le riff de petits gimmicks mélodiques très brefs... le morceau avance lentement avant d'exploser dans la dernière partie : Magique !
Plus court morceau de l'album, Dwarf It, contrairement aux titres précédents recherche la puissance immédiate...
On termine sur You Wish, grosse pièce psychédélique gorgée de fuzz, d'échos et d'effets divers. Pour peux qu'on accepte de se laisser embarquer, on passe 10 mn absolument superbe ! Très marqué par le Space Rock d'Hawkwind ou par extension, certains des morceaux les plus barrés de Monster Magnet... You Wish est un titre fascinant.

A la sortie de l'album, les critiques sont élogieuses, les concerts se passent à merveille et l'entente au sein du groupe est parfaite.
Scott Reeder, le génial bassiste de Kyuss les rejoint pour enregistrer leur second album qui doit sortir en 2001 chez American, le label de Rick Rubin.
Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des monde jusqu'à ce que le personnel du label ne change à la suite de la vente de Rubin à Sony, BMG ou je ne sais quel autre ramassis de connards.
Les crédits pour Unida sont coupés et le groupe dégagé du label : ce second album nommé For The Working Man ne sortira jamais !
Pour son label , Unida n'était pas économiquement viable ! Quel monde merveilleux !

Ce fut la goutte d'eau pour John Garcia qui splitta le groupe, trouva un « vrai » travail et parti vivre dans le désert avec femme et enfant...
Dégoûté à raison du business musical, il formera Hermano pour continuer à jouer un minimum, mais sans aucune prétention d'en vivre !

Tu m'étonnes !

Album en écoute intégrale: https://www.youtube.com/watch?v=0eeVU256e4U


Rédigé par : DaleNixon | 1999 | Nb de lectures : 1843