A la fin des années 90, Overcome Records avait pris l'excellente initiative d'envoyer, pour chaque commande, un cd sampler présentant les groupes du label (ou qu'il distribuait).
Au menu de ces compils : Hardcore Old School, Metalcore, Deathcore, Post Hardcore, un peu de Punk Rock... majoritairement des jeunes formations issu de la scène HxC européenne qu'Overcome souhaitait mettre en avant.
C'est à l'écoute d'une de ces compil que je découvris Nostromo, via le titre Selfish Blues qui, au milieu des autres groupes, faisait figure d'OVNI total ! Le son, la technique de jeu et la mise en place rythmique de ce titre, peu influencé par le Hardcore, faisait sortir ce groupe du lot. Ce titre m'incita à commander leur premier album, Argue, qui confirma ma première impression : Nostromo est un groupe singulier !

Nostromo s'est formé en 1996 à Genève, autour de Javier (chanteur de Skadillac, improbable groupe fusionnant le Ska et le Hardcore-Metal!), Jéjé (actuel guitariste des Grindcoreux de Mumakil) au jeu plus Thrash que Hardcore, Taverne (putain le surnom!) puis plus tard, Lad à la basse et Maik, batteur monstrueux à la technique irréprochable.
Bien qu'Argue, leur premier album sorti en 1998, soit excellent, c'est sur leur deuxième enregistrement, le maxi Eyesore, bien plus abouti en terme de production et de composition que Nostromo affirmera son style, qu'on peux décrire comme un mélange de Hardcore, de Grind et de Mathcore ! Nostromo, c'est la rencontre de la furie Grind de Napalm Death, la précision guitaristique chirurgicale de Coroner et la complexité rythmique de Meshuggah, mais sans jamais perdre de vue l'efficacité héritée de leurs influences Hardcore. Alléchant, non?

Sur Epitomize Nostromo nous rentre dans le lard dès les premières secondes : Grindcore à donf, blastbeat, hurlements, riff labellisé Napalm Death période Scum puis riffs syncopés, contretemps, double pédale calquée sur la gratte... 1mn57 de furie!
Avoid The Truth commence plus posément: basse saturée et rythme syncopé avant de se faire hacher menu quand la guitare et le chant rentrent dans la danse. Alambiquée et épileptique, Avoid the Truth part dans tous les sens mais retombe à chaque fois sur ses pattes. Le batteur y est exceptionnel, frappant sa caisse claire quand on s'y attend le moins, maîtrisant la charleston comme un batteur de Jazz.
Puis viens Collapse, le tube de l'album, débutant sur un riff thrash précis et chirurgical explosant brutalement en mode Grindcore avant qu'un passage plus mélodique et bruitiste (une autre spécialité du groupe ! Très Voivod dans l'esprit!) ne vienne casser nos certitudes : Nostromo sait gérer sa furie, installer des ambiances et faire monter la sauce.
Twist The Knife est une reprise de Napalm Death extraite du mésestimé Fear, Emptiness, Despair. L'hommage parfait de l'elève à son maître : fidèle à l'originale tout en portant la griffe du groupe! Sur cette cover nos p'tits suisses démoulent... (c'était plus fort que moi ! Désolé !).
On termine par une version live de Lost Inside, titre déjà présent sur Argue et on s'incline devant la capacité du groupe à reproduire sur scène des morceaux si complexes et tordus (car c'est bien beau de se gratter la tête en studio pour pondre des structures de malades mentaux, encore faut-il les reproduire sur scène!), chapeau bas !
Et comme il faut bien déconner un poil, l'album se termine par une version A Capella de Twist The Knife où on entend ces bougres d'ânes chanter les parties instrumentales du morceau !!! Débile mais vraiment marrant ! (et peut être pas si simple que ça!).

Suivrons Ecce Lex en 2002, plus complexe et moins immédiat, puis Hysteron-Proteron en 2004 où le groupe reprendra quelques uns de ses morceaux en acoustique ! Nostromo splittera en 2005.

Collapse: https://www.youtube.com/watch?v=K2_NQuka4VA


Rédigé par : DaleNixon | 2000 | Nb de lectures : 2475