C'est la cliqua pleymo pour foutre le yallah !

Vous vous souvenez peut être de cette improbable entrée en matière de Kemar sur le premier album de PLEYMO "Keçkispasse ?". Sur un beat techno/electro/boumboum, PLEYMO mettait sur orbite "BLÖHM", chanson hyper représentative de ce que pouvait être le French core en 1999 et qui aidera le groupe à vendre pas loin de 10.000 copies de cette première offrande. Plutôt pas mal pour un premier album d'un groupe "émergent".
Mais si PLEYMO avait indiscutablement du monde derrière lui, ils ont rapidement fait connaissance avec toute une frange plus dure de la communauté métal... qui les appréciait un peu moins.
Car si il y a bien un groupe de Néo Français qui s'est fait démonter de tout les cotés au cours de sa carrière c'est bien Pleymo. Il faut dire que si le style musical choisi par les Franciliens était déjà pour certains une provocation passible de jours de pilori, PLEYMO semblait prendre plaisir à toujours pousser plus loin le "vice" néo. Les lyrics WTF, les plans piqués à droite et à gauche, et "l'official" tenue Dc/veste de Jogging/Baggy XXXL n'auront pas aidés PLEYMO à se forger une image de musiciens très attachés aux hurlements décibeliques.
La question que je me pose aujourd'hui néanmoins c'est : "Est ce que la musique était si mauvaise que ça à l'époque du premier album ?" Après tout, on n'en était pas encore aux accoutrements multicolores et au rock plus tranquille du troisième album... alors quoi ? On va mettre des Que-Cla dans ton Soukarippaaa !

Si ce premier album avait un coté classique pour du néo, c'est au niveau du chant et de l'attitude qu'il fallait chercher ce qui faisait la singularité de PLEYMO... ce petit quelque chose qui a fait que le groupe a plu ou a été détesté. Ce n'était en effet pas la première fois qu'un flow hip hop Français faisait son apparition sur un disque de Néo mais c'était peut être une des première fois que le coté Débilo/racaille était aussi assumé. Avec un lexique et un vocabulaire directement hérité des groupes de Hip Hop Français (en vrac NTM, ARSENIC, MINISTERE AMER, La Cliqua...) Kemar rappait en proposant la version Néo des Banlieues Parisiennes, emportant avec lui tout un univers un peu fantasmagorique du métaleux du nouveau millénaire mi racaille, mi Ibanez 7 cordes. Mais mêlé dans cette espèce d'insouciance juvénile où le groupe semblait à fond dans le trip "Nowhere Represent" et Nû Metal, cela collait plutôt pas mal et fonctionnait plutôt bien.
Pas vraiment héritiers des paroles contestataires du Punk (où les groupes plus Fusion comme LOFOFORA continuaient une certaine tradition alternative Française) PLEYMO rappait tout et surtout n'importe quoi dans un fatras lyrical bordélique au possible où il fallait se lever de bonne heure pour bien comprendre ce qui se racontait. Le Ke-mar se permettait d'enchainer le Français à l'Anglais... parfois dans les mêmes phrases, ce qui donnait un petit coté Franchouillard/Branleur je m'en foutiste et qui ne laissait pas froid au vu des réaction épidermiques qu'on pouvait éprouver en écoutant. Des Milliards de liasses pour la Famillia clamaient ils avec ENHANCER dans "Millésime Team"... une époque différente de celle des Bérus, c'est sur.
Et c'est certainement ça qui a fait que PLEYMO a fonctionné auprès d'un certain public, rapprochant des univers peu habitués à cohabiter ensemble et assumant (un temps du moins) ce style remuant et énergique.

N'oublions pas cependant que si PLEYMO a su singulariser son approche du néo, il en aussi emprunté certains codes en se collant de manière très scolaire à ce qui faisait de l'autre coté de l'Atlantique. On trouve bien sur quelques plans bien sympa (notamment à la Basse où le Benoit Julliard montrait d'une belle technique et d'un bon groove) mais les similitudes avec BIZKIT, KORN, DEFTONES, COAL CHAMBER se multipliaient... Rien de vraiment méchant, mais les plans "A la manière de..." les aidaient autant à se faire identifier par le jeune public Néo et ainsi cimenter dans certains clichés inhérent au style les chansons de ce "Keçkispasse ?".
Simples mais efficaces, les riffs avaient pour but de faire bouger le Dancefloor et du coup ne s'encombraient pas de fioritures, ni d'écarts trop agressifs (ce n'est pas pour autant que c'était mauvais ou mal joué). Du coup, la dynamique et l'énergie (principales forces du groupe) fonctionnaient sur la plupart des titres de ce premier album qui s'écoutait plutôt bien avec sa cohérence qui ronronnait un peu au 3/4 de l'album... mais qui réussissait son pari initial.
Évidement, les failles apparaissant déjà à l'époque sur ce premier album, "Keçkispasse ?" a aujourd'hui pris un sérieux quignon. Symptomatique d'une époque où les styles de metal à succès fonctionnaient par vagues (à l’inverse d'aujourd'hui où les dites vagues se succèdent de manière moins manifestes) "Keçkispasse ?" garde pour lui sa pochette délirante et une certaine insouciance juvénile.
Ce premier album sera au final certainement le plus sobre de toute la discographie de PLEYMO. Avant les expérimentations multicolores du deuxième album et le format largement plus soft du dernier, PLEYMO aura à l'époque réussit son coup en gravissant vite les marches du succès, installant ainsi le Playmobil à la proue d'un French Néo à l'époque bondissant.




Rédigé par : Pamalach | 1999 | Nb de lectures : 2307