Si vous avez écouté de la fusion au milieu des années 90, il est impossible que vous ne vous rappeliez pas de BOO-YAA T.R.I.B.E. Connus par beaucoup grâce a la B.O de "Judgement Night" et au fabuleux "Another Body Murdered" interprété avec FAITH NO MORE, BOO-YAA T.R.I.B.E a marqué les esprits des metal heads grâce à leur excellent album "Angry Samoans"... et à leurs mines de gangstas authentiquement patibulaires.
A la base constitué de 6 frères fils d'un pasteur baptiste, les solides gaillards de Carson en Californie ont grandi dans un quartier particulièrement violent et difficile. Face à la dureté de la rue, les garçons ont rapidement sombré dans la délinquance avec le trafic de drogue et de flingues, jusqu’à rejoindre 2 gangs proches des Bloods, les "West Side Piru" et les "Samoan warriors bounty Hunters". Pas "Gangsta" uniquement pour le fun, le grand frère de la famille Ted "The Godfather" Devoux purgera même une peine de 10 d'ans d'emprisonnement pour meurtre... cela donne une idée du genre de bonhomme que pouvaient être les frérots dans leurs manières de gérer leurs "affaires".
Malheureusement, Robert Devoux, un des frères de la famille, termina jeune sa vie de bandit en périssant sous les balles lors d'une fusillade. Profondément marqués, les autres frères ont décidé de s'éloigner de cette vie en déménageant pendant quelques années chez un cousin de la famille vivant au Japon. C'est la bas que le possee goutera à la scène et décidera de revenir aux États Unis pour se lancer dans le hip-hop (Bien que dans plusieurs interview, les lascars affirmaient n'avoir jamais quitté leur gangs respectifs).
Le groupe débute donc sa carrière en 1988 en proposant dés le départ un hip-hop très fortement teinté de musique Funk et faisant majoritairement références à leurs expériences Gangsta. Dès le départ également, le groupe affirme une attirance vers les vrais instruments et le rock/metal jusqu’à leur légendaire featuring avec FNM qui les motivera à creuser la question Rap/metal sur DOOMSDAY et bien entendu sur "Angry Samoans" en 1998. Dernier "détail" enfin, en mixant les codes vestimentaires des gangs (Bandanas, grosses voitures, lunettes de soleil) à leurs cheveux nattés, leurs ensemble treillis/marcels et leurs tatouages, BOO-YA T.R.I.B.E devançait de plusieurs années toutes une joyeuse bandes de rappeurs suiveurs qui leur emprunteront plus tard ce look pas si communs que ça à l'époque dans le hip-hop.

Alors évidement, à la sortie de cet album en 1998, la fusion entre le metal et le hip-hop n'avait plus de rien de novateur et avait même un sacré bout de plomb dans l'aile.
Les featuring des "vrais" M.C dans les chansons des groupes de metal commençaient à s’amonceler, et plusieurs groupes de Hip-Hop notoires (comme par exemple CYPRESS HILL) franchissaient les barrières des discographies des Metalleux pour venir leur donner un petit gout de "Street" et/ou de Ganja. C'est peut-être cette arrivée tardive qui ne profitera pas à la carrière de BOO-YAA T.R.I.B.E car malgré des prestations musicales énergiques et une images très forte, le groupe ne décollera jamais autant que d'autres groupes... malheureusement pour certains largement moins talentueux, que cela soit en fusion ou en Hip-hop "pur".
Car il y a dans cet "Angry Samoans" des ambiances et des atmosphères qui sont vraiment rares dans les disques de Rap/metal. Très funky dans le propos (et à des moments carrément soul), la violence des riffs est toujours tempérée par un son assez typé 70's où la distorsion reste claquante et peu tranchante. On trouve cependant quelques passages assez musclés et quelques riffs bien metal, mélangeant sans gène les harmoniques forcées aux palm mutting parpaings.
Toute la musique écrite dans ce "Angry Samoans" a été composée par Paul Devoux (alias Ganxsta Rid) et le solide bassiste Danny Devoux (Alias Monsta O). Tout 2 musiciens, ils se sont fait accompagner par un groupe additionnel qui a interprété les morceaux sur le disque. Du coup, même si les influences musicales des compositeurs sont largement perceptibles (On pense beaucoup à Rage Against the Machine et Body count pour les instrus) il y a une vraie cohérence musicale entre les morceaux, preuve que BOO-YAA T.R.I.B.E était un groupe qui avait des trucs à dire.

On trouve un petit peu de tout sur cet album. Des rythmes punks, un riff d'intro faisant furieusement penser au "Tostaky" de Noir Désir, de la distorsion, du Reggae, du Free Jazz, du gros funk qui fume et du metal de balourd. Bref c'est la fête au cholestérol, et si tous ces ingrédients déconseillés pour la santé ont été réchauffé dans une grosse marmite Samoans, on peut pas dire, à mon avis, que la mixture soit loupée.
De toute évidence joués sur une Fender, les riffs font quasiment tous référence aux 70's. On pense à Jimi Hendrix, au punk Américain ou aux R.H.C.P. Sur un morceau comme "Buried Alive", le riff est véritablement la colonne vertébrale du morceau, et plein de subtilité et de feeling, il pose une impeccable ambiance soul savamment assombrie par une ligne mélodique au synthétiseur rappelant ainsi qu'on a pas ici à faire à de joyeux drilles.
Les lyrics font en effet tous références aux expériences "Gangsta" des musiciens et sont pour certains assez violents. Guère étonnant quand on choisit de nommer son groupe BOO-YAA T.R.I.B.E, le "BOO-YAA" faisant référence au bruit que fait un fusil à pompe quand on le charge et le T.R.I.B.E voulant dire" Too Rough International Boo-yaa Empire".
Il serait mentir de dire que tous les morceaux sont d'une puissance équivalente. Les hits "Kill for the familly", "Buried alive" ou "Angry Samonans" sont dans le peloton de tête de ce possee de chansons sautillantes.
"Rap metal" mais pas néo pour un sou, il est amusant de retrouver tous les éléments musicaux "classiques" de cette époque qu'utilisaient les groupes fusion pour composer leurs chansons. Des harmoniques Sifflantes à l'accordage en open de ré et des petits arpèges mineurs aux grooves pachydermiques, beaucoup d'éléments stylistiques vu et revus sont à la fête ici !
Mais le gros point fort de cet album, c'est bien entendu les voix et le flow des M.C. Avec leurs voix énormes et leurs débits musclés, impossible de résister à la force de ces timbres qui font passer B-Real pour une fillette et Snoop Dog pour une tata des bas quartier. Je vous conseille donc vivement la reprise de "Jungle Boogie" (ici rebaptisé "Boogie Man") ou encore l'impitoyable "Kill for the family" qui avec son intro ascendante fait vraiment des merveilles.
Fortement aidé par plusieurs petits labels le groupe fera un passage à la télévision Française à NPA et marquera de manière durable tous ceux qui avaient vu ces musiciens tenant en main des instruments... qui en leurs mains énormes semblaient des jouets. Un album à (re) découvrir... BOO-YAA !

Ps : J'ai mis en extrait le duo avec Faith No More, histoire que ceux qui connaissent pas se fassent une petite idée...




Rédigé par : Pamalach | 1998 | Nb de lectures : 1781