SILENCER - Death - Pierce Me (Prophecy) - 21/12/2013 @ 23h32
Le célèbre sigle « Parental Advisory » aurait toute sa place au sein de cet album, en effet la première fois que je l'ai entendu je me suis dit : « Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? », et je pense que cette sensation a été identique pour de nombreux auditeurs. En effet dans le petit monde du « Depressive Suicidal Black Metal » oubliez tout ce que vous connaissiez, c'est à dire les premiers Shining, Xasthur ou Forgotten Tomb.

Ce disque est une expérience et une épreuve comme rarement cela a été fait auparavant, il a énormément divisé à sa sortie de par ce chant reconnaissable entre mille et qui a marqué ou fait rire, dans tous les cas il n'a pas laissé indifférent.

Le trio n'aura laissé que cet unique album avant de splitter peu après sa sortie, ce qui fût logique quand on sait que Nattramn (Mikael Nilsson pour l’état civil) le chanteur âgé à l’époque de 24 ans, a été interné en psychiatrie peu de temps après la sortie de ce disque. Celui-ci vivant les chansons plus intensément que Dead, Jacques Brel, Otis Redding et Ian Curtis réunis ... à chaque fois qu'il intervient il crie, suffoque, vomit, agonise, pleure ... on a toujours l'impression qu'il vit ses derniers instants de sa délirante existence.

La section rythmique n'est pas en reste avec Casado (ex Shining) à la guitare et à la basse qui donne un rendu proche de « III – Angst » et « IV - The Eerie Cold » de par une production extrêmement propre, claire et d'une froideur incroyable, les notes de guitare sont tranchantes comme une lame de rasoir, et l'on se sent proche de la folie, des piqures de médicaments et des prises de psychotropes au sein d'un asile de fous. A tout cela vous ajoutez une batterie de Steve Wolz (ex Bethlehem) très froide également, répétitive et hypnotique qui colle totalement à l'ambiance et le résultat est probablement l'album le plus déroutant de cette année 2001.

Le disque est terriblement addictif même si l'écouter d'une seule traite est particulièrement dur et laborieux, déjà il dure quasiment une heure, et d'autre part des pauses sont nécessaires pour ne pas sombrer dans un état similaire au psychotique vocaliste. En tout cas il n'est pas à mettre entre toutes les oreilles, car si un dépressif ou un suicidaire tombe dessus autant dire qu'il va franchir le pas ultime à son écoute. Ian Curtis s'est bien pendu après avoir écouté l'album « The idiot » d'Iggy Pop et regardé « La balade de Bruno » de Werner Herzog, alors vu l'aura maléfique qui entoure la galette des suédois, nul doute qu'il fera un carnage parmi ceux qui appellent « Détresse-Amitié ».

Ne pas se fier à l'introduction tout en acoustique et mélancolique du morceau éponyme car après 2 minutes et un premier cri hallucinatoire voilà un riff typiquement black-metal répétitif et trippant à mort avec ce cri déchirant où l'on pense avoir la réincarnation de Farinelli se faisant émasculer une nouvelle fois, et après 6 minutes l'orage se calme et un piano angoissant apparaît avant que la tempête ne reprenne de plus belle et que Nattramn rende les armes au bout des 10 minutes que dure cette première offrande.

« Sterile Nails and Thunderbowels » aux relents par moment très punk est complété d’une petite guitare froide et morbide, le tout enchaîné par une succession de riffs black-metal et des cris plus aigus les uns que les autres qu’ils en sont presque à vous filer des hauts de cœur.
« Taklamakan » où l’intro basse/batterie fait monter l’ambiance progressivement avant une longue explosion de riffs typiques mais efficaces durant plus de 8,30 minutes.

« The slow kill in the cold » qui pour moi est l’ultime pièce-maîtresse de cette expérience sonore et sensorielle, car outre l’introduction par un synthé glacial et angoissant l’on a droit ensuite à une montée du son de la guitare et de la batterie, qui au début sont très lointaines puis de plus en plus fortes, au début nous sommes sur un rythme lent où l’on entend les premières complaintes du sieur chanteur avant l’accélération et l’enchaînement des riffs tout en retenue, pour finir au bout 10 minutes par le même passage de synthé qui l’a ouvert.

« I shall lead, you shall follow » est certes moins inspiré que ses confrères mais il permet de reprendre un peu des esprits pour ne pas perdre le fil avant le coup de grâce l’instrumental « Feeble are you, sons of Sion » où là on entend simplement du piano, mais là encore quel son et quelle ambiance de mort ! A cheval entre Frédéric Chopin et le clavecin de Jean-Sébastien Bach il retranscrit une agréable et maladive angoisse digne des vieux films d’horreurs en noir et blanc qui termine en douceur cette expérience unique et dérangeante.

Un voyage au bout de l’enfer et de la nuit (sans lien avec le film de Michael Cimino et le roman de Louis-Ferdinand Céline, quoi que … ), de la folie, de la peur, de la démence et des ténèbres … qui est une véritable épreuve auditive je le répète mais paradoxalement comme toutes les expériences on a envie de la revivre à nouveau pour connaître ses limites, et découvrir ou retrouver certaines sensations cachées et qui ne demandent qu’à revivre.

Selon les goûts on aura eu au final un chef d'œuvre ultime pour ceux qui sont rentrés dedans, ou une vaste blague pour les autres ... dans tous les cas il ne laissera personne indifférent et c’est la marque des grands, en tout cas j’aime revivre cet étrange sentiment de temps en temps et pour moi il est tout simplement au panthéon du genre.


Rédigé par : GabinEastwood | 2001 | Nb de lectures : 2341


Auteur
Commentaire
Max
IP:78.241.159.40
Invité
Posté le: 21/12/2013 à 23h47 - (30333)
Le mec est toujours en vie? Je sais qu'il a fait Diagnose après...

Stefan
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 00h20 - (30334)
21/20... précurseur, meilleur, imbattable, addictif...



raziel
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 09h00 - (30335)
Album phare de la scène DS BM. Album culte, au sens plein du terme.

A ranger, pour la folie, aux côtés de certains Leviathan et du grand Bethlehem.



Ours
IP:78.250.136.112
Invité
Posté le: 22/12/2013 à 09h17 - (30336)
D'accord avec Stefan, un 21/20 largement mérité. C'est avec un album comme celui là que l'expression "expérience musicale" prend tout son sens,une écoute prolongée peut vraiment vous mettre dans des états... très particuliers ^^. En terme de black dépressif on a rarement voire jamais fait mieux depuis. D'ailleurs l'album porte bien son nom, un vrai souffle de mort parcoure cet album. Une belle et franche réussite.

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 11h41 - (30339)
Pas mal pour la musique, mais un peu de mal avec le chant (en fait, sans être nécessairement risible, il m'évoque plus celui d'une sorcière que d'un type dépressif... Mais bon, quand on en vient au côté émotif, ça reste toujours très subjectif).

RunForestRun
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 12h01 - (30340)
Difficile de se retenir de pouffer lors de la première écoute, en effet... Ces exclamations de sorcière s'affairant à côté d'une marmite bouillonnante peut passer pour parodique. Mais une fois cette barrière passée (pas évident pour tout le monde j'imagine), il se passe quelque chose de très très fort sur cet album.



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 22/12/2013 à 14h21 - (30343)
Album au delà de tout !! La 1ère fois que je l'ai écouté, le chant m'a fait mourir de rire. Je l'ai réecouté il y a de ça quelques semaines, chef d'oeuvre, comme quoi...
L'album comporte une face KILL et un face YOURSELF, tout un programme ! C'est un album qui se vit mais ne peut pas se décrire je pense.

Quant à Nattramn, il s'est fait interné dans un hopital psychiatrique à sa demande, s'en est échappé, a agressé 2 fillettes avec une hâche, a pris 2 ans pour ça et est resté enfermé 5 ans en tout.
Son projet Diagnose: lebensgefahr est en fait un travail thérapeutique. Il a eu accès à des instruments et a sorti cet album ( un extrait ici : youtube.com/watch?v=lP0D-6X-0r0&feature=related ).
Il a depuis sorti un bouquin "Pig's Heart" en 2011, un LP sous le nom de Mammoth et s'occupe d'un label : humanianimaliliberati.com/index.htm
Bref, il est pas mort comme on a pu le lire sur le net à un moment.




coussin-grogneur
IP:92.140.76.44
Invité
Posté le: 08/04/2015 à 02h34 - (31640)
CHEF D'OEUVRE DE DSBM INTEMPOREL.
SHINING multiplié par 1000 au niveau de l'intensité. A écouter d'urgence (âmes sensibles, s'abstenir !). UNE REFERENCE

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