STRAPPING YOUNG LAD reste, pour beaucoup, le groupe d’un chef d’œuvre du cyber metal, le monstrueux « City » (1997). Il est vrai qu’après avoir sorti une telle pépite de violence, doublé de talent, le groupe allaient avoir un peu de mal à surpasser, voir à faire aussi bien, que sa propre bombe. Surtout que depuis « City », STRAPPING YOUNG LAD n’avait pas trop fait parler de lui, exepté en sortant son premier album « live » en 1998 avec l’overdubé « Live In Australia : No Sleep 'till Bedtime ». En même temps, il faut bien reconnaître que le leader du groupe, Devin Townsend, était bien plus occupé à nous pondre des petits joyaux en solo. Mais après un « Ocean Machine », un « Infinity », un « Physicist », et un « Terria », le père Devin et ses compères, Jed Simon, Byron Stroud, et la pieuvre humaine Gene Hoglan, se sont remis au charbon pour enfin donner un petit frère au terrible « City ».

Beaucoup de fan attendaient cette sortie avec une impatience monstre. C’est vrai quoi, 6 ans qu’on n’avait rien eu de la part du combo, mis à part un SYL version light avec « Physicist », on n’espérait plus rien à la fin vu comment Townsend était occupé avec ses sorties en solitaire. Mais 2003 fit renaître la bête, et STRAPPING revint avec son album éponyme, son album rouge (sang). La question que beaucoup avaient sur le bout des lèvres était : comment allait sonner ce nouvel opus ? « City » avait été composé lorsque Townsend était particulièrement en colère, et l’ambiance, la violence, du disque s’en est imprégné directement, mais maintenant ? Townsend semblait beaucoup plus peace, plus en phase avec lui-même, moins énervé, moins féroce ? Cet album allait-il sonné comme du Townsend en solo avec les mecs de STRAPPING pour l’épauler ? Non, « Physicist » avait déjà été fait, alors quoi ?

Lors des premières écoutes, la confusion était là. STRAPPING YOUNG LAD était de retour, mais il manquait un truc, un gros truc. Ce n’était plus le STRAPPING compact, épais, mécanique et froid, ce nouveau STRAPPING sonnait plus simple, plus aéré, plus metal traditionnel. Lui qui avait été une machine destructrice avec « City », le voir sonner plus organique foutait un peu de désarroi chez le fan. Il fallait se faire une raison et l’apprécier à sa juste valeur. Car même si globalement cet album ne reste pas la masterpiece de la discographie du groupe, il comporte une bonne tripotée de sacré morceaux. Rien que son intro, « Dire », résonnant comme du « Infinity », était une bonne mise ne bouche, surprenante, mais bien prenante. Et que dire des « Relentless », « Aftermath », « Last Minute » ou « Force Fed », et son refrain final surgénial, qui chacun de leur côté imposaient ce nouveau SYL par une férocité sans faille. On était loin de la virulence d’un « Oh My Fucking God », certes, mais l’intention et la puissance était quand même de sortie. Il manquait tout de même cet aspect clinique dans le son. La production était beaucoup plus brute, comme si STRAPPING avait laissé tomber son armure et combattait en slip et tee-shirt quoi.

Il manquait un gros quelque chose, même en injectant une grosse dose de « Townsend en solo », un truc plus dingue qui était complétement absent. Un grain de folie, un pétage de plomb comme sur « City », mais cet album n’est pas « City ». Ce n’était plus ce groupe de 1997. Le STRAPPING YOUNG LAD de 2003 sonnait trop simple pour du STRAPPING YOUNG LAD, et aujourd’hui encore cet album ne sonne pas comme il faut.

STRAPPING YOUNG LAD avait voulu revenir sous une autre facette, plus « simple », mais le résultat ne fût pas si convainquant que ça. Loin d’être un grand album, cet opus reste tout de même un bon album de metal, et non de cyber metal. Son successeur, « Alien », confirmera que STRAPPING YOUNG LAD a besoin de plusieurs choses pour sonner comme il se doit : un mur du son, de la folie, un son clinique et de la rage, ce dont manque cruel cet album éponyme.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 2003 | Nb de lectures : 2352