CRADLE OF FILTH est un groupe qui a fait couler beaucoup d’encre à la fin des années 90s, tant en bien qu'en mal (et ce n’était qu’un début). C’est donc après un tryptique très convaincant que la formation britannique, emmenée par son vocaliste Dani Filth (dernier rescapé du line-up originel), s’essaie à l'exercice périlleux de l’album live. Replongons le temps d’une chronique dans cette époque.

En 1996, CRADLE OF FILTH bouleverse la donne, son 2ème album « Dusk and her embrace » popularisant le black metal, au grand dam des puristes. Il y a donc bien eu un avant et un après « Dusk ». Guitares heavy, claviers romantiques, batterie inhumaine de Nick 'Fetide' Barker, cris surpuissants (et suraigus) de Dani Filth, la recette COF a fait plus d'un adepte. Très travaillée, l'imagerie du groupe a elle aussi largement contribué à cette fascination. Vampirisme, littérature britannique et cinéma horrifique... du tout bon. Paru en 1998, son successeur « Cruelty and the Beast » s'inspire en grande partie de la sanglante comtesse hongroise Elizabeth Bathory. C'est un album plus heavy que le précédent (à force de legato plus longs les uns que les autres), touchant une certaine symphonie du bout des doigts. En dépit d'une production sabotée et d'un line-up en perpétuel remaniement, CRADLE OF FILTH connait un succès important, les critiques ne tarissant pas d’éloges sur les Anglais qui multiplient les interviews et couvertures de mags, ouvrant la voie aux Norvégiens de Dimmu Borgir (qui en profitent pour récupérer Nick Barker). Le quatrième album de COF sort en 2000 et voit le retour du guitariste originel Paul Allender (après ses expériences avec Primary Slave et The Blood Divine), auquel s'ajoute le claviériste Martin Powell, transfuge de My Dying Bride et Anathema. La thématique de « Midian » est centrée sur les bestiaires de Clive Barker et Lovecraft. Son orientation plus agressive et directe n’est pas pour déplaire à certains auditeurs.

Disposant d'une discographie solide (4 albums à l'identité affirmée, 2 EPs, sans parler des singles) les Anglais se lancent à l’assaut de leur premier enregistrement live. Sur ce Live Bait for the Dead, c'est le line-up de Midian qui est à l'oeuvre (en toute subjectivité l'une de mes incarnations préférées). Outre les membres d'origine Dani Filth et le bassiste Robin Graves, on retrouve donc Gyan Pyres et Paul Allender aux guitares, Adrian Erlandsson (At the Gates et The Haunted) derrière le kit, Martin Powell aux claviers, sans oublier l'imposante choriste Sarah Jezebel Deva dont la carrière a entre temps décollé (Covenant, Graveworm, Mortiis, Therion).

C'est le Rock City de Nottingham (salle d’une capacité de 2450 personnes) qui a été choisi pour l’enregistrement des pistes audio et vidéo. La vue de la setlist nous le confirme, le groupe a décidé de nous gâter. Live Bait for the Dead est un double album. Le premier CD n’est autre que l’enregistrement du concert. Au programme treize titres triés sur le volet proposant un panorama intéressant sur la discographie de CRADLE OF FILTH. Les voici:

1. INTRO (the ceremony opens)
2. Lord Abortion (extrait de Midian)
3. Ebony Dressed For Sunset (extrait de Vempire (Dark Faerytales In Phallustein))
4. The Forest Whispers My Name (extrait de The Principle Of Evil Made Flesh)
5. Cthulhu Dawn (extrait de Midian)
6. Dusk And Her Embrace (extrait de Dusk And Her Embrace)
7. The Principle Of Evil Made Flesh (extrait de The Principle Of Evil Made Flesh)
8. Cruelty Brought Thee Orchids (extrait de Cruelty and the Beast)
9. Her Ghost In The Fog (extrait de Midian)
10. Summer Dying Fast (extrait de The Principle Of Evil Made Flesh)
11. Interlude (creatures that kissed in cold mirrors)
12. From The Cradle To Enslave (extrait de From The Cradle To Enslave)
13. Queen Of Winter Throned (extrait de Vempire (Dark Faerytales In Phallustein))

Allez on fait les comptes:
- The Principle Of Evil Made Flesh: 3 points
- Vempire (Dark Faerytales In Phallustein)): 2 points
- Dusk and her Embrace: 1 point
- Cruelty and the Beast : 1 point
- From The Cradle To Enslave: 1 point
- Midian : 3 points

Certains ne se priveront pas de râler en déplorant l'absence de certains morceaux, malgré tout la setlist est homogène et n'occulte aucun enregistrement du groupe, y compris les EPs Vempire et From Cradle... Après une intro convaincante (une habitude chez COF) nous permettant d'entendre un public en délire, c'est la géniale « Lord Abortion » qui ouvre le bal. Et quel bal. L’enregistrement est de qualité, on est loin du bootleg. C'est sans surprise que Dani Filth est mis en valeur. En bonne forme le diablotin module à l'envie, passant des hurlements qui ont fait sa réputation à des vocaux plus graves et nuancés, sans parler des nombreux changements de rythmes. Efficaces et précis, tout en étant plus rapides et plus violents que sur les enregistrements originaux, ses instrumentistes ne sont pas en reste. Chaque album a le droit à son coup de projecteur. Certains titres comme « The Forest Whispers My Name et Cruelty Brought Thee Orchids » font la part belle aux claviers, tandis que d'autres comme « Cthulhu Dawn » privilégient les guitares, avec de nombreux changements de rythmes. Et justement, Paul se permet de faire quelques modifications sur les leads (des vibratos ajoutés ici et là), apposant une sorte de marque de fabrique. Quant à Sarah, chacune de ses apparitions apporte un plus incontestable à un ensemble très costaud.

La qualité de la production met bien en valeur les différents atouts de COF, qu'il s'agisse de l'agressivité des uns ou de l'ambiance 'nécromantique' des autres. L'ambiance surchauffée a bien évidemment été capturée, contribuant à notre immersion dans le show. Ça peut prêter à sourire mais ce genre de détails est indispensable à tout live digne de ce nom. Ce premier CD est donc une réussite, contrairement au second constitué de remix ne présentant que peu d’intérêt, si ce n’est pour les plus acharnés. A mon sens seuls les deux reprises de TWISTER SISTER’S relèvent le niveau. A titre personnel c'est ce Live Bait for the Dead qui a suscité mon envie de voir sur scène de mes yeux la bande à Dani. Les Anglais enchainant les tournées à l'époque, mon souhait a vite été exaucé. L'exercice de l'album live étant encore relativement marginal pour les groupes affiliés de près ou de loin à la scène black metal, COF ajoutait une corde de plus à son arc, rejoignant MARDUK et MAYHEM.

Amis de grosse saturation, de blasts, de claviers et de cris stridents jetez donc une oreille sur ce Live Bait for the Dead, il vous donnera l’occasion d’écouter le meilleur de CRADLE OF FILTH.


Rédigé par : Strat | 2002 | Nb de lectures : 1987