Sorti en 1999, numéro 1 au Billboard 200 et vendu à prés de 14 millions d'exemplaires, on ne peut pas dire que LIMP BIZKIT se soit loupé avec "Significant Other"...commercialement parlant. Car si le groupe à su exploser mondialement, il a eu plus de mal en revanche à garder ses fans de la première heure avec lui. On a beau penser ce que l'on veut du premier album, "Three Dollar Bill, Yall$" était quand même cru, frais et crédible. A la sortie de ce nouvel opus, on ne pouvait que constater que le groupe n'avait pas mis longtemps avant de devenir plus consensuel. Fini le temps où Fred Durst chantait "Faith" à poil sur scène...
Alors certes, certains morceaux envoyaient toujours du bois et le groupe avait encore bien la pêche, mais du sale à la "Pollution", il n'en était définitivement plus question.

Pressentit pour produire l'album, Ross Robinson a préféré se consacrer à la production d'autres combos un peu plus "confidentiel" renonçant ainsi à un futur succès annoncé par tous les "Néo Nostradamus" de tous poils.
Quand j'entendais parler du "succès annoncé" de LIMP BIZKIT, je me disais que les mecs se plantaient sur toute la ligne et que le groupe n'était pas destiné à avoir un succès mondial. Je n'avais pas pris en considération que le groupe pouvait proposer des sonorités plus commerciales, chose impensables pour un groupe aussi jeune selon moi. Une fois de plus, je me plantais sur toute la ligne.
Dés que mes potes m'ont fait écouter l'album, je n'ai pas aimé ce que j'ai entendu. Plusieurs de mes amis étant vraiment à fond sur cet album et l'écoutant souvent en ma présence, je l'ai "subi" plus que je ne l'aurais voulu et rapidement, je l'ai connu par cœur...et finalement apprécié.
Cela ne m'empêchait pas d'en vouloir au groupe mais il fallait reconnaitre que BIZKIT avait mis tous les atouts de son coté et avait sacrément bien calculé son coup pour réussir ce pari d'un succès planétaire basé sur un album Néo assez hybride, très influencé par le Hip hop.

Comme cela arrive parfois, tout est annoncé sur la pochette de ce "Significant Other". Police de caractère typé tag, chanteur à l'attitude de rapper, décor urbain et Adidas Superstar blanches bien visibles. Le message avait donc le mérite d'être clair même si on pouvait noter que le groupe empruntait des codes visuels métalliques (notamment en essayant de se créer avec le personnage à casquette rouge une sorte de "Eddie" Néo).
Et dés les premières notes, point de doute non plus quand à la direction musicale choisie. Deux choses sautaient instantanément aux oreilles : L'influence Hip Hop encore plus prégnante qu'auparavant et la clarté générale du son. Si la dynamique et le groove du groupe restaient encore manifestes, l'énergie dantesque que mettait le combo pour faire décoller ses riffs les plus velus sur le premier album n'était plus présente ici. Fini la crasse, bonjour Monsieur Propre.
Si le groupe avait choisit d'orienter son propos vers quelque chose de plus clair, son talent dans la composition faisait ici des merveilles. LIMP BIZKIT enchainait en effet et avec une effronterie toute Américaine les Hits et les refrains. Du mondialement connu "Nookie" au sucré "No sex", le groupe proposait encore quelques morceau plus musclé comme "9 Teen 90 Nine", "Trust?" ou des titres carrément hip hop comme "N 2 Gether now" (enregistré avec Method Man au mic).
Résultat, l'album passait comme une lettre à la poste, faisait bouger autant que s'il pouvait intriguer et au final mettait un sacré paquet de monde d'accord sur le fait que les biscuits avaient frappé très fort.

Outre les hits, on voyait aussi que les musiciens étaient bien en forme. Bien sur, la qualité de la section rythmique faisait des ravages, John Otto confirmant qu'il était un batteur sacrément solide et Sam Rivers un bassiste affuté et plein de feeling.
Wes Borland avait du coup tout le champ nécessaire pour proposer son travail puissant et efficace...peut être un peu plus timoré que sur le premier album où il faisait tout cramer. L'apport de Dj Lethal était indiscutable dans un contexte aussi Hip Hop et Fred Durst n'avait plus dés lors qu'a ramener sa fraise et son flow directement hérité des années 80's pour terminer la recette. Très efficace dans son rôle (car malgré les mauvaises langues, Durst assure dés qu'il s'en donne la peine), le blondinet chantait d'une manière convaincante et écrivait des lyrics, eux aussi très rap. On aura d'ailleurs entendu beaucoup d'analyses par rapport à la "bêtise" supposée des paroles de LIMP BIZKIT (Je me souviens d'une interview couplée ENHANCER/LOFOFORA où un des mecs d'ENHANCER disait vouloir traduire les paroles de LIMP BIZKIT aux fans Français pour leur montrer à quel point c'était "con"). Mais si on doit lapider Durst pour la simplicité de ses mots, il va pas être le seul à se recevoir des caillasses et il n'y aura pas que dans le Néo que la distribution aura lieu...

Lancé par le clip de "Nookie", le groupe profitera de sa baraka pour envoyer du single, du clip et remplir des salles de plus en plus importantes. Le point culminant sera bien entendu le Woodstock de 1999 où Fred Durst sera inculpé d'incitation à l'émeute en raison des violences ayant eu lieu pendant le concert (certains membres de publics arracheront sans vergogne les plaques protégeant les tourelles pour faire du "Surf" blessant au passages des spectateurs).

Bref, plus je parle de cet album et plus je replonge dans une époque aujourd'hui révolue où le Néo régnait en maitre et où il y avait quelques album de qualités qui étaient produits. Évidement taillé pour la gagne et souffrant de quelques passages un peu mollasson, "Significant Other" reste un album bien composé, pierre angulaire d'un mouvement qui aura agité bien des baggys et rasé bien des tignasses. Car au delà de tous les casseroles que trainent le groupe, il faut tout de même lui reconnaitre le talent d'avoir proposé un deuxième album extrêmement efficace qui aura influencé un sacré paquet de monde...sans qu'ils ne l'admettent forcément.


Rédigé par : Pamalach | 1999 | Nb de lectures : 2402