Formé à Florence (Italie) en 1995, INNER SHRINE sort un an plus tard une démo éponyme avant son premier album, « Nocturnal Rhymes Entangled in Silence » en 1997, album assez innovant à l’époque, proposant un mix de death atmosphérique couplé à une pointe de doom lui donnant son petit côté obscur. J’ai toujours pensé que INNER SHRINE avait emprunté un peu de leur inspiration à leurs voisins allemands de CREMATORY, ouvrant ainsi la voie d’un « renouveau » death clairement orienté vers une recherche de sombres mélodies plutôt que l’agression auditive ultime. Et c’est un peu ça que INNER SHRINE nous offre. Découvert à l’époque grâce à un sampler Metallian je m’étais dit 'allez, donnons-leur leur chance à ces italiens'.

Et j’ai bien fait. Notre grande formation, composée de sept musiciens, nous plonge dans une ambiance de crypte, froide et reculée. Regardez donc la pochette pour vous en assurer, des tons sombres et bleutés, un squelette entouré de ronces, des ombres menaçantes à l'arrière plan... L’album est présenté dans un digipack soigné, sympa pour l’époque, témoignant d'un certain soucis du détail qui nous met dans de bonnes dispositions. Mais je vais être franc et commencer directement par les défauts de l’album. L'intro nous plonge d’emblée dans une vague de claviers qui sont à la fois la force et la faiblesse de ce cd. Force car les ambiances sont au rendez-vous, au point de me croire parfois dans un roman tiré de l’univers de Ravenloft. Faiblesse car ils ne sont pas toujours maîtrisés, certes suffisamment pour nous plonger dans le bain mais pas assez pour nous faire sursauter, nous laissant de marbre. Toutefois les claviers ont la part belle dans cet album propice à l'évasion et la rêverie.

« Dream On », démarre avec le bruit du vent. Ces samples, omniprésents, contribuent à son rendu planant. Mais ce second titre nous offre bien sûr quelques riffs lents, assez dark, assortis d'une voix death venue d’outre tombe. D’ailleurs tout l'album semble être sous un voile de brouillard, dû au mixage de l’album, qui manque peut-être de claquant pour certains mais qui ne manque pas de charme. L'écoute dévoile un death assez lent, plutôt planant par endroit. Sans être technique ce titre est efficace, avec un bon exemple de mid tempo à la guitare. L'intervention du chant féminin vient éclairer un tableau bien sombre. C’est Sara Galleni qui s’occupe du chant dit d’ « opéra », convainquant sans être inoubliable. Les autres compositions s'inscrivent dans sa continuité, suivant des structures similaires, agrémentées de passages mélancoliques et de « pauses », un peu comme si INNER SHRINE avait choisi de découper son oeuvre en actes. Le 6ème morceau « Soliloqium in Darkness (The Illusion of Hope Act 3) » a bien des qualités, dont celle d'introduire parfaitement « Enveloped by a Conquest's Shadow », titre phare de l’album, présent sur le sampler Metallian de l'époque. Alternant parties rageuses et mélancoliques, cette composition de 8 minutes est représentative de l’univers d’INNER SHRINE. Chaque morceau est d'ailleurs assez long, le groupe prenant le temps de développer ses différentes atmosphères.

En dépit de quelques fausses notes, comme l’intro de « Subsidence » sifflée, ou certains passages un peu « simplistes » pouvant prêter à sourire, l’ensemble, étiqueté « dark death metal », ne souffre finalement pas de défauts majeurs. Plus lent qu'un "Transmigration" ou "... Just Dreaming" de CREMATORY, cet album renvoie aussi un peu à YEARNING, avec qui les Italiens partagent certaines similitudes de composition, cet attrait pour la mélancolie. Méconnu et peut-être sorti trop tard, « Nocturnal Rhymes Entangled in Silence » est un bon album, bien équilibré et plutôt soigné. Une bonne surprise, conseillée aux curieux et aux amateurs du genre. J’espère ne pas être le seul à me souvenir du nom d’INNER SHRINE.

L’album complet en écoute: https://www.youtube.com/watch?v=1VmMXTxZHMo


Rédigé par : Strat | 1997 | Nb de lectures : 1796