1999. Le nouveau millénaire est sur le point de débarquer, tous les ordinateurs vont subir le bug de l’an 2000, Paco Rabanne nous fait chier avec ses prophéties moisies, la France se masturbe encore sur sa victoire en coupe du monde l’année passée et votre serviteur passe sa deuxième année d’apprentissage en alternance. Un coup chez le patron, un coup à l’école. L’avantage d’avoir trouvé un employeur sur Paris, pour un simple expatrié Picard, c’est qu’on a du temps pour lire dans le train (surtout sur la ligne Paris-Beauvais). Lecteur assidu de quasi-toute la presse traitant de notre musique favorite à l’époque, votre serviteur tombe un jour, comme ça, sur une interview du groupe FILTER. « Tiens, je connais pas, kesseçé ? » me suis-je dis. Durant l’interview, Richard Patrick, tête pensante du groupe, est questionné sur ses rapports avec son frère, Robert « Bob » Patrick, qui est lui aussi dans le milieu artistique. Et pas n’importe lequel mesdames et messieurs, là c’est dans le 7eme art que Robert officie et quand j’apprends que le bougre n’est autre que le T-1000 dans Terminator 2 mon sang ne fait qu’un tour ! J’avoue que rien que pour cette anecdote j’ai voulu découvrir le groupe de son frère (étant un über fan des films Terminator).

N’ayant entendu aucune note de ce à quoi FILTER pouvait ressembler, je met quand même du temps avant de me décider si j’achète ou pas ce second album du groupe, simplement intitulé « Title Of Record » (rien de plus simple). Le destin guidera mes pas, et ce grâce à –pour une fois- la radio. En effet, les rares fois où votre serviteur se trouvait seul pour travailler dans son atelier, le petit cabotin en profitait pour mettre la radio la plus rock de France : Ouï FM (c’est toujours plus sympa que Radio Bleue ou France Inter). Un jour chanceux, un morceau aiguisa ma curiosité. Un titre très pop, mais fichtrement bien travaillé et au refrain superbe. Six minutes plus tard, je n’allait pas tarder à savoir quel était l’auteur de ce morceau très posé mais terriblement accrocheur : « et vous venez d’écouter « Take A Picture du groupe FILTER… ». Sacrebleu ! Mais c’est excellent ! Quoique, au vu de l’interview et la chronique du disque, je voyais ça plus indus, ‘fin bon. Hop, direction mon dealer de zik (et pas de zouk) de l’époque, la Fnuk Bastille (R.I.P.), afin d’acquérir la précieuse rondelle.

De retour at home, je débute la traditionnel rituel après tout achat de CD : la copie sur K7 pour mes longues heures de transport, puis le scrutage du livret sous toute ses coutures. A la vue de la jaquette, on sait tout de suite qu’on n’a pas vraiment affaire à un groupe de metal. Une fois le CD lancé, et entièrement écouté, tout s’explique : FILTER est un putain de groupe de rock-indus qui déboîte sa race ! J’ai pris une grosse claque avec cet album, ni plus ni moins. Le son, les compos, les refrains, et la voix de Patoche, tout était là pour que ça accroche à mort. « Title Of Record » possède un truc peu explicable, une aura particulière, avec différentes ambiances, une approche différente, mais en formant un tout homogène et terriblement addictif.

Un mélange particulièrement brillant entre des titres puissants et entêtants (« Welcome To The Fold », « Captain Bligh », « I Will Lead You », des morceaux aux ambiances terriblement envoûtantes (« It’s Gonna Kill Me », « Skinny », « Cancer », « Miss Blue »), des hits rock-indus catchy (« Take A Picture », « The Best Things »), qui fait monter une mayonnaise exceptionnel durant une heure et sept minutes. Le travaille sur les arrangements est un des point fort de cet album. Le mixe entre sonorités purement industriels, voir tribal sur certaines pistes, et compos rock s’accorde parfaitement et on a droit, grâce à tout cela, à un album sans fautes. Rien de ce que contient « Title Of Record » n’est à jeter, rien, car on trouve de tout, sous divers variations, mais toujours avec ce « truc » dont seul FILTER a le secret pour sa musique. On voyage, on se pose, on retrouve la force, on trouve ça beau, fort, et surtout terriblement talentueux.

J’ai adoré (et j’adore toujours) cet album. Il m’a marqué pour diverses raisons, mais il m’a surtout marqué parce qu’il reste comme un album où je ne zappais aucun titre. Je ne l’avais pas réécouté depuis fort longtemps avant de m’atteler à cette kronik, mais pas mal de temps après mon jugement reste le même : je garderais Title Of Record toute ma vie.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 1999 | Nb de lectures : 1895