THE GATHERING - Nighttime Birds (Century Media) - 09/03/2013 @ 21h25
Dans la vie d’un groupe, il n’est jamais facile de donner suite à un disque fondateur précisément quand l’œuvre en question s’impose comme un véritable emblème. A l’image de sa passionnante carrière, THE GATHERING demeure un cas d’école des plus convaincants. En 1995, son joyau « Mandylion » fut considéré comme une pierre angulaire d’un nouveau genre, couronnant de surcroît ses géniteurs d’un succès à la mesure de leur talent. Après une telle prouesse, la perspective d’une sortie aussi brillante était considérablement réduite. C’est pourtant avec l’album « Nighttime Birds », 2 ans plus tard, que les Néerlandais confirmèrent leur domination sur le petit monde du Metal atmosphérique à chant féminin.

En 1997, le style auquel THE GATHERING a contribué à créer et populariser se portait on ne peut mieux sur la scène Européenne. La Hollande était devenue le bastion du genre emmené par la charmante Anneke Van Griesbergen ainsi que diverses formations (ORPHANAGE, …) dont certaines pouvaient se targuer d’être à l’origine de nombreuses vocations (WITHIN TEMPTATION, AFTER FOREVER). Toutefois, le phénomène s’étendit sur toute l’Europe (NIGHTWISH, ON THORNS I LAY, LACUNA COIL, …) voire au-delà, et les Metalleux assistaient incrédules à une présence de plus en plus fréquente de la gente féminine sur les scènes des festivals ou dans la presse spécialisée. L’heure était à la diversité.

Ma première approche de THE GATHERING s’est faite par l’intermédiaire d’une chronique parue dans le magazine « Planète Hard » (RIP) offert par un célèbre disquaire. Cette revue, en dépit d’un manque d’objectivité évident, me permettait néanmoins de faire quelques découvertes. L’auteur de l’article ne tarissait pas d’éloge sur « Nighttime Birds » et usait d’arguments assez solides pour retenir mon attention, tandis que la pochette m’invitait pleinement au rêve. Plus tard, les samplers d’autres magazines nationaux m’ont permis de mettre du son sur l’image avec 2 titres issus des précédentes réalisations (la version live inédite d’« Almost A Dance » et « Strange Machine » le titre d’ouverture de « Mandylion »). Une fois « Nighttime Birds » en ma possession, je m’attendais à quelque chose de magique et le moins que l’on puisse dire c’est que je n’ai pas été déçu.

La découverte de « Nighttime Birds » se révéla particulièrement intense et forte en émotion. L’ode à la nature dont il est ici question, se savoure d’une traite mêlant une grande variété de sons et de sentiments à des atmosphères prenant place dans un cadre féérique. Dotée d’une voix à en faire fondre plus d’un, la belle et touchante Anneke illumine l’ensemble de l’album de ses interventions à la fois puissantes et fragiles. Il est clair qu’elle est une partie intégrante du son et de l’identité de THE GATHERING, c’est d’autant plus légitime quand on se penche sur ses textes remplis de poésie. Cependant, le fait de s’appuyer constamment sur le chant pour résumer leur musique ne contribue pas à rendre justice à ses musiciens qui en l’occurrence sont passés maîtres en matière de créativité et d’originalité.

Aux frontières du Doom et du Rock Progressif, chaque morceau est basé sur différents contrastes. A l’aise dans tous les registres, le claviériste Frank Boeijen conjugue ses atmosphères éthérées à des oppositions claires / obscures de premiers choix (« The Earth Is My Witness », « Third Chance »). Si les nombreuses pistes de synthé et de piano se suffisent en elles-mêmes, une invitée (Leslie Speakers) apporte un plus non négligeable avec son orgue Hammond intelligemment placé (« The May Song » et « Nighttime Birds », très inspiré par Pink Floyd). Les guitaristes René Rutten et Jelmer Wiersma tissent une toile faite de rythmes lents et lourds. Paradoxalement, cet héritage issu du Doom ne dessert pas le caractère aérien de l’œuvre (« On Most Surface », « Third Chance »). Au gré des compositions, des leads mélancoliques et poignantes apparaissent (« The May Song » et « Confusion » brillent tous 2 de milles éclats). Il est important de rappeler le caractère onirique de l’œuvre et l’aisance du groupe à installer un climat propice à l’introspection (l’intimiste « New Moon Different Day » et ses mélodies étranges à la Dead Can Dance). Instrument souvent en retrait, la basse d’Hugo Prinsen Geerligs est ici bien identifiable et il n’est pas rare d’entendre son ronflement au détour d’un break. Quant à Hans Rutten, batteur et pilier au propre comme au figuré n’est pas en reste et possède un jeu subtil et hypnotique servant de fondation à l’ensemble (le symphonique et puissant « Kevin Telescope » ou les percussions du tragique « Shrink », …).

Dernier album résolument Metal dans la discographie de THE GATHERING, « Nighttime Birds » marqua à sa façon la fin d’une époque. Son successeur « How To Measure A Planet ? » entama une métamorphose pour éclore dans une orientation nettement plus Pop, débordant d’expérimentations parfois incomprises. Je vous confie avoir eu beaucoup de mal à accepter cette direction avant de m’incliner face au génie créatif de ce groupe d’exception. Il n’empêche que « Nighttime Birds », reste à mon sens, le summum de THE GATHERING que j’écoute encore régulièrement avec beaucoup de plaisir. Laissez-vous transporter par « Nighttime Birds » un voyage dont on ne revient jamais totalement.


Rédigé par : vincesnake | 1997 | Nb de lectures : 3122


Auteur
Commentaire
forlorn
Membre enregistré
Posté le: 09/03/2013 à 22h31 - (29028)
Une belle chronique me renvoyant à une époque excitante, et une réussite de plus pour un groupe majeur qui les collectionne.

Ayant découvert The Gathering avec la réédition d'Always parue en 1994, j'étais aux premières loges lorsque Mandylion est sorti. C'est le vécu qui fait la différence et je perçois Nighttime Birds comme une part II. Une suite logique, plus subtile et aboutie, mais une suite quand même, Mandylion a donc ma préférence.

Je considère Mandylion et Nighttime Birds de la même façon que Ride the Lightning et Master of Puppets, ou Icon et Draconian Times. Des albums aussi essentiels qu'indissociables, des albums 'frères'.



nightswan
Membre enregistré
Posté le: 09/03/2013 à 23h35 - (29029)
Groupe découvert avec cet album et le morceau éponyme.
Mandylion acheté dans la foulée et depuis, je n'ai plus lâché le groupe même après le départ (qui a quand même fait mal) d'Anneke.

Même sentiment concernant ce dyptique qui n'en est pas vraiment un, ces albums représentent pour moi ce que le groupe a fait de mieux avant d'entamer sa mutation.

Je ne dénigre pas la suite de leur carrière (des morceaux comme Travel ou Heroes for ghosts sont des perles) mais j'ai une nette préférence pour cette période métal avant le changement d'identité du groupe, fortement précipité par le départ du guitariste Jelmer Wiersma.

Album incontournable et planant, pas pris une ride 16 ans (ouch, 16 ans) plus tard.



ego
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 06h25 - (29035)
Rolalalah ! Achat immédiat à la Fnac à l'époque après avoir entendu 'On most surfaces' sur la borne d'écoute. Je me souviens encore du frisson ressenti en entendant pour la première fois la voix d'Anneke. Très bel album, mais tellement écouté que je l'ai un peu délaissé pour Mandylion découvert par la suite. J'adore toujours 'Kevin's telescope' et le single 4 titres contenait d'ailleurs une très belle reprise de DCD ('In power we entrust...') dont tu parles à juste titre dans ta kro.

Ce groupe a clairement marqué mon parcours musical et Anneke reste à mon sens la voix féminine la plus intéressante et la plus classe de la scène Metal. Même si son parcours solo et la suite de The Gathering sans elle m'ont beaucoup moins plu, il me reste toujours les albums de Devin Townsend pour me rattraper !



jaquouille
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 10h12 - (29038)
quel groupe de rêve, quelle époque bénie, quelle chanteuse envoutante et excitante à l'époque

merde les années passent trop vite :-(




hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 10h28 - (29039)
Album magique et qui donne des frissons, pour ma part c'est le seul que j'apprécie des Hollandais et même de toute cette vague female vocals batave.



Kairos
IP:90.19.23.226
Invité
Posté le: 10/03/2013 à 10h57 - (29041)
l'album est très agréable à l'écoute et n'est clairement pas critiquable sur la qualité d’écriture et l'interprétation. Il est aussi bien plus abouti que mandylion, mais au final je trouve ce disque trop mièvre et je m’ennui pas mal à l'ecoute.
la suite de leur discographie est nettement plus exitante. leur période métal n'est pas pour moi.

SKOM
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 12h32 - (29044)
Que rajouter de plus !



Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 15h24 - (29047)
Album magique, atmosphérique qui nous transporte haut et loin, il est une excellente démarque de "Mandylion" tout en annonçant la suite présente sur "How to measure...".
Pour moi leur meilleur, avec un son et une prod juste parfaite !



Morbid Tankard
Membre enregistré
Posté le: 10/03/2013 à 22h07 - (29050)
Le début de la fin...

RBD
Membre enregistré
Posté le: 18/03/2013 à 19h06 - (29068)
Avec son approche un peu plus facile de la facette Prog', une meilleure maîtrise de cette direction et un son limpide, cet album portait déjà quelques indices de l'évolution qui allait suivre. Mais c'est avant tout en lui-même une remarquable réussite, varié, ambitieux, facile à digérer et inusable à la fois, splendidement interprété...



octambule
IP:130.0.123.249
Invité
Posté le: 17/08/2013 à 13h58 - (29722)
Album qui m'a découvrir cet incroyable groupe. Mais c'est loin d'être le meilleur. je ne suis pas d'accord avec le faite qu’après celui là le groupe est pris un virage pop. Le son des albums suivants n'est plus aussi métal il est vrai. Mais certains restent glauque et bien noir. "Souvenir" est le must : mélange de trip pop, rock et métal.

gardian666
Membre enregistré
Posté le: 18/08/2013 à 00h17 - (29728)
Le début et la fin sont magistraux, j'ai encore un peu de mal à être emballé par le 'milieu' de l'album.

J'adore l'ambiance qui se dégage de cet album, la voix de Anneke aussi et la production est excellente.

Il lui manque pour ma part peut être un peu plus de mélodies marquantes.



Dragounet
Membre enregistré
Posté le: 30/11/2014 à 12h17 - (31486)
Il m'est difficile de me gaufrer l'album en entier. A l'exception de 3 titres qui font VRAIMENT la différence, je trouve le reste assez ennuyeux. Pour ma part c'est à partir de HTMAP que le groupe a commencé à proposer quelque chose de réellement intéressant.



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