“Seven deadly sins – Seven ways to win;
Seven holy paths to hell & your trip begins…”

Quel metalleux de plus de 30 ans n’a jamais entonné cette petite introduction à ce qui s’avère être l’un des meilleurs albums de la vierge de fer ?

Enfin, tout cela est une question de point de vue et l’intérêt de ce disque, au-delà de son contenu musical, c’est qu’il constitue un véritable point de rupture dans la carrière du groupe. Le précédent étant l’arrivée de Dickinson au chant et le début de ce que l’on appelle « la période de gloire » du groupe. 4 albums,un live et des tournées dantesques plus tard, Maiden s’apprête à sortir sans le savoir, le dernier disque sous sa formation « classique » (oui, oui, car là ils ne sont que 5…)

Si vous demandez à Steve Harris quel est l’album de Maiden dont il est le plus fier, il vous répondra 7th Son. Et la réponse est la même depuis 1988. Le groupe s’est en effet appliqué à produire un disque d’une homogénéité effrayante, dans la continuité de « Somewhere in Time » et, dans une moindre mesure, « Powerslave ». Bien que très marqué par l’imagerie égyptienne et les mélodies du morceau titre, le groupe s’est toujours défendu d’avoir produit en Powerslave un concept album (en effet, peu de rapport entre « Aces High », Powerslave et Rime of the Ancient Mariner). Somewhere in Time s’en approchait un peu, le son et l’image futuriste générale qui s’en dégage donnant là encore beaucoup de cohérence à l’ensemble.
Mais c’est bien avec 7th son que Maiden franchit le cap et nous pond un concept album magnifique dont l’ensemble des morceaux racontent une histoire, celle du septième fils du septième fils. Je ne vais pas m’y appesantir, le site « Maiden Commentary » (une mine d’information que je conseille…) s’en charge très bien.

C’est au début des années 90 que j’ai écouté cet album pour la première fois et rien que l’objet, la pochette et les dessins suffisaient à me faire bicher ! Et quand la musique commence, on se rend compte que le son particulier, très « produit » de l’album, ainsi que les claviers nous transportent immédiatement dans l’ambiance glaciale de l’artwork. Pour en revenir aux claviers, ils étaient présents sur Somewhere in Time et Steve Harris décida de réitérer l’expérience. Bien que certains crient encore au scandale, on ne peut que saluer cette initiative, tant ils s’intègrent parfaitement aux morceaux.

C’est donc en assumant ses influences prog’ (Harris est un dingue de Jethro Tull, entre autres…) que le groupe écrit certains de ses futurs classiques. Bizarrement ce ne sont pourtant pas les chansons les plus « progressives » de l’album qui gagneront le statut de classiques. « The Evil that men Do », « Can i Play with Madness » ou « The Clairvoyant » étant toutes trois assez courtes, directes et rapides. Le meilleur des trois étant à mon sens The Evil that men Do, morceau exemplaire, toujours joué 25 ans après et dont l’énergie et le refrain mythique en font l’un des titres favoris des fans.

Mais le meilleur de cette galette est à chercher dans les deux chansons fleuves que sont « Infinite Dreams » et « 7th son of a 7th son ». La première est une sorte de ballade à tiroir à la sauce Maiden qui prend vite des allures de grand huit magnifique, agrémenté de solos remarquables et d’un chant qui me tirerait les larmes à chaque fois. C’est ce que l’on appelle une « masterpiece » et il est regrettable que le groupe l’ait rapidement sorti de sa setlist de concert après la tournée de l’album.

Le morceau titre, dont la carrière live sera tout aussi brève, s’inscrit en droite ligne des longues chansons épiques que Maiden nous concocte régulièrement depuis « Piece of Mind ». (Allez, “N° of the Beast” si on compte “Hallowed be thy Name”). Et c’est juste la classe! Ce titre concentre à lui tout seul l’esprit de l’album, les claviers explosent et appuient l’ambiance polaire du morceau, le pont central et la montée qui suivent (notez la lourdeur des guitares sur ce passage !) sont dignes de « Rime of the Ancient Mariner ». Et les soli ! Adrian Smith et Dave Murray sont au sommet de leur connivence guitaristique.

Je n’oublierais pas non plus « Moochild », excellent morceau qui introduit l’album de manière magistrale et annonce clairement les 45 minutes de bonheur qui suivent.
Il reste bien sûr deux titres, « Only the Good Die Young » et « The Prophecy », que je n’ai pas évoqué. Personnellement je les trouve bon, mais sans plus. C’est difficile de pondre un album sans faiblesse, d’autant que le reste est vraiment d’un très très haut niveau. Et puis le groupe n’a jamais défendu ces morceaux en concert. Je ne leur en veux pas, le répertoire de Maiden est digne d’une encyclopédie et à moins de faire des concerts de 4 heures, il est difficile de contenter tout le monde.

En parlant de concert, la tournée qui a suivi est immortalisée sur le fameux « Maiden England » (que j’ai du regardé 150 fois à l’époque) et son décor de glace. Et là, point actualité avec la sortie en DVD (enfin !) du troisième volet des Early Days ainsi que la tournée spéciale qui suit et passera dans nos contrées mosellanes en juin au Sonisphère.

Je terminerais en revenant sur la rupture que constitue cet album. Dernier disque avec LA formation de Maiden, Smith quittant le navire peu après. Dernier disque qualifié de « classique », encore que certains s’arrêtent à « Somewhere in Time ». Même les concerts changeront puisque la tournée suivante verra un « décor » de scène dépouillé, à la Slayer avec des murs d’enceintes…A l’image d’un futur album dépouillé aussi, exit les claviers, welcome Janick Gers, Bruce se met à grogner au lieu de chanter et finira lui aussi par partir. La suite on la connaît, et la boucle est bouclée à l’heure où Iron Maiden est sur scène en ce moment pour rejouer 7th son of a 7th son ! Enfin.

“Seven deadly sins - Seven ways to win
Seven holy paths to hell...”





Rédigé par : Floyderz | 1988 | Nb de lectures : 2660