HELLION - The Black Book (Restless/Music For Nations) - 01/12/2012 @ 21h09
10 contre 1 que moins de 5 VSeurs connaissent ce groupe, Hellion, l'archétype du groupe obscur et maudit par excellence.

A vrai dire, je ne connais aussi que très peu ce groupe, et cet état de fait est déjà en soin une raison valable, masochiste que je suis, pour me risquer à chroniquer un de ses disques. Enfin, disons plutôt le seul et unique disque du groupe que j'ai en ma possession et, apparemment, le seul qui ait eu une (petite) distribution sur notre continent. Et avant de m'y atteler, je me suis bien gardé de rechercher assidûment des informations complémentaires, glanant juste deux trois informations de ci de là, histoire de garder une certaine... ahem... fraîcheur… dans l'approche.

Mais commençons par un rapide coup d’œil sur le contexte. Fin des années 80, je découvre le métal, via quelques achats faits à l'aveuglette, principalement sur la foi de pochettes prometteuses : Hysteria de Def Leppard, Kings of Metal de Manowar (tous deux vite oubliés), Dreamweaver de Sabbat (1ère grosse claque musicale), Conspiracy de King Diamond (2ème vraie bonne grosse mandale). A ce moment-là, je passe la majeure partie de mes samedis à fouiller dans les bacs encore foisonnants des magasins de disques de ma ville, à la recherche de la perle rare, du groupe obscur qui allait tout déboîter et rendre dubitatifs mes parents sur l’éducation qu’ils m’avaient donnée jusqu’ici.

Au détour d'un bac, je tombe sur ce disque à la pochette plus que minimaliste : noir, avec un logo doré, bien moche. Mmmmh, le nom ne me disait rien et je ne me souviens pas que ce groupe ait d'ailleurs été mentionné bien souvent dans les canards métal que je lisais déjà. Je prends.

De retour au bercail, j’ouvre avec empressement mon achat, et, premier réflexe de fan à l'affût de découvertes, j'ouvre le livret intérieur pour parcourir les paroles. Première constatation : elles sont riches, foisonnantes et détaillées. Deuxième observation, intéressante : un petit texte introductif parle d'enquête, d'Ecosse, de famille... mmmmmh, aurions-nous là affaire à un concept-album?

Enfin, vient mon moment préféré, la lecture assidue des crédits. Car oui, on apprenait alors énormément de choses en lisant les remerciements des groupes. On pouvait découvrir les groupes "connectés" et souvent élargir sa palette de connaissances sur des groupes d'une obédience similaire, les amis, les compagnons de tournées... Et c'est la mention de King Diamond, parmi d'autres groupes, qui m'a définitivement rassuré sur le bien-fondé de mon achat, espérant retrouver un peu de cette formation sur ce disque.

Une petite recherche, faite récemment, m’a permis d’apprendre que Ronnie James Dio avait à cette époque adoubé Ann Boleyn, leader du groupe et chanteuse de son état, au point que sa femme Wendy (pas celle d'Ann, celle de Dio!), avait même tenu un temps le rôle de manager. Le groupe, qui a déjà signé un premier opus en 1987, Screams of the Night (que j’ai eu en ma possession ultérieurement et qui ne m’a laissé aucun souvenir), « démarre » sa carrière sous de plutôt bons auspices (sa carrière a concrètement démarré au tout début des années 80, mais sans résultat concret si ce n’est quelques démos). Qui plus est, pour ce The Black Book, le groupe vient de signer un deal pour l’Europe avec le prestigieux label anglais Music for Nations, disparu depuis, qui intégrait alors dans son "roster" bon nombre de groupes que je commençais alors à suivre. Enfin, la lecture du livret permettait aussi de découvrir que pour comprendre la globalité du concept de l’album et connaître les tenants et aboutissants de l'histoire développée, une nouvelle écrite par Ann Boleyn serait bientôt disponible en librairie.

Bref, tout ceci s'annonce plus que bien, et le groupe semblait vouloir mettre les petits plats dans les grands. Sauf que cet album, qui devait probablement permettre au groupe d'exploser internationalement, meurt quasiment dans l'oeuf, suite à des problèmes extra-musicaux : un label en faillite et une promotion inexistante ont tôt fait de miner la carrière naissante du groupe qui ne s'en remettra jamais totalement, signant ensuite au cours de sa carrière erratique seulement un album, en 2003, chroniqué d'ailleurs par la presse française (je m'en souviens, tellement j'avais été surpris de voir ce nom réapparaître dans leurs pages).

En parcourant plus avant le livret, on apprend également que ce groupe, californien, est alors composé de musiciens qui me sont, 20 ans après, toujours aussi inconnus (sic) : 3 guitaristes se partagent le travail, de bien belle manière, étant tous plus virtuoses les uns que les autres, aux côtés des habituels bassiste et batteur, ainsi qu’une chanteuse. Hé, oui, comme je viens de le dire un peu plus haut, le groupe est mené par une certaine Ann Boleyn, et les photos dans le livret intérieur laisse apparaître une petite brune maquillée comme un camion volé, vêtue d’oripeaux, et qui semble dégager une personnalité redoutable.

Mais retour aux fondamentaux de cette chronique. A quoi peut-on s'attendre quand on enfourne le cd d'un groupe si obscur dans sa platine? Et bien, à une bonne petite fessée et l’ancienne et dans les règles de l'art s’il vous plait, déculottée et tout.

Mais avant de continuer plus avant, je dois d'abord avouer que ma culture en heavy-metal est très parcellaire, n'ayant jamais été un réel amateur de ce style. Si j'ai bien écouté quelques trucs de Running Wild fût une époque lointaine, et si je suis un admirateur transi de Black Sabbath et de King Diamond devant l’Eternel, je n'ai, hormis ces exceptions, que très peu goûté au genre, lui préférant rapidement des styles plus extrêmes. Pour vous situer mon niveau d’ignorance, je serai bien emmerdé si on me demandait de parler des discographies de Judas Priest ou d'Iron Maiden, c'est dire! Et pourtant, c'est bien de cette esthétique dont on va parler avec The Black Book.

Car en effet, toute lacunaire que ma culture est, on est en présence d'un groupe américain au son résolument européen, qui me semble s'inspirer de tous les groupes précités.
Tout d'abord, le concept général et la structuration de l'album ne serait pas pour déplaire à un certain King Diamond. Sur 14 titres, 5 sont des introductions narratives (parlées avec un fort accent russe, ce qui n’aide pas à comprendre), des bruitages divers ou des interludes, plongeant l'auditeur dans une ambiance et une histoire que je n'ai malheureusement toujours pas comprise (comme l'indique le livret, la lecture de la nouvelle jamais sortie était indispensable pour comprendre toutes les nuances de l’histoire... arf).

Musicalement, le groupe emprunte également à King Diamond (et attention, tant qu'à faire, à celui de la meilleure période, celle allant d'Abigail à The Eye), avec des compositions luxuriantes mais évitant soigneusement l’écueil des titres à tiroir, avec du bon gros riff bien velu mais à haute valeur mélodique, ou encore à (du moins, l’idée que je me fais de) Judas Priest. Les guitares se font donc la part belle sur ce disque, alternant riffs de pur heavy metal cuits au chaudron (« Demon Attack », le très speed limite thrash « The Warning » qui déboule à 100 à l’heure, la seconde partie du terrible « The Atonement »), thèmes harmonisés qui auraient pu aisément atterrir sur un disque d’un Iron Maiden de la grande époque (les thèmes introductifs des « The Black Book », « Stormrider » ou « Amnesia »), solos qui confinent quasiment au shred, sans en emprunter la stérilité (le solos de « The Warning » ou de « The Black Book » encore, absolument dantesques, à la fois techniques et rock’n’roll), bref, tous les ingrédients du genre sont là !

Mais que serait un bon disque de heavy sans un chant adéquat? Et c’est là qu’on a notre autre point fort du disque. Clairement, la demoiselle qui préside à la fonction vocale ne se laisse pas conter fleurette. Elle vocifère, rugit et diffuse sa testostérone tout le long de l’album avec agressivité, tout en restant très mélodique : on est moins dans le registre vocal d’une Angela Gossow que d’un Jorn Lande. Autant dire que les amateurs de minauderies livkristiniennes pourront remonter fissa sur leur drakkar en plastique et passer leur chemin en embarquant dans leur retraite bon nombre de chanteurs mâles qui seraient aussi bien en peine de lui tenir la dragée haute. Elle délivre quelques performances vocales mémorables, notamment sur les décidément essentiels « The Black Book » et « The Atonement », où notre frontwoman frise la rupture en décochant des hurlements à en faire tomber les pantalons sur les chevilles.

En terme de production et d’agencement sonore, s’il est clair qu’on est en présence d’un album concocté dans les années 80/90, qui peut manquer de puissance par rapport aux standards actuels, on a cependant un son bien équilibré, avec un son tout particulièrement naturel pour les saturations des guitares, et surtout, qui ne laisse pas le bassiste sur la touche (quel plaisir d’entendre ces lignes graves pleines de mids et jouées au médiator sur le titre « The Black Book »), ni son meilleur ami le batteur, dont la double grosse caisse s’en donne à cœur joie à l’occasion (« The Warning »).

Histoire de vous engager à chercher ce disque, essentiel à mes yeux (mais encore une fois, je ne connais pas probablement pas les classiques « historiques » du genre) et qui n’a finalement jamais quitté ma cdthèque depuis 20 ans (oh merde, déjà), vous trouverez en fin de disque, une reprise saugrenue, compte tenu de la dimension conceptuelle du disque, du « Immigrant Song » de Led Zeppelin, fort fidèle à l’original, mais dont la puissance des guitares se retrouve décuplée (déjà que ce titre en avait déjà pas mal dans le pantalon).

Allez, j’imagine qu’on ne le trouve plus à l’achat sur le net. Vous savez ce qui vous reste à faire, bande de salopiauds. Et si jamais M. Hadopi vous a dans le collimateur, sachez que l'album est en ligne sur Deezer...


Rédigé par : grozeil | 1991 | Nb de lectures : 2153


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Commentaire
Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 08h26 - (28530)
Très bonne chronique (comme d'habitude) qui m'a donné envie de découvrir ce disque qui m'est totalement inconnu.

Je suis en train de me le "procurer" à l'instant....

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 08h30 - (28531)
Tiens au passage, une petite suggestion. Je te verrais bien chroniqué l'album de ZED YAGO "Pilgrimage". Tu connais ?

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 09h43 - (28535)
Merci pour le compliment :D
Non, du tout, je ne connais pas. C'est dans un style similaire, a priori?

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 10h33 - (28543)
oui mais avec un côté plus heavy-metal mélodique. C'est pas mal !

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 10h47 - (28544)
Ouais, suis en train d'écouter quelques extraits sur Youtube. Je trouve qu'avec Hellion et cet album en particulier, on a quelque chose de plus urgent et brut de décoffrage qui me fait carrément craquer le slip.

poypoy
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 11h21 - (28546)
Il y a eu plusieurs groupes dans le style à l'époque, mais ils ont été plus ou moins ignorés. Amateur du genre, je me souviens avoir guetté les rayons de la fnac (seul endroit où les trouver) et en avoir acheté quelques uns. C'est aussi à cette époque que je demandais à ma mère, prof d'allemand, de me rapporter des cassettes de Blind Guardian et autres lors de ses échanges. Tout celà étant introuvable en Auvergne ^^

poypoy
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 11h34 - (28547)
Il y a eu plusieurs groupes dans le style à l'époque, mais ils ont été plus ou moins ignorés. Amateur du genre, je me souviens avoir guetté les rayons de la fnac (seul endroit où les trouver) et en avoir acheté quelques uns. C'est aussi à cette époque que je demandais à ma mère, prof d'allemand, de me rapporter des cassettes de Blind Guardian et autres lors de ses échanges. Tout celà étant introuvable en Auvergne ^^

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 11h46 - (28548)
Je l'ai écouté et pour une première écoute je trouve ça plutôt bien ! Je garde.
Zed Yago, c'est plus "classique" dans la forme mais je me souvient avoir craqué à l'époque.

Comme souvent à cette époque les découvertes se faisaient à partir de pas grand chose. Pour Zed Yago, c'était une photo dans le Metal Hammer, dans les news ? De la même façon, j'ai découvert l'album de Crimson Glory "Transcendance" qui reste un de mes grands classiques.

Malgré l'avantage certain d'internet [on peut tout trouvé dessus et ce procurer des disques, mêmes très rares devient chose facile pourvu que l'on ai un minimum de fond :)] l'époque où lorsque l'on trouvait un disque en magasin s'apparentait à une découverte d'un véritable trésor me manque. Combien de samedi j'ai passé à fouiller les bacs...

Je me souvient encore de mon premier Slayer "Hell Awaits" ! Ce jour là, je venait de trouver le Graal...



poypoy
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 12h25 - (28550)
Je me souviens donc avoir guetté l'arrivée des Zed Yago, Velvet Viper, Jester's March, Scanner et autres trucs introuvables mais soit chroniqués dans Metal Hammer soit cités par mon corres allemand.
Je me souviens avoir attendu l'arrivée du premier Iced Earth, avoir acheté "Programmed" de Lethal. Avoir dépensé tout mon argent de poche dans les blind guardian qui me manquaient quand ils ont été enfin importés en France. 6 d'un coup !

Hé hé ... souvenirs !

Il y a d'autres groupes dont j'ai oublié le nom depuis

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 19h05 - (28560)
Carrément d'accord avec le côté Graal quand on trouvait la perle rare! Et pareil que toi Poypoy, j'avais fait une razzia de 4 Skyclad en même temps, trouvés dans un Virgin Megastore qui ouvrait à cette époque là. Putain, je m'en souviens comme si c'était hier!

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 19h08 - (28561)
Bon, en tout cas, comme je le disais, y'a moins de 5 Vseurs différents qui interviennent sur cette chronique! :D

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 02/12/2012 à 20h20 - (28563)
En tout cas je l'ai écouté plusieurs fois aujourd'hui et j'aime vraiment. Il me tarde de lire ta prochaine chro....

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 05/12/2012 à 19h47 - (28575)
eh bien. Je viens de commander le cd (en occaz bien entendu) car j'ai beaucoup aimé.

J'ai regardé un peu sur internet et je me suis souvenu que la chanteuse apparaissait sur un big poster Metal Hammer spécial Metal Féminin de l'époque.
Il est amusant de voir que + de 20 après j'achète le cd de cette chanteuse qui m'était totalement inconnu à l'époque... et pour laquelle je n'avais pas la moindre infos car il n'y avait que le support papier pour nous renseigner...

grozeil
Membre enregistré
Posté le: 06/12/2012 à 17h54 - (28576)
Ahaha, bien vu l'achat! ;)

Gargoylian
Membre enregistré
Posté le: 20/12/2012 à 16h39 - (28639)
Reçu d'Amérique mon cd. Encore merci pour la découverte. Connais-tu ceci :

Dream Death : Journey into Mystery

Tu devrais écouter je penses que tu vas aimer....

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