Entendons-nous bien : on ne parle pas ici d’un album de Black Metal. Je souhaite affirmer d’entrée bien haut et bien fort (et même si je vais faire bondir certains) que Bathory était un groupe de Thrash Metal pur et dur. En tout cas, moi, à l’époque, je n’ai entendu personne parler de Black Metal. C’est quelques années après et l’émergence de ce que l’on a appelé « la seconde vague Black Metal », qu’on a rapproché Bathory de ce courant musical. Après tout Ace « Quorton » Börje Forsberg, l’homme derrière Bathory, s’est lui-même toujours défendu de n’avoir jamais joué du Black Metal.

Par contre, loin de moi l’idée de nier l’incommensurable impact qu’a pu avoir Bathory sur les futurs « GO » de la scène Black Metal scandinave. Sans m’étendre sur ce qui a été emprunté par ces derniers aux 3 albums suivants (« Blood Fire Death », « Hammerheart » et « Twilight Of The Gods »), on peut dire que ce « Under The Sign Of The Black Mark » a été repompé jusqu’à la lie. N’avez-vous (et là, c’est sûr, je m’adresse aux Black Metalleux) jamais ré-entendu les riffs épiques et sombres, et les rythmes mid-tempo de morceaux d’anthologie comme « Women Of Dark Desire », « Equimanthorn » ou « Enter The Eternal Fire » ? N’avez-vous jamais eu l’impression de sentir à nouveau l’agressivité noire de « Massacre » ou « Chariot Of Fire » ? Même les photos promo de l’époque, du style « à moitié à poil, dans une forêt enneigée, une épée à la main » ont été 100 fois, 1000 fois copiées.

Sans parler de l’imagerie satanique, que Quorton lui-même a repris de Venom et Slayer. « Under The Sign Of The Black Mark » est d’ailleurs le dernier album de Bathory traitant du Grand Bouc (pour la petite histoire, sachez que sur la pochette de l’album, le grand bouc en question n’est autre qu’un body-builder suédois mis en scène pour la photo à l’opéra de Stockholm). Plus tard, le groupe abordera les sujets inhérents aux mythes et légendes nordiques.

Cet album est le troisième de la discographie de Bathory, et pour vous situer le génie du Môssieur, rappelons qu’en 1986 il n’a que 20 ans ! Mais on peut quand même parler d’album de la maturité. Plus que cela même, on se rend compte que laissant en partie derrière lui ses influences Venom et Punk, le Môssieur crée son propre Thrash Metal. On ne sort pas indemne (surtout en 1986) de l’écoute de cet album. A tout moment on a l’impression que le diable est dans la pièce, tapi pas loin dans un coin. Le son est caverneux et apporte à ce côté lugubre. Ainsi, et sans vouloir revenir sur l’avis que j’émettais en préambule, on avait rarement entendu quelque chose d’aussi noir, à part peut-être le « Hell Awaits » de Slayer.

Aux grands regrets de milliers de fans, l’album ne sera jamais défendu en concert encore moins sur une tournée. Quorton jugeait qu’un show de Bathory aurait dû être du calibre d’un « Apocalypse Now »… fait de sang, de feu, d’explosions, le tout dans un décor dantesque. Rien du genre n’eut jamais lieu, faute de motivation réelle ou de moyens…

Alors certes, je n’ai pas trop insisté en ce sens, mais soyez en bien conscient : IL S’AGIT ICI D’UN ALBUM-MONUMENT, objet de culte pour des milliers de fans et de musiciens. Une pièce d’anthologie créée par un artiste génial et précurseur. Ce dernier reposant maintenant si ce n’est au côté de ses ancêtres au Walhalla, du moins au Panthéon du Metal.


Rédigé par : thrashdeathblack | 1987 | Nb de lectures : 9198