Du death metal allemand, oui, cela existe, même si le pays d'Angela (pas celle du Saian Supa Crew, mais la chancelière) est moins coté que la Suède ou la Pologne (quelqu'un peut-il me citer deux tournées européennes d'un kador allemand de la trempe de Grave, Dismember, Vader ?). Certes on a eu MORGOTH, mais le temps de 2 albums, on peut citer KADATH, OBSCENITY, FLESHCRAWL, mais les compatriotes de Frank Stöver brillent davantage dans le speed/thrash (Destruction, Sodom, Kreator, Living Death... j'attends les démentis et les vives protestations). Revenons à nos moutons, Kai Hansen ou Matt Sinner n'ont aucun effet sur un quintette basé à Uelzen, et pourtant nous sommes en 1985, date de formation de TORCHURE.

Le groupe enregistre trois démos, "Signs Of Premonition" (1988), "Hellraiser" (1990) et "Traces" (1991), puis obtient un contrat avec le label 1MF (One More Flop records). Torchure (un patronyme faisant référence aux Chiliens de TORTURER ?) enregistre son premier album, "Beyond The Veil", décroche la première partie de la tournée allemande de Monstrosity & Pestilence (selon une autre source, c'est une tournée Sepultura/ Pestilence), une occasion de marquer les esprits pour Stefan (batterie), Andreas & Thomas (guitares), Thorsten (basse) et Martin (chant). Malheureusement Torchure perd ses deux guitaristes dans un accident de voiture. Le combo va recruter les jumeaux Staller (Mario et Malte), sortir un second album, "The Essence" en 1993, tourner avec Disharmonic Orchestra sur 40 dates, avant de splitter.

Il nous reste la musique, "Beyond The Veil" comporte 10 morceaux (dont 2 instrumentaux et une introduction). Pas de satanisme ni de référence à l'occultisme (genre Deicide, Morbid Angel), pas de gore non plus dans les textes, Torchure explore plutôt l'esprit humain. Contrôle des pulsions négatives ("Abysmal Malevolence"), émotions d'une victime d'un tueur déterminé ("In His Grip"), rejet d'une vie jugée fade, soit par la nostalgie de la période intra-utérine ("Apathetic"), soit par des envies de suicide ("Resort To Mortality", "Depressions"), ou encore dévalorisation de l'existence, l'humain est une marionnette ou bien celui qui les anime à sa guise (kamikazes, massacres), cas évoqués dans "Genocidal Confessions". Si on ajoute la pochette de l'album (un vieil homme qui se décompose), on ne nage pas dans l'allégresse. Alors un espoir du côté musical? Sûrement pas, nos amis sont aussi joyeux que My Dying Bride ou Anathema, ou encore mieux, Malevolus 67 si on lui propose un duo avec un(e) élève de la Star Academy.

Fans de Devourment, Gronibard ou Morbid Angel, passez votre chemin, Torchure exerce plutôt dans le death lourd, avec passages doomy ("In His Grip", "Depressions" rappelant Obituary), plongeant carrément dans le doom metal (les onze minutes de "Resort To Mortality"), ou accélérant légèrement la cadence ("Genocidal Confessions", "Abysmal Malevolence" proches de Massacra ou Immolation des débuts). Une voix caverneuse à souhait (normal pour du death) mais également du chant clair, des claviers et de la guitare sèche pour accentuer le côté lugubre de cet album, Torchure a "soigné la présentation". Je ne peux que vous encourager, si vous aimez Bolt Thrower, Ceremonium et les premiers Paradise Lost, à soulever le voile...


Rédigé par : Saul D | 1992 | Nb de lectures : 5300