Comme "Star Wars" ou "L'Exorciste", on va faire ce qu'on appelle "prequel", la genèse de Znowhite et Cyclone Temple, en regrettant l'absence de textes. Cela semble plus facile de trouver ceux de CRO MAGS dont on parlera plus tard, et oui, Greg Fulton alias Ian Tafoya est un fan de la clique à Harley. ZNOWHITE, né pour ça et en motocyclette (cherchez les références cachées)? Redevenons sérieux, "Blanche Neige" démarre en septembre 1982, dix mois après Metallica mais quelques mois avant Dark Angel, Hirax, Master/Deathstrike (qui sont eux aussi de Chicago). Pour mieux situer, ce sont des contemporains de Death Angel (qui apparaît à l'été 82) et pour la scène de Chicago, Trouble, Zoetrope, Warcry. Comme Lars Ulrich et beaucoup d'adolescents futurs activistes de la scène speed/thrash US, Greg Fulton collectionne les disques de la NWOBHM (Angel Witch, Iron Maiden, Tygers Of Pan Tang...) sans oublier les Judas Priest, Motörhead, Anvil, Trust (et oui!).

Avec son frère et ses cousins, les cousins, les seuls Noirs du quartier intéressés par le rock, Greg fonde Znowhite, qui est en quelque sorte le gang des Tafoya (les jumeaux Darryl (chant), Nicky (basse), Greg (guitares) et son frère Sparks (batterie)) tout comme Joey, Dee, Marky et Johnny formaient les Ramones. Inutile de dire qu'ils ne sont pas vraiment accueillis à bras ouverts par la scène heavy metal de Chicago. Darryl jette l'éponge et Nicole Lee (aka Sue Sharp) le remplace (là cela devient "Blanche Neige et les 3 bronzés", notre "ami" Dorcel et ses collègues ont dû exploiter le filon maintes et maintes fois, mais on s'éloigne du sujet), elle a aussi le rôle de manager adjoint/attachée de presse pour Znowhite.

Première démo en 83, 4 titres dont "Hellbent" qui atterrit sur "Metal Massacre" volume 3 (Znowhite sera le premier groupe chicagoan à figurer sur une compil Metal Blade, et le volume 4 proposera Warcry, Witchslayer, Trouble et Thrust). Greg Fulton ne se contente pas du tape trading, aussitôt après la parution d'une seconde démo, il décide de se lancer dans l'autoproduction avec des flexidiscs qui seront offerts avec des fanzines & magazines comme Metal Forces, Metal Mania, Kerrang. Il crée un label, EMA/Polydisc et réussit (grâce aux flexidiscs) à avoir des connections avec Rod Smallwood( Sanctuary) et Mike Varney (Shrapnel records). Malgré tous ces atouts, Znowhite ne perce pas à cause de la couleur de peau des 3/4 du groupe. Un deal avorté avec Megaforce en juin 83 conduit le groupe à sortir le mini LP "All Hail To Thee" début 1984, toujours en autoproduction, et le EP "Kick'em when they're down" en 1985, ainsi que "Live Suicide", un EP live.

Les conditions de tournée (tout le monde dans le van et on mange ce qu'on trouve) provoqueront les départs de Nicky & Sparks, puis celui de Nicole Lee après l'enregistrement de "Act Of God", premier album du groupe (qui aurait pu sortir fin 83, ou fin 86...). Mais revenons sur les deux EP "All Hail To Thee" et "Kick 'em when they're down". En général, quand on a un morceau sur "Metal Massacre", on finit chez Metal Blade pour au moins un album (Hirax, Trouble, Slayer, Cirith Ungol...), ou bien on atterrit chez les "voisins" Megaforce (Metallica, Anthrax...) ou Combat Records (Possessed, Nuclear Assault. Dark Angel...), eh bien Znowhite se retrouve à payer l'enregistrement de son album (avec les producteurs de "Kill'em All", Paul Curcio & Chris Bubacz) pour Megaforce, puis le pressage, donc a priori ils sont propriétaires des masters, seulement il faudra une action en justice pour récupérer ces bandes, de plus abîmées, chapeau Johnny Z ! Ce sont ces enregistrements que l'on retrouve sur les EP.

"All Hail To Thee" comporte 7 titres, dont 2 de la 1ère démo, "Never Felt Like This" et "Something For Nothing", dans une veine plutôt heavy rock ou NWOBHM, on sent des influences Motörhead ("Saturday Night"), Accept ou Mötley Crüe du 1er album ("Rock City Destination", "Something For Nothing", "Never Felt Like This" une ballade qui vaut le détour). Ceci dit le morceau le plus long est justement la ballade, près de 4 minutes, les titres restants tournant autour des 2 minutes, ce qui rappelle (en plus calme bien sûr) un certain combo californien du côté de Orange County, HIRAX. D'autant plus que les trois salves speed metal ("Sledgehammer", "Bringing The Hammer Down" et surtout les 95 secondes de "Do Or Die", à peine plus long qu'un "Stand Up" de Minor Threat ou "Pay To Cum" de Bad Brains) annoncent les "Evil Demon Forces" , "Call Of The Gods" ou "Bombs Of Death" à venir.

Avec "Kick'em When They're Down" (5 titres), les influences Mötley Crüe ont quasiment disparu. Znowhite s'est endurci, les nouveaux morceaux (3) sont plus longs. Commençons par les anciens, "Live For The Weekend", présent sur le premier flexidisc du groupe, 90 secondes de heavy correct et entraînant. "Too Late", 2 minutes de bon power metal (pour situer, imaginez les débuts vinyliques de Running Wild ou Helloween), une bonne entrée en matière. On poursuit avec la ballade "Turn Up The Pain", un joyau de 5 minutes, le puissant "Run Like The Wind" (4 minutes) et mon préféré "All Hail To Thee", trois minutes de speed/thrash splendide où Greg Fulton dose parfaitement agressivité et mélodie (notamment la ligne de chant de Nicole aka Susan Sharp). De plus ses soli s'adaptent vraiment aux morceaux, courts, sobres mais efficaces. Un groupe dangereux pour le Big Four (Metallica, Anthrax, Slayer, Megadeth)? Quand on a le soutien de Rod Smallwood, on ne peut pas être mauvais ou quelconque, alors je recommande très fortement ces deux EP (source Snakepit #12).

"All Hail To Thee" (EMA/Polydisc/Enigma, 1984), "Kick'Em When They're Down" (EMA/Polydisc/Enigma, 1985), [ainsi que réédition Axe Killer, 1998].


Rédigé par : Saul D | 1985 | Nb de lectures : 5554