LOUDBLAST - Fragments (Metal 13) - 23/06/2012 @ 21h43
Quand je me suis mis au Death vers la fin des années 90 par l’intermédiaire de grands groupes Américains, mes connaissances de la scène Française (pourtant très prolifique au début de cette décennie) étaient limitées. Les vieux baroudeurs en vantent aujourd’hui les mérites dans ces pages (et ils ont raison), mais il faut bien avouer que certains « acteurs » de ce mouvement s’étaient fait plus discrets en quelques années.
De plus, le métal Français n’avait franchement pas une bonne réputation en cette fin de siècle. Seuls certains groupes de Fusion et de Neo-metal cartonnaient, au grand désespoir des puristes, jamais à cour de critiques à l’encontre de ces genres (riffs à 2 notes, influences Hip hop, et pantalons trop grand…).

Après quelques années d’absence chez les marchands de brutalité, Loudblast l’un des plus célèbres représentants du Death made in France, faisait son grand retour avec l’album « Fragments » en 1998. Soit 5 ans après un « Sublime Dementia » élevé aujourd’hui au statut d’œuvre culte. J’imagine à quel point la suite était attendue chez les fans de longue date.
Bien entendu, je crevais d’impatience de le découvrir et heureusement qu’un célèbre revendeur (et arnaqueur), où j’avais l’habitude de squatter, avait eu la bonne idée de mettre ce disque sur une borne d’écoute.
Le premier titre « Mans own » me fit l’effet d’une bombe avec son riff aussi puissant qu’addictif. Une entrée pour le moins percutante enrichie d’un texte s’interrogeant sur l’être humain et cherchant en vain à défier les lois de la nature. Ce serait un crime de ne pas parler de l’entraînant « Flesh » enchaîné en 2ème piste qui renforce encore plus cet impact. Son attaque « Thrash », assure un doublé d’une efficacité redoutable !

Même si le disque démarre de façon survoltée, les « Loudblast » n’ont pas pour autant oublié d’ajouter des mélodies, des nuances ou de soigner les ambiances tout au long des 12 morceaux que compte l’album.
Le titre « Frozen Tears » est le plus atmosphérique et voit l’apparition d’un chant féminin pour une touche mélancolique du plus bel effet. Un moment rare pour un disque qui reste avant tout glauque et bien brutal.
Les vocaux de Stephane Buriez se présentent sous la forme d’un hurlement bestial très impressionnant, sa façon d’articuler en insistant sur les mots en fin de phrases, est un vrai régal. Il faut l’écouter hurler comme un damné et moduler sa voix comme sur le terrible « Taste Me » pour comprendre la passion qui l’animait. Le chanteur guitariste signa la plupart des musiques de l’album ainsi que les textes de 2 chansons. C’est son compère François Jamin, bassiste de son état, qui signa les 10 autres.
Le thème du sadomasochisme semble récurant tout au long de l’album. Est-ce que les auteurs se sont inspirés de leurs expériences ? Où alors, ont-ils prédit les évènements liés à l’affaire D.S.K ? Je ne saurais répondre, en tout cas, une chose est sûre, le concept du disque explore la nature de homme, ses pulsions et toute sa perversion !
On peut dire que des chansons comme « Flesh », « Pleasure Focus » et « Ecstatic Trance » sont de véritables odes au sexe extrême, illustrées par des photos appropriées au sein (sans mauvais jeux de mots) du livret.
La superbe pochette est signée par le talentueux Bolek Budzyn, peintre attitré et véritable identité visuelle de l’univers si particulier du groupe.

Au premier abord, les riffs paraissent assez simples et basiques mais sont en fait très ingénieux et efficaces. Dans les interviews de l’époque, Stephane Buriez, expliquait sa volonté de composer des chansons en favorisant l’essentiel plutôt qu’une succession de nombreux riffs ajoutés les uns aux autres. En gros, ce qu’ils perdaient en complexité, ils le gagnaient en efficacité. Les différentes parties sont répétées et assemblées entre elles comme des boucles d’une grande fluidité.
Le monstrueux « Pleasure focus » vous écrasera les vertèbres (ou ce qu’il en reste) avec son « Bend » extrêmement Heavy.
Simplicité rime avec efficacité semble être le maître mot de l’album, mais le disque dévoile de plus en plus ses richesses au fur et à mesure des écoutes.
On peut noter la présence de chants clairs intelligemment utilisés, pour créer des atmosphères étranges qui servent les compositions.
L’excellent « Into the Keep » en est un bon exemple, son pré refrain en chant clair élève le refrain plus hurlé. Cerise sur le gâteau, un solo d’inspiration Flamenco s’étire sur une fin des plus malsaine.

Les Lillois ont tellement bien digéré leurs influences, qu’il s’avère difficile de classer ce disque dans un style bien précis.
Partant d’une base Death métal, les structures des morceaux sont en quelque sorte plus « Rock » avec des parties superbement arrangés et épurés. Un certain travail a été fait au niveau des refrains, sans rendre le tout trop accessible, ou formaté.
Les riffs empruntent aussi bien au « Thrash » qu’au « Death » voir au « Heavy » pour les parties plus softs. Les compétences des musiciens ajoutent du feeling et de la mélodie à l’ensemble pour un résultat d’une grande homogénéité. La section rythmique est impressionnante, les parties du batteur Hervé Cocquerel apportent puissance et précision dans des chansons aux changements de tempo fréquent. Le guitariste Nicolas Leclercq, un des membres originel, n’est pas en reste, en co-écrivant 3 titres dont le bien nommé et très Death métal « Carpe Diem » qui clôture le disque.

En prenant du recul et en le comparant avec les autres œuvres de cette formation, « Fragments » sonne comme du pur Loudblast mais en bien plus moderne, notamment grâce au mixage du célèbre Colin Richarson, responsable de pas mal de réussites en terme de son et d’innovations durant les années 90. Le fait de délaisser le « Morrisound studio » de Scott Burns, pour casser une certaine routine, aida cette évolution, moins purement Death. On sent une volonté de changement par rapport à leurs productions ultérieures. Cet album est le fruit du travail de musiciens arrivés en pleine maturité et au top de leur inspiration. Aux dires du groupe, l’enregistrement fut très difficile et des tensions internes ont eu raison de leur complicité.
Et même si cet album n’est pas aussi reconnu que les précédents, il n’en reste pas moins un excellent disque rempli de classiques qui ont permis à Loudblast de rester le chef de file du métal hexagonal, jusqu'à sa séparation en 1999 au terme d’une ultime tournée.

Heureusement, une reformation aura lieu quelques années plus tard, malgré un line up modifié et les activités annexes de ses membres. Mais depuis, la scène Française a bien changé avec l’apparition de jeunes talents, qui feront beaucoup parler d’eux, par la suite...


Rédigé par : vincesnake | 1998 | Nb de lectures : 1980


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Commentaire
hammerbattalion
Membre enregistré
Posté le: 23/06/2012 à 23h57 - (27656)
Excellent album, mon préféré des louds avec Cross, enfin, ils ont le son, enfin, ils en viennent à l'essentiel, c'est varié, puissant mélodique, çà faisait du bien en 1998, année merdique niveau metal quand même!



MADTRASH
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2012 à 01h29 - (27658)
album assez decrie par les fans , et pourtant , c'est l'album qui a eu le plus de succes .
c'est l'album des louds que je prefere , et meme encore aujourd'hui, je prend toujours autant de plaisir a l'ecouter .


GabinEastwood
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2012 à 10h12 - (27663)
J'ai vraiment eu du mal avec cet album, et pourtant je suis un très grand fan du groupe, mais celui là avec Planet Pandemonium je n'ai vraiment pas accroché.

Quelques bons titres : Flesh, Carpe Diem ou Pleasure Focus mais le reste ne me branche pas.





Raoul Volfoni
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2012 à 10h29 - (27665)

Idem: grand fan a l'epoque, le cote un peu trop Heavy et moderne m'a rebute au depart (un peu comme le Black album). Je lui redonne sa chance et c'est finalement un excellent disque que j'ecoute encore beaucoup aujourd'hui

Floyderz
Membre enregistré
Posté le: 24/06/2012 à 10h39 - (27666)
Excellent! un de mes disques préférés de la fin des 90's! j'attendais le successeur de Sublime Dementia et j'ai pas été déçu!
Vraiment je regrette que la suite n'ait pas été à la hauteur.



evil
Membre enregistré
Posté le: 25/06/2012 à 20h51 - (27683)
A écouter



RBD
Membre enregistré
Posté le: 30/06/2012 à 23h46 - (27691)
J'en garde un assez bon souvenir. Il est varié, propre, extrême pourtant... Mais sur le moment j'avais eu de gros doutes : la thématique SM était lourdaude à force, et ces quelques fioritures bien classiques quoique pertinentes dans l'ensemble (exemple qui résumerait tout : le chant féminin sur "Frozen Tears" passe parfaitement, épice le morceau, mais était-ce vraiment une prise de risque folle ?).

Et sur le moment, comme tout ce qui était Thrash et Death paraissait dépassé, cela semblait confirmer cette impression de voir un groupe francaoui emblématique tenter de se renouveler un peu tous azimuts, même si ça passait - je le redis.

Maintenant ces angoisses existentielles sont bien loin, reste un album pas mal.

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