“Tout le monde a droit à une deuxième chance”… cette réplique culte, on la retrouve dans tellement de films que je vais pas m’amuser à les citer ici. Et puis on est là pour parler musique non ? Et même de très bonne musique puisqu’il s’agit du douxième album de nos Anglais préférés, j’ai nommé Iron Maiden. On va s’éviter les présentations, je pense que tout le monde connaît ce petit combo londonien qui est aujourd’hui au metal ce que Ferrari est à l’automobile ou Clint Eastwood au cinéma, c'est-à-dire une légende.

Sauf qu’à l’époque, la légende elle a un peu de plomb dans l’aile… Smith et Dickinson partis depuis respectivement 1989 et 1993, il a fallu embaucher pour continuer la production. Et si le choix d’un guitariste n’est pas évident, celui d’un nouveau chanteur relève carrément de l’acrobatie, voire de la magie quand il faut succéder à Mr Air Raid Siren en personne. Pas question ici de débattre des qualités et défauts de Blaze Bailey, ni des choix artistico-footballistiques de Steve Harris, mais il convient d’admettre que la popularité du groupe s’est quand même réduite à sa fan base hardcore… Et même si ça représente beaucoup de monde, les ventes de disques s’étiolent et les tournées se font désormais dans des salles beaucoup plus modestes. La fin d’une époque ? oui, un peu…

Sauf qu’en 1999 la nouvelle tombe, aussi sèchement que celle annonçant son départ : Dickinson is Back !! Pourquoi, comment, à cause ou grâce à qui, on s’en fout, il est de retour ! Après une éternité qui finalement n’aura duré que six ans, la voix de Maiden est de retour. On le sentait quand même venir, il n’y a qu’à écouter son album « Accident Of Birth » pour comprendre que le metal à la Maiden lui manquait. Et en plus, il ramène Adrian Smith, formidable guitariste et surtout véritable âme sœur musicale de Dave Murray. Mais comme chez Maiden la scène est grande, on garde Jannick Gers malgré tout.

Alors, deux retours inespérés, trois guitares, un public à reconquérir, le décor est planté. Après une tournée Best of surtout destinée à rassurer sur la cohésion du groupe (et sur ses finances…) et la motivation de l’ami Bruce, Maiden prend la direction des studios Guillaume Tell à Paris, en compagnie de Kevin Shirley, producteur inédit pour le groupe. Le résultat est donc "Brave New World", album forcément attendu comme le messie par toute la planète métal qui espère revivre l’âge d’or du grand Maiden. Coup de Poker, Quitte ou Double, choisissez votre expression mais si le groupe se plante là, ça va être dur pour la suite.

Verdict ? une tuerie ! l’un des meilleurs albums du groupe, à ranger directement avec les grands classiques des années 80. Maiden a réussi le tour de force de proposer une musique composée à la fois des éléments classiques du groupe mais aussi d’une touche de modernité. Pour le classicisme, on notera les cavalcades de Steve Harris, bien présentes sur "Ghost of Navigator" ou "Dreams of Mirrors" par exemple, et bien sûr la voix de Bruce Dickinson. Cette voix qui a tant manqué et qui de nouveau vient se poser sur des morceaux efficaces, très heavy pour certains ("Fallen Angel", "Wicker Man"…).

Le côté plus moderne est lui assuré par les très riches arrangements proposés par les trois six-cordistes du groupe et les nappes de clavier, discrètes mais enfin assumées. Le son est également enfin à la hauteur et Kevin Shirley a vraiment su donner une nouvelle profondeur à la musique du groupe. Cela manquait terriblement depuis que Steve Harris se chargeait de la production.

C’est aussi cet album qui affirme clairement l’orientation « prog » du groupe, avec des morceaux bien longs, commençant généralement par des arpèges ou des claviers pour finir en courses endiablées, le tout au rythme des triolets de Steve Harris. Et toute la différence avec les pièces les plus longues de "Virtual XI", à l’exception du très réussi "Clansman", c’est qu’ils ont su éviter le piège du copier coller de riffs sans reliefs ni personnalité.

Là on a du costaud, du début à la fin des morceaux. "Ghost of the Navigator" et "Dreams of Mirrors" constituant deux pièces majeurs de l’album, dignes de "Rime of the Ancien Mariner" ou de "Seventh Son of a Seventh Son". Les compos du groupe ont retrouvé leur force épique et des morceaux comme "Fallen Angel" et "Out of the Silent Planet" restent aujourd’hui d’une efficacité redoutable.

Et que dire de "Brave New World", morceau éponyme que je considère comme le plus réussi de l’album et qui figurerait sans problème dans le Top 10 des meilleurs morceaux du groupe ! Il résume à lui seul l’ambition d’Iron Maiden pour cet album et contient tous les ingrédients utilisés pour faire de ce retour une réussite, tant artistique que populaire !

Car oui, le grand Maiden est revenu, les stades et salles gigantesques se sont à nouveau ouverts, les grands messes ont repris et le groupe n’a jamais semblé aussi populaire, surtout avec la contagion qui s’est propagée dans les pays d’Amérique du Sud qui n’ont pu que trop peu profiter des grandes heures du groupe dans les 80’s.
Le témoignage de cette nouvelle conquête de l’autre Amérique, du nouvel Eldorado du metal, on le retrouvera l’année suivante sur le live "Rock in Rio", véritable pendant historique de "Live after Death" et preuve ultime que la musique de Maiden se vit pleinement en concert !





Rédigé par : Floyderz | 2000 | Nb de lectures : 2210