1989, prenant en compte le succès remporté par les Metallica, Slayer, Anthrax et autres Megadeth, toute grosse major se doit de signer son groupe de thrash. Ainsi, Death Angel rejoint le géant Geffen (Aerosmith, Guns'n'Roses, White Zombie, Nirvana plus tard...). Forts d'une démo produite par Kirk Hammett et de deux albums qui ont sérieusement fait parler d'eux, le gang familial américano-philippin a décidé de faire parler la poudre. Pour cela, ils s'associent au vétéran Max Norman, pas n'importe qui à l'époque, puisqu'il a produit la plupart des meilleurs albums d'Ozzy Osbourne et, entre autres un peu plus tard, "Rust In Peace", le chef-d'oeuvre de Megadeth. Tout est donc réuni pour que les jeunes thrashers (le batteur Andy Galeon a tout juste 17 ans) deviennent "the next big thing". Passons donc à l'album, déjà la cover n'est pas franchement une réussite, recto et verso d'ailleurs, mais c'est dans la moyenne de l'époque, c'est dire. Heureusement, le contenu est tout autre.

L'album débute par un bruit de vaguelettes, et soudain la machine s'emballe, riffs syncopés, batterie au taquet, soli inspirés et vocaux rageurs, "A Seemingly Endless Time" est un petit brulôt thrash. D'ailleurs j'écoute cet album au casque et, après plus de vingt ans et des dizaines d'écoutes, je découvre un cri de sauvage sous-mixé dans l'intro, côté gauche. Deuxième morceau, "Stop", dans la même veine, du thrash de mammouth, mélodique, violent, inspiré, technique... Robert Cavestany et Gus Pepa sont vraiment d'excellents gratteux. Arrive "Veil Of Deception", ballade acoustique au rythme soutenu, on s'éloigne des terrains balisés du speed américain. Le quatrième morceau est un peu à mes yeux le ventre mou de l'album, heavy basique mais ça passe. S'ensuit "Discontinued", tiens... de la basse slappée, des riffs et de la batterie fusion, Mordred n'a qu'à bien se tenir, Death Angel n'oublie pas de bastonner! Vient pour moi, la première vraie claque de ce skeud, LE morceau de Death Angel, "A Room With A View" commence comme une gentille chansonnette ambiance estivale, feu sur la plage, et bière à gogo, s'électrise au milieu et se termine paisiblement, morceau tout en ambiance, un régal. "Stagnant" et "EX-TC", deux bons morceaux thrash, quelques notes funky pour le premier. "Disturbing The Peace", toujours ce rouleau compresseur de riffs sous pression, vocaux menaçants, la violence va crescendo, excellent. L'album se termine sur "Falling Asleep" et aucune envie de dormir ne se fait sentir (ce cri!!!!), au contraire on en redemande...

On en redemande, seulement voilà, le groupe n'est pas du tout soutenu par son label et rencontre d'interminables problèmes juridiques avec son ancienne maison de disques, Enigma. Victimes d'un terrible accident de tour bus pendant la tournée qui suit, gravement mutilés et choqués, les Death Angel jettent l'éponge, véritable injustice, ce groupe aurait pu devenir énorme. Ils forment par la suite The Organization, sans le vocaliste Mark Osegueda, et sortent deux albums solides qui ne rencontrent pas le succès. Pour ma part, cet album est un pur joyaux de thrash et de metal tout court, un peu passé inaperçu à sa sortie en 1990, année bénie par les dieux du metal. Je l'ai acheté en vinyle en 1991 et j'y reviens toujours avec plaisir. C'est d'ailleurs dommage qu'ils n'en jouent pas plus d'extraits depuis leur reformation.


Rédigé par : Hammerbattalion | 1990 | Nb de lectures : 2661