NOFX - Punk In Drublic (Epitaph) - 17/05/2009 @ 08h38
« Quand j’étais ados, j’aimais les Sex Pistols, les Scorpions, les Ramones et Saxon. J’avais des T-shirts de Punk Rock et des lunettes Hard Rock. Apprécier le punk et le hard Rock n’était pas spécialement bien vu. Il fallait choisir son camp. »

James Hetfield

Punk ou Metalleux, choisis ton camp camarade.

A l’époque, pour les néophytes, écouter NOFX, METALLICA ou AC/DC c’était écouter du Hard rock.
Les différences se faisaient surtout au niveau du look : le punk avait une crête et des rangers, le metalleux les cheveux longs et des T shirt à têtes de mort.
D’une manière globale, l’apparence l’emportait sur la musique qui en fin de compte était toujours à base de guitare électrique, de batterie à fond les basques et de hurlements stridents.
Ca, c’était pour ceux qui n’y connaissaient rien.

Pour les autres, une frontière a toujours séparé le punk et le metal. On ne peut pas vraiment parler de frères ennemis car les deux styles allaient très souvent dans la même direction en empruntant évidemment des chemins différents.

A l’époque les fans de metal et de punk se tiraient régulièrement dans les pattes en faisant de leur mieux pour s’affirmer au travers des identités dessinées par les « maîtres à penser » des deux écoles. Deux phrases types de l’époque :
« Les punks ne savent pas jouer ».
« Les metalleux sont des poseurs ».

Pourtant, un fan de BAD RELIGION aurait pu discuter avec un fan de SLAYER de la reprise de « IRON MAN » de NOFX.
Heureusement que certains mélomanes écoutaient la musique sans se soucier des avis extérieurs.
Quand j’y pense, si j’avais été un fan « true Hardcore Evil », je me serais peut-être privé du plaisir d’écouter NOFX en même temps que Sepultura.
Le plus drôle, c’est qu’avec le recul, je m’aperçois que malgré les grandes différences de look, tout le monde écoutait quasiment la même chose. Et quand tu posais une oreille sur NOFX, tu avais envie d’en écouter plus.

Dans les sphères punks, NOFX était considéré comme un groupe à part.
Une certaine tradition du punk voulait que l’agressivité musicale reste brute et sans concession. Cela drainait donc un public assez particulier qui pouvait se fritter méchamment lors de concerts sauvages.
Rapidement, NOFX incorporera du reggae à sa musique, de nombreuses harmonies vocales et une dérision peu commune.
Ce type de comportement entraînera certaines personnes à les prendre pour un groupe de joyeux drilles pas vraiment dignes d’être considéré comme des vrais pounks.
Mais NOFX avait aussi compris un élément primordial du punk : la liberté.

« Punk in drublic » (contrepétrie de Drunk in public) était le cinquième album de NOFX (si on excepte les sorties chez Mysctic records). Succédant à une série d’albums plus où moins aboutis, cette petite bombe avait de sacrés atouts pour propulser le groupe dans la catégorie supérieure.
En bons punks, le groupe n’a jamais été un posse de techniciens (en atteste plusieurs passages studio pas toujours très carrés, sans parler des lives parfois hasardeux) mais ils faisaient des progrès et des efforts.
Avec « Punk in drublic » on était loin des approximations des débuts et l’inspiration était vraiment au rendez-vous.

Tour à tour mélodique et rapide comme l’éclair, entêtante puis varié, la musique était un gros Gloubi-boulga mixant diverses sauces musicales avec un humour qui se substituait parfois à des propos plus sérieux voire séditieux.

Le côté jouissif de cet album venait d’une part de la grosse pêche qu’il contenait et de l’unité qui s’en dégageait malgré la variété des territoires musicaux explorés.
Vu les hits qui le composait, l’album pouvait très bien se segmenter pour savourer sans apéritif un « Don’t call me White » ou un « Linoleum ».
Il pouvait aussi s’écouter d’une traite avec une impressionnante sensation de limpidité.

C’est là que NOFX faisait très fort.
Les albums de punk avaient tendance à lasser car trop souvent uniformes avec des chansons sur le même format : courtes, simples et rapides.
NOFX proposait donc un bon album puissant et varié sans tomber dans le commercial de certains poseurs de la scène californienne.
En effet, en 1994, Offspring éclatait à la face du monde avec « Smash » et Green Day sortait « Dookie ».

NOFX profitera certainement des feux braqués sur la scène punk rock américaine mais en bons garçons, ils ne céderont pas aux propositions du star system. Ils garderont un côté abrasifs, irrévérencieux et fun. En d’autres termes ils n’oublieront pas d’où ils viennent et ils ne passeront pas sous la table.

Au départ, j’avais tendance à penser que les NOFX étaient une bande de joyeux lurons chantant des hymnes aux lyrics improbables.
C’était relayé par certains de leur fans assez crust à l’image du rock alternatif : Prétentieux et arrogant.

Pourtant, une rapide petite traduction permettait de voir que les boys s’attaquait à des sujets sensibles et avait le goût des phrases provocatrices révélatrices de malaises.
« Don’t call me white », en plus d’être une superbe chanson, évoquait un sujet assez peu évoqué dans le rock.
Je vous laisse le soin de traduire les lyrics pour vous en rendre compte (« J’accepte la responsabilité de ce que je fais mais non pour ce que je suis »).
« A perfect governement » (dont les paroles ont été écrites par le leader de l’ancien groupe de « El Hefe ») avait aussi des lyrics très punks tout comme « Dig » ou « Lori Meyers ».
« The cause » était lui aussi une pure tuerie dans un tempo un peu plus calme que les autres laissant entrevoir une facette future des gars.
« My heart is yearing » était le premier morceau de l’album à être vraiment dans un style différent du punk habituel des NOFX.
Trompette, rythme reggae, drum steel (??) et voix d’opéra (??) donnaient vraiment l’impression d’interlude à cette chanson pourtant réussie.
« The brews » commençait avec une guitare distordue, très grasse, et narrait un texte rythmé qui évoquait un sujet certainement cher à NOFX : « Hey nous sommes les brews, des tatouages sportif anti-swatiska OÏ !! OÏ !! OÏ !! Nous sommes les boys ».
Sur ce titre (et c’est bien sûr l’effet voulu) on avait l’impression qu’une bande de hooligans furieux venait pogoter dans votre salon.

« The Quass » enchaînait avec « Dying degree » et proposait le morceau le plus rapide et énergique de l’album.
Un matériel dévastateur qu’il fallait manier avec précaution.
« Lori Meyers » était un morceau à la tonalité très mélancolique mais aussi très crue à l’image des lyrics et de la chanteuse venant coupler sa voix à celle de Fat Mike.
On retrouvait ici une facette plus sombre de NOFX où l’âpreté de la musique et des voix se disputait à la violence du sujet.
«Jeff wears birkenstocks » avait un riff très hard rock et une construction très aérée.
« Punk guy » et « Happy guy » étaient tous les deux dans une même veine (avec les fameux décompte de quatre coups à la caisse claire) : offensifs et puissants.

« Reeko » était une très bonne chanson. Partant sur un petit rythme reggae (mais chanté par Fat Mike alors que la plupart des chansons calme étaient chanté par « El hefe ») elle démarrait en trombe et sans crier gare pour terminer en achevant tout le monde et en s’arrêtant comme ue couperet.

Je n’oublie pas non plus « Linoleum », la première déflagration, qui avec son riff d’ouverture a marqué toute une génération d’amateur d’épingle à nourrice. « Leave it alone » était dans un style différent, tout aussi efficace.

Du grand art…

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque le punk n’avait pas encore été pillé par les majors. J’entends par-là que c’est à cette période qu’ont commencé à pulluler les groupes minables empruntant les même recette musicales que NOFX ou Rancid mais sans avoir l’esprit et bien sûr, sans les couilles.
A cette époque, jamais on aurait pu penser que nos plus sinistres représentants de la variété française se la jouerait un jour hardcore mélodique.
Quoi qu’il en soit ces rigolos apprendront vite que n’est pas punk qui veut et surtout que les recettes en musique cela ne marche pas toujours.

Ne vous fiez pas au caractère, simple en apparence, de l’ensemble pour vous concentrer sur l’essentiel : apprécier de la bonne musique jouée avec conviction.

Un petit peu de lyrics en bonus ? « Linoleum » ?

OÏ !! OÏ !! OÏ !!

« That's me on the beachside combing the sand
Metal meter in my hand
Sporting a pocket full of change
That's me on the street with a violin under my chin
Playing with a grin, singing gibberish
That's me on the back of the bus
That's me in the cell
That's me inside your head »



Rédigé par : pamalach77 | 1994 | Nb de lectures : 2110


Auteur
Commentaire
Blind
Membre enregistré
Posté le: 14/05/2009 à 14h57 - (26732)
Sans doute le meilleur album du groupe (avec The Decline), "Punk in Drublic" montre un NoFx au sommet de son art. Dommage qu'il n'y ait pas plus de metalleux qui écoutent du punk ou de punks qui écoutent du metal parceque on peut très bien écouter les deux styles de musique, c'est compatible. Dernière chose, certains personnes NoFx au sérieux car selon eux le message délivré n'est pas punk. Ils feraient mieux de se pencher un peu sur les lyrics de NoFx car comme le souligne Pamalach, ce groupe est autant capable de délivrer des chansons fun que d'autres plus sérieuses et ce, avec le même talent.



Yohm
Invité
Posté le: 17/05/2009 à 12h26 - (26740)
Album Mythique avec son intro mythique!

J'ai un peu de mal avec les machins Ska mais par contre des chansons comme "Lori Meyer" font partie de mon patrimoine musical.



TormenT
Membre enregistré
Posté le: 17/05/2009 à 12h33 - (26741)
Un album qui m'a lancé sur les traces du hardrock/metal !
Et une vraie tuerie, même encore aujourd'hui !!



simous
Invité
Posté le: 17/05/2009 à 14h23 - (26742)
Sacré album ce punk in drublic ! c'est vrai qu'on ne s'en lasse pas,
The decline est également très bon !!!
bonne chronique !

Arnahud
Invité
Posté le: 17/05/2009 à 14h39 - (26743)
Ca me rappelle mes années collèges...snif!

Gus
Invité
Posté le: 17/05/2009 à 22h21 - (26746)
Surement l'album punk rock que j'ai le plus écouté !

evian
Invité
Posté le: 18/05/2009 à 15h34 - (26748)
Des airs légers mais des paroles souvent fortes et tellement vraies. Un de leur meilleur titre est aussi sur l'EP "The longest Line", le fameux "kill all the white men"

sid
IP:80.215.192.248
Invité
Posté le: 09/03/2014 à 22h15 - (30638)
Je ne sais pas si on peut vraiment dire que le punk n'avait pas encore ete pille par les majors, fin 70 tout debut 80 il etait tres a la mode et influancait la scene pop ( blondie par exemple), Sex Pistols beneficiait d'une campagne marketing consequante (la promo en bateau mouche live sur la Tamise), Billy Idol explosait les charts, Clash remplissait les salles etc...
Lorsque le Thrash a emerge, il etait assez banale de voir des metalleux thrashers avec des t shirt GBH, Exploited ou DRI...pour ce qui est du melange du publique et des genres, je citerais Motorhead ou les Ramones, sans oublier la vague proto punk us , qui a deferle sur Londres.

djabtrash
Membre enregistré
Posté le: 11/03/2014 à 01h59 - (30643)
prod un peu trop clean et aseptisée (le groupe s'en est expliqué je crois, c'est un peu un accident), mais sinon album de malade de A à Z !

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker