« Future looks Obsolete »

Si je n’avais pas entendu Mc Solaar (Claude Mc pour les puristes) utiliser le terme « Obsolete » dans une de ses chansons, je pense que le titre de ce quatrième album des FF m’aurait furieusement intrigué.
En effet, même s’ils n’étaient bien entendu pas les seuls qui méritaient qu’on s’intéresse au sens de leurs lyrics, Fear Factory avait toujours eu à cœur de raconter des histoires dans leurs chansons. Des histoires lugubres avec des robots, de la ferraille, des révolutions planétaires et des nuages pleurantleurs pluies acides sur un monde dévasté par les radiations nucléaires. Du Murphy, du Sarah Connor, du T-1000, du Cain et du Blade Runner… avec des gros poils bien entendu.

Est-ce que les lyrics ont une importance capitale ? Si on s’en réfère à John Tardy ou à Kurt Cobain, pas obligatoirement.
Pour Fear factory par contre, il semble que oui car sur cet album ils poussaient l’écriture encore plus loin que sur « Demanufacutre », en nous livrant un concept album très travaillé.
Les Fantastics four avaient composé ici des chansons créant une histoire originale, le tout enrobé dans un livret de toute beauté, à l’art graphique très travaillé.
De tout temps, les boys ont tripés sur l’esprit « Terminator », adorant l’idée que les hommes pourraient être exterminés par des robots finalement pas si dévoués que ça à l’homo sapiens.
Ils ont donc assumés leurs passions en créant un concept s’apparentant à un scénario où les machines se retourneraient contre leurs créateurs pour finalement les annihiler complément, rendant la race humaine obsolète. Brrr…
Je suis d’accord que ce n’était pas d’une inventivité incroyable (surtout en cette époque particulièrement fertile en film de ce genre) mais cela changeait des chansons sur Lucifer et au final, vu la puissance de feu du groupe, ça avait de la gueule.
On avait tous peur que cet album ne soit pas à la hauteur du fantastique « Demanufacture » et on avait… tort.
En effet, dès les premières mesures de « Shock », on se prenait une sacrée mandale dans les gencives et avec une ouverture pareille, Fear Fact écartait tous nos doutes et petites angoisses.
La chanson était une parfaite introduction (cela se confirmera en live d’ailleurs) et avec sa violence alternée avec des passages très mélodiques on était totalement conquis. La fin de la chanson était dantesque, avec un Burton s’aventurant dans les hurlements aigus pendant que le maigrichon Dino faisait rugir sa grasse guitare.
Premier constat, pas de révolution car le groupe revenait avec ses armes de prédilections :
Le furieux Raymond Herrera pédalait encore plus vite qu’avant, le sympathique Christian moulinait comme une mule, le gros Dino brillait avec son habituel excellent travail sur les riffs et le songwritting pendant que le blondinet Burton hurlait comme un sauvage tout en améliorant encore ses passages en voix claire.
« Edgecrusher » continuait sur cette tonalité guerrière en brossant le portait du héros sauveur du monde destructeur des méchantes machines. Une sorte de super justicier ultra véner n’ayant pas peur de se frotter à la mécanique pour que la chair l’emporte sur le boulon.
Musicalement, le groupe s’aventurait dans un registre « groovy » et « jumpisant ».
Christian sortait sa contrebasse de l’armoire pour nous offrir un passage tout simplement étonnant pendant que Burton débitait des paroles vengeresses avec un flow se rapprochant quand même pas mal du rap. En incluant ce type d’ingrédients dans sa musique, Fear Factory se rapprochait alors de la scène Néo metal, ce qui ne plaira pas des masses aux fans de la première heure.
« Smasher/devourer » frappait par son caractère planant mâtinée de double pédale furieuse (le pont à la batterie est vraiment excellent). La chanson est tout de même un peu poussive car un poil trop longue.
« Securitron (police state 2000) commençait un peu comme « Hunter killer » sur l’album précédent (sans la même pêche pourtant) et permettait de démonter, si besoin était, que la Raymonde en avait encore dans les mollets.
Au fur et à mesure, l’histoire commençait donc à se dessiner d’une manière claire (rappelant des œuvres classiques de SF comme par exemple « La guerre des mondes ») et permettait de se faire son petit film à soi.
Sur l’album précédent, Fear Fact’ s’était déjà acoquiné avec le Nu mais pas sur des morceaux entiers. En tout cas pas de façon aussi manifeste que sur « Descent ». Accordage ultra grave, beaucoup de voix claires et un mid tempo sautillant. Fear Factory choisira d’ailleurs de jouer cette chanson lorsqu’il passeront à NPA (ils livreront ce soir-là une performance plutôt moyenne… pour ne pas dire médiocre). Selon les goûts, la chanson est une réussite ou pas.
On pouvait tout de même se poser quelques questions quant à cette nouvelle « orientation ». Terminé la techno (qui semblait pourtant leur tenir à cœur) et welcome aux addidas, jumpdafuckup et « Cypresseries » de tout genre. Sans réellement parler de compromission manifeste, les affreux semblaient voguer vers où le vent soufflait.
« Hi tech Hate » continuait le ton général de l’album avec une mélodie brutale bien sympa balayée par la suite par « Freedom or fire » qui frappait bien plus fort. Le rythme Drum and bass et le sentiment d’urgence qui s’en dégageait en faisaient un véritable assaut sonore. Fort de cette petite baffe, les F.F enchaînaient avec le morceau éponyme de l’album « Obsolete ». Un bon morceau à la rythmique complexe et torturée qui permettait de servir de tremplin au morceau phare de l’album (enfin du moins qui était destiné à l’être) « Resurrection ».
Emploi de cordes, clip en lien avec l’histoire (une daube à mon goût car pas assez de budget pour paraître crédible) et réelle volonté de casser la baraque. Le morceau est très bon mais il aurait peut-être mérité de sonner un peu plus méchant. Cela reste néanmoins de la haute volée, d’autant que l’excellent passage vocal de la fin de « Resurrection » enchaînait sur « Timelessness » où Burton livrait une performance vocale très impressionnante clôturant cet album d’une manière lugubre mais avec beaucoup de talent.
Officiellement, l’album s’arrêtait là, mais ceux qui avaient le digipack (sorti peu de temps après la version normale, une belle arnaque « à la Roadrunner ») pouvaient écouter la reprise de Gary Numan « Cars » (choix surprenant) ainsi que plusieurs autres titres, certes sympathiques, mais bien moins bons que ceux qui précédaient.
Selon les personnes, cet album est préféré ou pas à « Demanufacture ». En ce qui me concerne, et bien que je l’adore, je trouve que « Demanufacture » apparaît plus sauvage et moins timoré que « Obsolete ».
Si Fear Factory apparaît un peu moins méchant sur cet album, c’est que la prod’ n’y est pas étrangère. Peut-être aussi une volonté de polir un peu plus les choses (évidement cela reste assez relatif).
Cependant et en voulant « mieux faire » Fear Factory a laissé une certaine urgence au vestiaire.
Même si leur musique a toujours été chirurgicale, il n’était cependant pas obligatoirement qu’ils passent autant de temps en salle d’opération.
En revanche, l’album possède une unité et une cohésion que n’avait pas son prédécesseur. « Obsolete » sera un album plus fédérateur que « Demanufacture » mais il ne fera pas le carton qu’espérait certainement FF et Roadrunner.
Beaucoup de fans trouvent cet album moins mécanique, moins froid et plus organique que son glorieux aîné. On trouvera toujours bien des qualités aux choses que l’on aime et c’est peut-être très bien ainsi. Pour finir et quelles que soit les opinions, personne ne dira que la qualité n’était pas au rendez-vous. Que cela soit dans « Demanufacture » ou dans « Obsolete ».

On va se quitter avec, pour une fois, une chanson en entier. « Timelessness » possède peu de lyrics et je ne résiste donc pas au fait de vous les livrer en intégralité :
« I’ve felt darkness
Closing in on me
Chilling shadows
Surrounding me
I’ve had the poison
Leak into my skin
And it corroded
My heart away
Bled away
Cut away
Dark night of my soul »


Rédigé par : pamalach 77 | 1998 | Nb de lectures : 2355