SYSTEM OF A DOWN - (Sony Music) - 01/06/2008 @ 12h39
SOAD fait partie de ces groupes qui soufflent (et ont soufflé) le feu et la glace sur les légions de chevelus poilus qui peuplent notre petit monde noir ébène.
Décrié pour sa musique, son look et ses prestations scéniques parfois hasardeuses, les quatre Américano–Arméniens étaient (et sont toujours) accusés d’écrire une musique simple aux mélodies « faciles » couvertes d’une musicalité peu aventureuse et d’un son un peu trop poli : du commercial en somme.
En ce qui concerne le premier album, ce côté commercial apparaît tout de même moins évident, et ce, bien que les chansons soient courtes, bien construites et très facilement mémorisables.
Malgré tout le groupe était un peu à part des autres groupes de « Nu ».
Pas réellement de phrasé hip hop, quelques tempos soutenus et de petites harmonies typiquement métalliques.
D’ailleurs le gros barbu Rick Rubin ne s’y trompera pas en prenant sous son aile les SOAD. Une aide artistique bien sympathique (couplée à un gros coup de pub au passage) qui démarquera le groupe des autres combos « assimilés » de l’époque.
Si « SUGAR » et « SPIDERS » apparaissent comme des titres très néo dans l’esprit, « P.L.U.C.K », « WAR » ou encore « SUITE PEE » apparaissaient plus violents, et débarrassés des ingrédients indigestes employés parfois par les groupes de cette « école ».

Parfois « brutal » mais toujours avec une saveur particulière, le groupe aimait à brouiller les pistes, changer les ambiances et développer un côté psycho qui, il est vrai, était très en vogue en ces années-là. De plus (et par-dessus le marché diront certains) tous les membres du groupe avaient des accoutrements à coucher dehors.
Daron portait du maquillage et avait une petite couette qu’il agitait avec fureur en tirant une langue comme seul Gene Simmons sait le faire.
Serj Tankian lui aussi se maquillait le visage et avec sa gouffa et sa barbe phénoménale, il ressemblait au rejeton improbable de Frank Zappa et de Charles Manson.
Le batteur jouait avec un masque-à-gaz pendant que Shavo et son bouc de tous les malheurs ondulait sa grande carcasse dégingandée en roulant des billes comme si un vilain strabisme lui tracassait les pupilles.
Original pour certains, « too much » pour d’autres, et pathétiques pour le reste, ce look ne marquera pas tant les esprits que les morceaux de ce premier album.

Bien qu’assez original et varié, cet album reprenait quand même les recettes « traditionnelles » des morceaux dits un poil « barré ». Je dis un poil parce qu’on était encore loin de Fantomas ou de Primus (lesquels ne représentaient aussi qu’une certaine catégorie des groupes « barrés » puisqu’il existait dans le genre largement plus « fracassé »).
Afin de mettre en valeur les moments « bizarres », les morceaux gardaient une structure classique afin que le chant se distingue par des arabesques, des hurlements inhabituels ou à l’inverse qu’une partie musicale pose une ambiance très différente de celle préalablement posée à la voix.
Ainsi « Suit Pee » démarrait avec un petit effet sur les harmoniques très réussi avant qu’un riff très rentre-dedans ne dévaste tout sur son passage. Les paroles très antichrétienne et le chant très rugueux ne se posaient que lors d’un break où un petit clin d’œil à Slayer se faisait entendre avant que ne reprenne la chevauchée très punkoïde soutenue par une rythmique à la double pédale justement inhabituelle pour du néo.
Le second titre « Know » enchaînait sans break et soutenait dans un autre registre la dynamique du premier brûlot. La ligne de chant était très réussie et le riff, encore une fois assez simple, martelait le tempo avec acharnement. « Sugar » était un des morceaux qui a permis à SOAD de se faire connaître. Servi par un clip restituant l’univers des lascars, cette chanson marquait par le côté presque joyeux des mélodies sur le couplet et l’accélération finale rythmée par un chant nuancé et furieux.
« Suggestion » commençait par un riff en arpèges légèrement hispanisant. Ce type de riff sera dans le futur très régulièrement réutilisé par Daron.
Malgré l’aspect très primaire de la construction des riffs, le bonhomme arrivait néanmoins à faire monter la sauce sans altérer la dynamique des chansons. Et tout cela en gardant un petit côté « world ».
Le morceau faisait donc mouche et se terminait de façon abrupte avant que ne démarre le célèbre « Spiders ». Le morceau possédait une très belle mélodie mais était justement un peu « facile » malgré des paroles très sombres.
« Ddevil» groovait d’une façon assez originale mais ne tenait pas la route face aux tubes de la première partie du disque.
« Soil » commençait par une petite ligne funky avant qu’un riff saturé mais assez inoffensif ne fasse son apparition. Le morceau pataugeait un peu jusqu'à un break excellent où Daron se la jouait un peu « soliste » en balançant quelques petits plans bien sentis.
« War » était une véritable bombe. Le morceau était très punk dans l’esprit et le break du milieu était vraiment excellent. A ce propos, l’influence des Dead Kennedys était ici vraiment manifeste. Il est clair que les influences de SOAD apparaissaient clairement mais sans douter de la parole de Serj (qui affirmait qu’il n’avait écouté les Dead Kennedys que très très tard et alors qu’il était déjà dans System), c’était pas évident d’avaler qu’une telle coïncidence soit fortuite.
« Mind » démarrait tout doucement et délivrait une atmosphère intéressante qui ne décollait malheureusement pas, et ce, malgré tous les gimmicks psycho mis en avant.
« Peehole » est un morceau méconnu de l’album et c’est vraiment dommage car c’est à mon goût une pure tuerie. J’ai été très surpris que voir que Motley Crue a utilisé à l’intro de ce morceau pour lancer ses propres concerts. On pensait immédiatement à un cirque lorsqu’on écoutait ce morceau. Un cirque venu de l’est rempli de créatures monstrueuses. Ce n’est pas d’une originalité désarmante mais c’était quand même très efficace et très réussi.

« Cubbert » ne réussissait pas à maintenir la folie lancée par le titre précédent. Un goût de « déjà entendu » commençait à se faire ressentir et le syndrome « remplissage » semblait frapper.
« Darts » démarrait de façon très punk mais, malgré son côté très soutenu, peinait un peu à relancer la machine de façon significative. On pouvait noter un passage en notes étouffées où Daron était particulièrement à la bourre rythmiquement avant que l’effet « pendule » (pourtant bien pensé) n’englue définitivement la chanson dans la mollesse.
A propos, beaucoup reprochaient à System le caractère parfois très approximatif de ses prestations scéniques. C’était à l’époque (et toujours maintenant) du tout ou rien. Et quand le groupe était mauvais, il ne l’était pas à moitié. Au l’aube de leur carrière, l’énergie qu’ils mettaient à jouer leur musique leur permettait de faire oublier leurs « pains ». Aujourd’hui, même s’ils ont pris de la bouteille, ils livrent encore parfois des prestations un brin bancales.
SOAD n’a jamais été un groupe de techniciens et à la limite, ce n’est jamais ce qu’on leur a demandé. Cependant, à certains moments je me disais qu’ils auraient pu bosser un peu plus leurs instruments histoire d’être plus à l’aise sur scène.
De mollesse il n’y aura pas pour le titre final. « P.L.U.C.K ». Il était construit d’une manière un peu différente des autres morceaux.
Le riff du couplet sonnait presque rock n’roll et le refrain très mélodique permettait à Serj de scander ce qui pouvait être l’essence du groupe : « All in the system : Dooooooown ».
La phrase était peut-être un brin simpliste mais ils avaient vraiment l’air d’y croire. D’ailleurs quand on aimait le groupe, et les groupes de ce style (j’entends par-là les groupes dits « à messages »), on aimait à penser que les mecs y croyaient.
Au-delà de tous les points négatifs, les chansons étaient (et sont toujours) là. A l’époque de la sortie de ce premier album, SOAD est arrivé à insuffler une bouffée de fraîcheur au métal en lui donnant un petit accent « exotique » bien sympathique. Inspiré et diablement efficace, le groupe a su proposer un album varié et réussi grâce à ses chansons musculeuses et fédératrices. On se quitte bien sûr avec un peu de musique et les lyrics de la très puissante « P.L.U.C.K ».

« The plan was mastered and called genocide
(Never want to see you around)
Took all the children and the we died
(Never want to see you around)
The few that remained were never found
(Never want to see you around)
All in a system...
Down… »


Rédigé par : Pamalach 77 | 1998 | Nb de lectures : 1901


Auteur
Commentaire
Blind
Membre enregistré
Posté le: 18/05/2008 à 15h33 - (26066)
Encore une bonne chronique de l'ami Pamalach même si je ne suis pas d'accord avec lui sur les analyses de certaines chansons mais bon. Sinon il y a aussi moins d'anaecdotes dans cette chronique par rapport à d'autres qu'il a pu faire et c'est dommage. M'enfin encore un bel effort de sa part.

Inutile de dire que j'adore cet album.

Mikke
Membre enregistré
Posté le: 01/06/2008 à 15h15 - (26087)
Ouais peut être l'un des meilleurs SOAD, dommage qu'il y ait tant d'inégalité dans les chansons.
Rien que pour War il en vaut la peine ;)

Judiest Pras
Invité
Posté le: 20/09/2008 à 03h25 - (26296)
2 commentaires et c'est tout pour ce fantastique album???
C'est triste.
Pamalach77, tu t'es déchiré pour ta critique = BRAVO!!!

senior canardo
Invité
Posté le: 10/03/2009 à 22h15 - (26531)
merci pamalach77 de me faire penser qu'un enculé m'as endormi les deux premiers albums de system et qu'il me reste que more titles et steal this album......

pamalach 77
Invité
Posté le: 07/05/2009 à 11h36 - (26727)
Senior Canardo : Quelle ironie quand on voit qu'on ne t'a pas volé "Steal this album"...

Llc973
Membre enregistré
Posté le: 23/12/2010 à 22h59 - (27069)
Ça reste vraiment un groupe à part dans le monde du metal.
Un des derniers groupe novateur en tous cas, maintenant à part refaire du neuf avec du vieux, il se passe pas grand-chose.


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