Ahhh Immolation ! 1996, on a affaire ici au deuxième album des New Yorkais, pionniers du New York Death Metal, aux côtés d’autres groupes cultes
comme Suffocation ou Incantation.

L’album « Stepping on angels … before dawn” n’est qu’une compilation de démos et live. Ce qui signifie qu’on n’avait pas eu de nouvelles du groupe depuis 1991 et leur premier album culte « Dawn of possession » : un album technique, intense, violent, blasphématoire.

91-96, pendant ce temps, le monde n’a pas attendu et la concurrence a mené une guerre de tranchées, résultant en une multiplication de l’offre, une escalade vers la violence … et par conséquent la scène subit un certain essoufflement général, une crise d’originalité et même une concurrence inattendue (au moins pour la scène Underground) avec la montée en puissance de la scène Black Metal.

Les leaders de la scène Death ont souvent déjà fait évoluer leur musique. Par exemple Morbid Angel a ralenti avec l’impressionnant Domination, idem pour Cannibal Corpse et son Bleeding, Deicide a simplifié son style avec Once upon the cross … Certains ont commencé à ramer sévère : Malevolent Creation, Obituary … C’est pas trop la fête !
Quand « Here in after » atteint les bacs, c’est grâce à un nouveau label, car il y a eu du ménage aussi de ce côté-là. A vrai dire on n’y croyait plus trop pour nos New Yorkais … Allaient-ils disparaître ou réinventer leur style pour survivre ?

He ben non : c’est un album évoluant dans la continuité qui nous est livré. On y retrouve un groupe qui a gagné en maturité et dont la musique s’est un peu radicalisée. Les fondamentaux sont les mêmes que sur « Dawn » : l’intensité est la même, la musique est toujours aussi technique et sombre, mêlant des rythmes rapides et lents. Ross n’a pas acheté de pastilles pour la gorge et son timbre de voix est toujours aussi naturellement guttural, éraillé et à la diction nette et compréhensible : du grand art !

Sur ce second album, la musique est plus posée et aussi plus technique, brutale, à la fois plus rapide et lourde avec des parties très lentes, les rythmes plus variés, plus complexes aussi. On reconnaît sans hésitation ce style Immolation, qui dispose d’au moins deux caractéristiques très personnelles qui s’affirment encore avec cet opus : les rythmes complexes et les sonorités de guitares.

Le jeu de batterie est calé sur les rythmiques de guitare à un point tel qu’on a par moments l’impression que le batteur joue les riffs ! Réécoutez des morceaux comme « Burn with Jesus » ou le titre éponyme, vous m’en direz des nouvelles ! A ce sujet, on a souvent dit qu’Alex Hermandez (à bord à partir de l’album suivant : Failures for gods) avait propulsé le style d’Immolation en avant par son jeu de batterie. Il est excellent, OK, plus rapide, encore OK, mais sur ce « Here in after », Craig Smilowski fait un boulot formidable ! Bref, pour revenir à nos moutons avec le calage de la batterie sur les riffs, ce n’est bien évidemment pas une technique novatrice (écoutez « Legion » de Deicide), mais Immolation a poussé le concept plus loin que les autres et le résultat est monstrueux : les instruments semblent s’unir ensemble pour que la musique batte et résonne au fond de l’auditeur comme pour le posséder et le soumettre. C’est Jéricho !

Et ce n’est pas tout : le jeu de guitare est complexe, les riffs sont géniaux et particulièrement sombres et vicieux, d’autant plus que les gratteux jouent sur les dissonances, les distorsions et les ambiances. Ambiance, le mot est lâché. On a affaire ici à une musique qui procure de l’émotion comme le (vrai bon …) Black sait le faire. Pour du Death, c’est beaucoup plus rare et quand la technique des musicos s’en même, le résultat est écrasant, à l’image de la magnifique pochette : c’est la fin du monde qui sort des enceintes. Quel bonheur !

Cet album est une tuerie qui a très bien vieilli (même le mastering !) et on y retrouve tout ce qui a fait la réussite d’albums comme « Close to a World below » ou « Unholy cult ». Tout était là dès le début et a su mûrir grâce aux musiciens qui ont continué à croire en la voie musicale qu’ils traçaient et que peu ont su suivre. L’album en lui-même n’a pas eu un impact considérable sur le monde du métal, mais il a au moins permis au groupe de se conforter dans la direction à suivre : celle qui les guidera vers les sommets de l’art avec les 2 albums susmentionnés.

Un album culte, comme tous les albums d’Immolation et que tous les fans de Death se doivent de posséder.


Rédigé par : maxflat | 1996 | Nb de lectures : 2274