Tiens aujourd'hui, durant l'un des 3851 moments qu'un emploi du temps universitaire peut laisser de libre, je suis allé feuilleter une encyclopédie, histoire d'aller voir ce qui s'est passé de cool en 1990... Hum... Le 27 Août, la France adopte une attitude de fermeté dans la crise du Golfe, sympa ça... Ah ! À Vaulx-en-Velin, la mort d'un jeune motard tué par la police entraine une émeute... Hum hum... Le 31 Août, signature du traité de réunification entre la RDA et la RFA à Berlin, fastoche... Hé !! Le 31 Janvier, ouverture du premier McDonald's à Moscou (mais d'où elle sort cette encyclopédie ?)... Pfff... En tout cas croyez-le ou non, rien sur le premier album de Winter, Into Darkness, si ça c'est pas incroyable... Et pourtant putain ! faut quand même le dire, entre le McDonald's de Moscou et ce pavé de death doom, c'est bien le deuxième cité qu'il eut été juste de retenir... aucune justice ! ...

C'est un fait, Winter est probablement l'un des (sinon le) premiers groupes de doom «moderne» a avoir emergé, perdu dans l'extremiste metallique des fin '80s / début '90s.
D'extrêmisme parlons-en ! Comme par ailleurs, quinze après, la chose fait toujours aisément figure de référence, dans une catégorie de doom de laquelle il est, somme toute, le quasi-unique réprésentant.
La recette est pourtant simple : prenez du gros death, à la voix gutturale old schoolisante (enfin dirai-je donc, plus grassement hurlée et beuglante que véritablement gutturale) et forcément surmixée, des grosses guitares au son diesel bien vieilli qui vrombissent, qui vrombissent... une batterie au son très limite (chpoktch ! chpoktch !) ... quelques claviers très discrets, et des petits bidouillages guitaristiques purement hallucinogènes (en même temps si passe-muraille que vu n'y auriez sans doute pas même prêté attention). Pas de mélodie, pas de lyrisme mal venu : du gros riff, du lent, du vrombissant, du Sabbath, du sec, du puant, de l'oppressant, souvent récomposé par une subite attaque death metal d'une subtilité des plus convenues, mais au groove à vous faire taper du pied et headbanger comme un sac...

Aujourd'hui toutefois, il n'est d'utilité de cacher que le tout a quand même pris un bon coup de vieux... La prod et le son des guitares, comme dit, sonnent bien plus ronronnants que véritablement étouffants et âcres... La voix, que d'aucuns trouveront tout simplement hors-sujet et ridicule... L'ambiance, qui pouvait se targuer d'avantgarde à l'époque, ne retient de son aspiration à l'apocalyptique qu'un gros groove baveux de mauvais goût... etc etc...
Toutefois, dis-je bien, l'écoute de Winter, ne s'en avère pas moi indispensable, comme, comme je le citai plus haut, le cachet de ces sorties (Into Darkness '90 - Eternal Frost '94 (ep) - les deux choses ayant été rééditées par Nuclear Blast en 1999 dans une version digipak, dont c'est la pochette qui vous est présentée ici) reste si savamment particulier, qu'après écoute des choses, vous allez vous surprendre à trouver du Winter un peu partout dans vos disques fétiches. Une clef qui ouvre des portes, en quelque sorte...

WINTER, c'était :
John Alman (basse, vocaux)
Stephen Flam (guitars) - voir aussi THORN
Joe Goncalves (batterie)


Rédigé par : Møjo | 1990 | Nb de lectures : 2258