BATHORY - Under The Sign Of The Black Mark - 24/07/2003 @ 14h04
Au début des 80s, le trio anglais Venom pose avec ses deux albums « Welcome To Hell » et « Black Metal » les premiers jalons musicaux et l’imagerie du black metal : Sous-Motörhead mal joué et mal chanté, et satanisme bon marché (pseudos grotesques des « musiciens », descriptions grand-guignolesques de messes noires, odes à Satan, etc.), faisant d’eux les bêtes de cirque du milieu métallique de l’époque. Leur carrière n’est pas à négliger et fut une étape importante, sans oublier leurs concerts aux moyens considérables, toujours en têtes d’affiche. Du côté allemand, le sacro-saint triangle Sodom / Kreator / Destruction, dont les tous premiers albums suintaient pourtant le black, se tourne progressivement vers le thrash/death, en complexifiant les compositions et en polissant le son. L’affirmation du black metal viendra du grand nord scandinave, de Suède plus précisément.
Formé à Stockholm en mars 1983, Bathory, mené par son seul maître à bord et homme-à-tout-faire Quorthon (guitare, vocaux), s’inspire de Venom et Motörhead, en radicalisant sa démarche. Son speed sera bestial, rapide et chaotique, les vocaux hurlés et l’inspiration sonore et textuelle ouvertement occulte. Grâce à deux titres sur la mythique compilation « Scandinavian Metal Attack », Bathory est dès ses débuts bien distribué (Music For Nations / Musidisc), mais joue la carte de la non-promotion : Pas de concerts, rares interviews et photos, anonymat des musiciens. Avec ses deux premiers albums « Bathory » (1984), encore très influencé par Venom, et le plus novateur « The Return Of Darkness And Evil » (1985), le projet suédois fait déjà figure de culte dans l’underground. Etre fan de Bathory, c’est faire preuve de très mauvais goût aux yeux du métalleux de base (comme être fan de Venom, ou plus tard encenser les premiers Slayer...). Les guitares grésillantes, le son crade de batterie et les hurlements blasphématoires, le tout enregistré dans la salle de bains, ce n’est pas encore dans les moeurs, et rien de tel pour provoquer les fans de Metallica ou de Mötley Crüe.
En 1987, avec « Under The Sign... », Bathory affine la recette des deux méfaits précédents et définit les standard du black moderne. Enregistré en partie chez Quorthon, et au Heavenshore Studio de Stockholm, toujours mystérieusement produit par un certain Boss (qui vient de fonder son label Black Mark), on ne sait toujours pas qui accompagne Quorthon en basse et batterie. Amateur de requiem, il insuffle un côté classique à son métal brutal, ralentit certaines cadences vers le doom mid-tempo et rallonge ses compositions. Après l’intro inquiétante « Nocturnal Obeisance » (originalement imprimée « ...Obedience » sur certaines versions vinyl), c’est l’invasion brutale avec « Massacre », en pur black : guitares aigues, basse grasse et rapide, blast beats et voix haineuses (gueulées plusieurs fois à l’extrême sur le chorus-titre). Puis chute de tempo et lourdeur sur « Woman Of Dark Desires », célébrant les exploits sanglants de la comptesse hongroise Erszebeth Bathory (idée déjà reprise par Venom sur « Countess Bathory », reprise encore plus tard par Cradle Of Filth). Même pesanteur sur « Call From The Grave » qui, après une courte intro synthétique, martelle avec de gros riffs les chants implorants d’un enterré. Le moment fort de ce titre étant son bridge, où Quorthon enchaîne son solo et le thème de la « Marche Funèbre » de Chopin, accompagné de hurlements incessants. Grand passage, parmi tant d’autres sur cet album où l’ambiance reste malsaine, même pendant les passages ralentis, avec une batterie sourde, des chants possédés et une confusion de sons omniprésente. Diversifiant le style en plusieurs courants, « Under The Sign... » va du black metal le plus dévastateur (« Equimanthorn », aux vocaux enragés, « Of Doom... », «Chariots Of Fire »), au doom martial appuyé par des claviers (l’envoûtant « Enter The Eternal Fire » et ses arpèges, « 13 Candles »). Il se termine, comme pour tout album de Bathory, par un outro de nappes graves. Les paroles, toujours satanistes (invocations de démons, possession) et sombres, abordent la guerre et la mort, portées par des voix haineuses, souvent aggravées par des effets démoniaques. Bien que passionné par l’occulte, Quorthon s’est toujours défendu de quelconque pratique ou propagande lucifériennes, arguant que ses paroles n’était que prétextes à illustrer une musique intense et bestiale. Côté pochette, il paraît qu’il ne s’agit pas d’une illustration, mais bien de Quorthon masqué en bouc, pris en photo après une tombée de rideau lors d’un entracte public à l’Opéra de Stockholm !
« Under The Sign... » marque le black, et constitue, avec son successeur « Blood, Fire, Death » (différent car plus épique, lourd et à la thématique viking) un des points-clés du métal scandinave : D’un côté il inspirera la première vague du black norvégien, qui poussera le style de Bathory dans les derniers retranchements de l’anti-musique (Dark Throne, Burzum), et transcendera ses racines classiques avec un jeu de guitares particulier basé sur des arpèges distordus (Emperor, Immortal), sans oublier les fameux « corpsepaint » inspirés de Kiss. De l’autre, il enfantera la première vague du death suédois (Nihilist/Entombed, Unleashed, Hypocrisy), plus rentre-dedans que celle de Floride, et qui héritera du côté bestial et du son Bathory (les fameuses guitares grésillantes).
Le black metal, avant de connaître sa vulgarisation et sa popularité actuelles, fut à ses débuts un mouvement bien à part, à l’instar du punk dans le rock : une musique peu fréquentable. Là où les punks clamaient haut et fort « no future !», le black metal répond «hail Satanas !». Mais le satanisme et autres dogmes ésotériques, voire politiques, ne sont là que les formes d’expression les plus facilement perceptibles et provocatrices d’un fond d’âme empreint de nihilisme et de misanthropie, dont l’authenticité et le degré sont difficilement décelables. Le plus efficace reste la musicalité des instruments et des voix, qui, en plus de se vouloir à contre courant du métal traditionnel (peu de production et une approximation assumée, voire revendiquée), puise sa force dans les instincts et les pensées les plus noirs de l’homme. Le terme black metal est aujourd’hui bien galvaudé ; et classer sous une même appellation le decorum d’un Dimmu Borgir et la noirceur d’un Dark Throne relève de la facilité journalistique, voire d’une certaine ignorance des racines de cette musique, qui par définition est morte-née. La réussite de Bathory avec « Under The Sign... », fut de sortir le black de l’ombre vers la sophistication, tout en conservant l’essence du genre.
Enregistrement : Septembre 1986 - Parution : Mai 1987.


Rédigé par : Blacksun | 1987 | Nb de lectures : 4036


Auteur
Commentaire
Loufi
Invité
Posté le: 24/07/2003 à 14h13 - (500)
Belle kronik ! que de souvenirs de lycée...
"putain, écoute ça, c super méchant !"

ZeitGeist
Invité
Posté le: 25/07/2003 à 09h59 - (502)
surtout n'achetez pas cet album laissez le moi

Jerry
Invité
Posté le: 25/07/2003 à 10h36 - (503)
Très chouette chronique... et superbe album, va sans dire...

+++

Anonyme
Invité
Posté le: 31/07/2003 à 06h24 - (513)
En vérité, Bathory a fait des conerts durant les années 80. Quorthon réalisa qu'il ne pouvait pas y avoir de line-up parafit.

Fred / INHUMATE
Invité
Posté le: 09/06/2004 à 17h16 - (809)
Voila ce que j'appelle une VRAIE chronique !!! Quant a l'album c'est aussi avec celui la que j'ai decouvert BATHORY. J'avais ete scotche de chez scotche !!!! Dommage qu'ensuite trop de groupes se soient mis a le copier...

lapartdombre
Invité
Posté le: 11/06/2004 à 00h25 - (813)
Non pourquoi dommage ! Certains lui ont rendus hommage brillamment ! Et le métal doit une part de son existence à ce désormais mythique personnage !

Oui, bonne chronique. Pour ma part Bathory est venu à mes écoutes un peu plus tard vers 91/92 avec le premier jubileum, depuis ca ne s'était jamais arrêté....

Tout comme Chuck, ce personage me manquera !
Ave Quorthon !

W3b
Invité
Posté le: 11/06/2004 à 23h12 - (815)
Tu me manqueras, mais je te laisserai partir, comme j'ai laissé partir Euronymous, Dead, Chuck...

RIP

:(

procyon
Invité
Posté le: 12/06/2004 à 10h57 - (816)
Les légendes s'étègnent, seuls restent leurs albums et un héritage musicale qui se banalise et se mondialise (l'argent, toujours l'argent...).
Plus de Bathory, tréééééés domage...

Hail Quorthon! Nous te rejoindront tôt ou tard..

ozzy
Invité
Posté le: 13/06/2004 à 12h12 - (819)
encore un dieu du black metal qui disparait
BATHORY est et restera pour moi le groupe de black metal
paix a son ame

marc
Invité
Posté le: 13/06/2004 à 19h38 - (820)
Une nouvelle bien triste pour ce déjà vieux brisquard du metal extrême que je suis. C'est encore un de mes héros qui part...nous avons tous du chagrin.

BLACK SIN
Invité
Posté le: 16/06/2004 à 09h40 - (821)
TOUT LES MAITRE NOUS ON QUITTER NOUS DEVONS MAINTENANT LES ONORER!
EURONYMOUS,DEAD ET QUORTHON VOS NOMS RESTERONT GRAVÉ.

Guillaume59
Invité
Posté le: 16/06/2004 à 12h58 - (822)
une grande personne part..et restera gravé dans toutes nos têtes.Paix à son âme.

LORD STORMBLAD
Invité
Posté le: 20/06/2004 à 10h08 - (827)
HAIL NOIR SEIGNEUR AVEC HONNEUR TU AS LAISSER TON EMPREINTE SUR CETTE TISTE CREATION


????
Invité
Posté le: 23/06/2004 à 07h54 - (828)
Quorthon, we hear your call from the grave.
encore un génie qui part

Gyn
Invité
Posté le: 27/06/2004 à 20h31 - (830)
Grandiose! "Under the Sign ..." reste pour moi l'album ultime de Bathory. J'avais bien apprécié "The Return" mais là, la claque, le chef d'oeuvre total, "Enter the Eternal Fire" est monumental et le reste pfff ... la folie! Demandez à un certain Vorph (Samael) ce qu'il pense de Bathory. Hail to Quorthon!

Gyn
Invité
Posté le: 27/06/2004 à 20h39 - (831)
Un dernier hommage :
http://www.bathory.se/

bloody razor
Invité
Posté le: 23/07/2004 à 22h13 - (847)
quorthon etait le pere du black et euronymous et dead etait ses "fils" mais cette famile de black metalleux est morte dans des circonstances tragiques paix a leur ame et ecouté le jour de leur mort les trois premiers albums de bathory pour quorthon , pour dead ecouté live in leipzig et pour euronymous ecouté de mysteriis dom sathanas hail the hordes

Gissé
Invité
Posté le: 07/04/2008 à 10h36 - (25248)
Je viens de tout racheter en 33t, me manque plus que "twilight of the gods" les 6 1ers BATHORY sont vraiment incontournables ; chacun a un etat d'esprit, un feeling, différent.

Neurosien
Membre enregistré
Posté le: 03/09/2008 à 20h57 - (26276)
Déja "the returne" j'ai mis 2 ans avant de l'écouté . Mais depuis Bathory est vraiment les best niveau Black Metal ; J'ai toujou ma écouté l'album de la Kronik , mai telment envie de l'aoir à la Maison .

Malheuresent , c'est toujour les bon groupe et rare qui disparait . Quorthon on t'oublira pas RIP.

Neurosien
Membre enregistré
Posté le: 03/09/2008 à 20h58 - (26277)
"the return " désolé .

Neurosien
Membre enregistré
Posté le: 03/09/2008 à 21h00 - (26278)
Déja "the return" j'ai mis 2 ans avant de l'écouté . Mais depuis Bathory est vraiment les best niveau Black Metal . J'ai toujour pas écouté l'album de la Kronik , mais telement envie de l'avoir à la Maison .

Malheuresent , c'est toujour les bon groupes et rare qui disparait . Quorthon on t'oublira pas RIP.

Eternal Fire
Invité
Posté le: 02/01/2009 à 22h41 - (26407)
Pour l'histoire de la cover, voici çe qu'en dit Metal-Archives :

Album cover design by Quorthon.
Album front cover photo by Gunnar Silins.

Leif Ehrnborg, a then top class Swedish bodybuilder posed for the cover of this
album

au passage, excellente chronique!

maximum rocknroll
Invité
Posté le: 14/03/2009 à 11h10 - (26542)
Bathory, c'est l'histoire d'un mec qui à l'époque a tout pompé sur Venom (son nom, la pochette du premier LP, des titres de chansons, etc...) et qui en plus l'avouait en interviews... Un peu le Krokus du black metal, quoi. Ce troisième album avait un son catastrophique - mais des putains de bons riffs. C'est en fait vraiment a posteriori, et après la sortie de "Blood, Fire, Death", que les premiers efforts de Quorthon seront récompensés - dont cet album très noir. Le côté maladroit de ces enregistrements confèrera à ce "groupe" qui n'a jamais joué live (comme Hellhammer) un aspect plutôt attachant.

Hoover
Invité
Posté le: 27/10/2009 à 08h34 - (26880)
Superbe cette chronique. Merci à l'auteur!

Damkat
Invité
Posté le: 14/02/2011 à 14h37 - (27086)
Super chronique, supers souvenirs de ce groupe, avant gardiste et déroutant...

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