An de grâce 1983, Enfer Magazine déclare : “ Si vous n'avez jamais vu la membrane d'un haut parleur exploser et rester collée au plafond, passez Kill'em All sur votre platine ». Mais qu’est-ce donc que ce « Kill’em All » ? Tout simplement la première offrande ce qui deviendra avec les années, ce que beaucoup définissent comme le plus grand groupe de métal de tous les temps, un aimant à public, remplissant les stades comme d’autres remplissent les pubs, une référence incontournable, une source d’inspiration pour des milliers de groupes à travers le monde, le leader d’un mouvement, je veux bien sûr parler de Metallica.
Le groupe est formé le 15 octobre 1981 à Los Angeles par deux jeunes sortis récemment de l’adolescence, James Hetfield et Lars Ulrich, ces deux derniers ne se doutent pas de ce que représentera dans le futur le nom qu’ils ont choisi de donner à leur groupe : Metallica. Nom qui, pour la petite histoire, a été, entre guillemets, piqué par Lars à son ami Ron Quintana qui souhaitait s’en servir pour dénommer son magazine, chose dont le dissuadera Lars.

Au retour de Lars d’un séjour en Anglettre, où il fut notamment l’invité des membres de son groupe fétiche, « Diamond Head », tout s’enchaîne, le groupe est alors formé de James, Lars, Dave Mustaine et Ron Mc Govney. Le groupe dépasse le stade des reprises de standard de la NWOBHM et se met à écrire ses propres morceaux.

Une première démo de trois titres est enregistrées en 1982, un titre, « Hit the light », paraît sur le premier volet de la série Metal Massacre, compilation qui se vendra à plus de 100.000 exemplaires. La fin de l’année voit, outre l’enregistrement d’une seconde démo culte, titrée « No Life t’il Leather », l’éviction de Mc Govney au profit de Cliff Burton, bassiste au talent inestimable.

Début 1983, John Zazula, disquaire sur la côte Est, propose au groupe de venir tourner à l’Est des Etats-Unis. Proposition que le groupe acceptera. Il promet également au groupe de les aider à signer un bon deal. Face à son échec dans cette entreprise, Zazula décide de créer son propre label, Megaforce, label sur lequel il signera Metallica.

Au printemps 1983, le groupe prend une grande décision : mettre fin à la collaboration de Dave Mustaine au sein de Metallica. Les motifs de ce renvoi sont divers, cela va de l’incompatibilité d’humeur entre James et Dave, au manque de sérieux de ce dernier, en passant par les penchants insistants pour l’alcool et autre substances diverses du guitariste, penchants qui le font accéder à des crises de colère pour le moins violentes ayant conduit à des altercations plus que multiples entre Dave et James. Il est malgré tout bon de noter que Dave a participé à l’écriture de bon nombre de morceaux qui figureront sur « Kill’em All ».

Entre temps, le groupe qui se trouve en tournée à New-York contacte Kirk Hammet, guitariste et fondateur du groupe Exodus, ayant plusieurs fois assuré la première partie de Metallica. Kirk accepte de rejoindre Metallica et se met en route pour la côté Est où il rejoint son nouveau groupe.

Une fois passé le printemps, le groupe, alors composé de Lars Ulrich à la batterie, James Hetfield au chant et à la guitare, Kirk Hammet à la guitare et Cliff Burton à la basse, entre en studio pour enregistrer ce qui sera son premier album. A noter que le groupe avant de songer au titre « Kill’em All » avait songé à « Metal up your ass », mais cette première idée est rejetée par le label du combo californien.

Johnny Zazula, surnommé Johnny Z, devra, pour faire face aux coûts du premier opus des four horsemen, 15.000 $, s’endetter à un point à peine croyable.

L’album sort au début de l’été et se vend en deux semaines à 17.000 exemplaires, ce qui laisse présager du meilleur pour le groupe.

Le groupe entame alors une tournée de 35 jours aux USA avec le groupe anglais Raven, les autres protégés de Johnny Z, la tournée s’appelle « Kill’em All for One », Metallica tournant pour l’album « Kill’em All », tandis que Raven tourne pour l’album « All for One ». Les conditions de la tournée sont très difficiles, mais celle-ci est néanmoins un franc succès.
L’impact en Europe de l’album est également terrible, celui-ci faisant l’effet d’un raz de marée, comme seul la NWOBHM avait su en créer quelques années auparavant, Iron Maiden en tête. Ce premier disque est distribué en Europe par Music for Nations.

Le groupe traverse donc fort logiquement l’Atlantique pour venir fouler le vieux continent. Le groupe entame en février 1984, une série de dates en première partie de Venom sur la tournée « Seven Dates of Hell Tour ». Le groupe traverse alors par exemple l’Allemagne, l'Italie, la Belgique ou encore les Pays-bas, où il joue devant 7000 personnes au Aardshock Festival, du nom de la revue underground du même nom.

Ayant atteint un succès certain, aussi bien aux USA qu’en Europe, le groupe est très vite conduit par son producteur vers le studio d’enregistrement pour son second opus. Mais cela, c’est une autre histoire…

Après cet historique, penchons-nous d’un point de vue purement musical sur ce « Kill’em All ». Bien qu’après l’enregistrement, le groupe ne fut pas à 100% satisfait du résultat, ce premier opus est et restera un monument du métal, un classique parmi les classiques. « Kill’em All » avec ses riffs ultra tranchants et son jeu de batterie époustouflant sera l’acte de naissance d’un mouvement qui fera naître des dizaines de groupes partout à travers le monde.

Bien que la production ait fort vieilli, écouter cet album aujourd’hui, c’est comprendre, voir les racines de toute une lignée de groupes. Metallica avec son premier opus ouvre une nouvelle voie, expose une nouvelle façon de jouer, ouvre de nouveaux horizons aussi bien d’un point de vue rythmique que du côté des compos. A l’époque, seul Raven avec son « All for One », Exciter avec son « Heavy Metal Maniac » ou encore Venom ayant déjà 2 albums à son actif, rivalisent avec Metallica point de vue agressivité. A l’époque où le marché est envahi par les groupes de heavy metal, descendant directement des grands tel Iron Maiden ou Judas Priest, ou par une nuée de groupe originaires de Los Angeles versant dans un glam rock naissant, Metallica se présente comme l’alternative numéro 1. Metallica bouleverse les standards déjà bien établis, en proposant des morceaux qui sans pour autant n’avoir aucune mélodie atteignent des summums de rapidité, bref un genre qui ravira les furieux et les amateurs de sensations fortes. Sans trop me mouiller, je crois pouvoir dire que ce « Kill’em All » est l’acte de naissance du thrash, mouvement qui connaîtra son heure de gloire au beau milieu des années 80 avec des groupes tel Forbidden, Slayer ou encore Testament.

Des classiques, cet album en contient plus d’un. Qu’il s’agisse de « The Four Horsemen », « Jump in the Fire », « Hit the Lights » ou encore le superbe « Whiplash », il n’y a rien à jeter, rien.

De son côté, Dave Mustaine forme son propre groupe qu’il décide d’appeler Megadeth, autre groupe au statut plus que culte de la bay area, qui suivra étrangement (?) une carrière assez parallèle à celle de Metallica. A noter que certains morceaux de Megadeth ressemble très fort à certains titres de Metallica, comme « The Four Horsemen » qui est assez proche du titre « The Mechanics » figurant sur le premier opus de Megadeth, « Killing is my Business… and Business is Good ».

Ron Mc Govney connaîtra, lui, un destin beaucoup moins prestigieux, ne faisant partie que momentanément d’un groupe appelé Phantasm aux côtés de Gene Hoglan et de Katon W DePena, en son temps chanteur du groupe Hirax.
Le titre « The Four Horsemen » est loin d’être vide de sens. Ce titre est basé sur une histoire provenant du dernier livre de l’ancien testament au chapitre 6 des révélations qui est aussi appelé « Les quatre chevaliers de l’apocalypse ». L’histoire veut que 4 cavaliers devaient partir chacun dans la direction d’un point cardinal afin d’annoncer la fin du monde et le jugement dernier. On peut donc faire le parallèle suivant : les 4 membres de Metallica sont 4 chevaliers devant répandre un message, c'est-à-dire leur heavy metal.

Pour finir, je dirais que cet album se trouvant plus qu’assurément au panthéon du métal est aujourd’hui près de 19 ans plus tard, un monstre sacré, un monument, comme seuls quelques très rares groupes ont su en écrire. Bref, si vous vous dites amateurs de métal et que vous n’avez jamais écouté ce disque, je vous invite à vous poser quelques questions à propos de votre soi-disant amour pour le métal, et à ensuite vous ruer vers le magasin de cds le plus proches, de vous procurer ce « Kill’em All », de le poser sur votre platine, d’enclencher la lecture du cd et de laisser la magie de ce disque somptueux agir.


Rédigé par : Jerry | 1983 | Nb de lectures : 2726