AMIENSUS - Ascension (Autoproduction) - 29/02/2016 @ 07h21
Vu que l’année 2016 sera chargée pour AMIENSUS avec deux splits et un EP en prévision, je me décide enfin à prendre le temps de vous parler de Ascension, leur second album disponible depuis l’été dernier. Et il le fallait bien vu que j’avais placé la formation à la ligne « découvertes/révélations » de mon best-of 2015 aux côtés de SANZU et des estoniens de PAEAN (bon, que je n’ai pas chroniqué non plus). Existant depuis 2010, AMIENSUS est originaire non pas d’Amiens- mais des -US, entre le Minnesota et le Washington, un groupe assez éparpillé qui compte à ce jour pas moins de 7 membres. Le tout formant même un collectif plutôt qu’un groupe vu que chacun des membres touche à plusieurs instruments à la fois. Et outre 4 personnes à tenir le micro (dont une chanteuse, Julia Holter), nous avons en tout 5 guitaristes, 2 batteurs, 3 claviéristes pour un seul bassiste (qui lui ne fait que ça d’ailleurs, ça va encore vanner sec sur les bassistes). Tout ce petit monde va se mettre au service d’un Metal plutôt ambitieux. Metal-Archives parle de Black-Metal progressif, dans nos news nous situions AMIENSUS entre avant-garde et Post-Black, la réalité est comme souvent un peu plus complexe que ça. Restoration, leur premier full-length sorti en 2013, posait déjà une sorte de Black sympho assez atmosphérique et surtout assez personnel. Une personnalité qui ne demande qu’à exploser pour Ascension, nom bien choisi pour ce second album qui va emmener AMIENSUS vers les étoiles.

Plutôt que de BM, AMIENSUS pratique surtout un Metal extrême, donc symphonique (avec des influences facilement identifiables même si, à voir la liste de leur facebook, ça brasse très large…) mais aussi énormément atmosphérique et, de ce fait, quelque peu « progressif ». Plutôt que d’être strictement avant-gardiste, AMIENSUS sonne même assez futuriste. Mais attention, pas dans le genre spatial avec de l’électro, dans une sorte de Fantasy qu’on pourrait retrouver dans un Space-Opera, mais qui se passerait sur des planètes lointaines plutôt que des vaisseaux voguant dans le cosmos. Entre moments atmosphériques très cotonneux et « stellaires » à leur manière, montées de claviers épiques et sidérants, vocaux clairs légèrement trafiqués aussi, AMIENSUS s’est donc forgé une très belle personnalité et singularité d’ambiance qui fait toute sa force. La composante Metal n’est pas très surprenante dans l’absolu, jusque dans les chants « harsh » très classiques mais non moins efficaces, mais le collectif américain se montre très inspiré et va donc réussir à faire mouche, côté compos et arrangements il n’y a déjà rien à redire sur Ascension, même du côté de la production parfaitement adaptée au style sans en faire des tonnes, tout est à sa place avec du relief. Rien que les 8 minutes du morceau d’ouverture "On These Deserted Plains" va donner le ton qui sera assez fabuleux. Claviers prenants et jamais pompeux, vocaux et riffs accrocheurs, beaux chants clairs, beaux leads, breaks raffinés, structures assimilables, richesse instrumentale bien présente mais mesurée, tout est là pour poser un album de Metal extrême symphonico-atmosphérique très classieux.

Et AMIENSUS est parti pour enfiler les perles, ainsi que déjà entériner son potentiel atmosphérique avec les deux premiers tiers très aériens et résolument futuristes de "Towards Horizon", assez somptueux pour qui se laissera emporter par ces grattes acoustiques et ces vocaux clairs (maîtrisés). On pense même aux moments les plus ambiants d’un groupe comme KALISIA, avant que le Metal extrême ne reprenne ses droits avec les voix hurlées et les riffs mordants, mais l’ensemble forme un superbe morceau raffiné (avec un final sympho de premier ordre). "What Words Create" est quant à lui un morceau de Metal extrême sympho plus classique, assez gentillet d’ailleurs (prouvant que le groupe n’est plus vraiment à ranger dans le BM) mais AMIENSUS sait aussi comment faire un très bon morceau du genre, grâce à son inspiration, tout simplement. Dans ce style plus terre-à-terre mais toujours lumineux de par les passages acoustico-atmosphérico-clairs, "One in Spirit" excelle encore une fois grâce aux surprenantes compos d’obédience mélodeath qui rajoutent encore de l’accroche supplémentaire à Ascension, et l’ambiance futuriste est toujours présente grâce à ces vocaux un peu vocodés très touchants. Touchant tout comme le départ très apocalyptique de "Delphic Æther" qui lorgne du côté d’un Post-Rock bien cosmique, avant que là aussi les riffs Metal percutants ne viennent nous ramener sur terre. AMIENSUS continue ainsi à dérouler ses parties Metal très cossues qui viennent contrebalancer les moments atmosphériques, plutôt que l’inverse pour une seconde partie d’album assez aérée.

On s’arrêtera donc encore sur le plus classique et même un peu plus agressif "Divine Potion of Acumen", toujours tempéré par les jolies voix claires ; et surtout la partie finale de "Time Is Growing Old" (lancée par des gros riffs qui tuent) ainsi que la majorité de la conclusion sur le libérateur "What Evil Lay Dormant". Dommage alors que les parties atmosphériques finissent à la longue par ne plus surprendre malgré leur pureté omniprésente ("Time Is Growing Old", l’interlude de luxe "Glass Dungeon"), Ascension finissant sur sa durée de presque une heure par souffrir de longueurs et redondances ("One in Spirit", "Time Is Growing Old"). AMIENSUS doit encore progresser et ses influences sont encore souvent là d’ailleurs. Mais au global, Ascension est quand même une bien belle performance de la part des américains, proposant un Metal extrême sympho souvent jouissif et qui s’est trouvé un souffle épico-futuriste du plus bel effet, avec quelques fantastiques moments atmosphériques même si le groupe en a trop fait de ce côté parfois. J’irai même jusqu’à dire qu’AMIENSUS réussit là où NE OBLIVISCARIS a échoué, avec un style plus digeste et cohérent sur des bases similaires. Démarrant par des pépites quasi chef-d’oeuvresques, Ascension se tasse un peu ensuite mais reste relevé par ses atmosphères futuristes et n’en est pas moins un excellent skeud de Metal extrême sympho, genre qui a été loin d’aligner les tueries ces dernières années. AMIENSUS est donc encore un groupe à potentiel et il va pouvoir le montrer avec de nouvelles compos cette année, et il paraît même qu’un label français le suit de près. Dans un genre de Metal extrême mais aéré, efficace et jamais gnangnan, le collectif américain a donc pondu un album très enivrant et réussi, fabuleux et irrésistible par moments, et mérite bien son petit titre d’une des révélations de 2015.




Rédigé par : ZeSnake | 15.5/20 | Nb de lectures : 7129




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Posté le: 29/02/2016 à 13h47 - (119535)
On dirait Dimmu Borgir sur le 1er titre....

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