SHAPE OF DESPAIR - Monotony Fields (Season of Mist) - 04/09/2015 @ 07h42
Onze ans. Oui, putain onze ans, soit un an de plus que leurs compatriotes, et si j’ose dire confrères, de TYRANNY… Je sais qu'on parle d'un style naviguant à la vitesse d'un escargot sous Valium à peine réveillé de sa sieste m'enfin quand même...

C’est le temps insensé qu’il aura fallu à SHAPE OF DESPAIR pour – enfin, boudiou ! – pondre son quatrième album. Et la bonne et la mauvaise nouvelle en quelque sorte, c’est que rien n’a changé, malgré le retour de leur tout premier logo. C’est pourtant là leur premier enregistrement avec Henri Koivula, leur troisième frontman à ce jour mais son grognement bien guttural, sans atteindre la puissance mystique de leur tout premier chanteur, n’a rien à envier à celui de l’ex-AMORPHIS Pasi Koskinen qui l’avait précédé… Non, en fait les finlandais restent égaux à eux-mêmes et d’une certaine façon, ‘Monotony Fields’ ne fait qu’entretenir le malentendu dont, selon moi, ils ont toujours été victimes.

Je m’explique : à n’en pas douter, SHAPE OF DESPAIR mérite bien son étiquette de pionnier du ‘funeral doom’. Sauf que si avec les années le genre a fini par se cristalliser d’une façon bien précise – vous n’avez qu’à écouter la moitié du catalogue de SOLITUDE PRODUCTIONS pour vous le confirmer – j’ai toujours trouvé qu’ils avaient sonné plus majestueux et plus, comment dire, positifs que nombre de leurs collègues. Prenez EVOKEN par exemple : les américains savent que mieux que personne nous plonger dans un bain de goudron sans fond, cerné par les murs humides du cachot où l’auditeur se retrouve alors enfermé, sans espoir d’en sortir. Voilà le ‘funeral doom’, le vrai. Or nos tristes sires de SoD ont pour eux deux armes imparables : Natalie Koskinen (ex-madame Pasi pour l’anecdote) et ses parties dark-ambient.

Même si ces parties purement extrêmes valent elles aussi leur pesant en cacahuètes, ce sont surtout la façon dont leurs chansons sont articulées et jouent sur le contraste entre ces plans purement metal et ces parties presque planantes qui donnent tout le sel à ce groupe hélas trop rare aussi bien sur scène et sur disque. Car aussi désespéré puisse t’il parfois sonner, dans ses moments de beauté glacée absolue qui m’évoquent par moments la beauté d’une plaine arctique balayée par le vent alors que le soleil en se couchant en rougit les sols, le gros méchant fan de metal avec ses t-shirts de monstres devient alors une sorte de tournesol qui n’a qu’une seule envie : se tourner vers le soleil. Je parle de la fin de « Reaching the Innermost » qui ouvre l’album où après un fracas de neuf minutes ne subsistent que les vocalises sans mots de Natalie. Ou encore l’intro tout en apesanteur du morceau-titre…

Cette réussite est aussi dû à la qualité des parties dark-ambient, pourtant un peu moins inspirées sur le disque précédent, ‘Illusion’s Play’. Certes, leur guitariste et compositeur Jarno Salomaa est resté bloqué comme tout le monde le sait sur la fin des années 90 et l’écurie de feu COLD MEAT INDUSTRY, en premier lieu RAISON D’ÊTRE. Mais sans chercher la complexité ni l’originalité à tout prix, ces nappes de claviers n’oublient jamais que leur job est de soit souligner les guitares, soit faire tout décoller vers des hauteurs insoupçonnées.

Par contre, à l’image de cette pochette qui ne se détache pas vraiment des précédentes, SHAPE OF DESPAIR fait clairement du surplace artistique et au final, ‘Monotony Fields’ ne fait ‘que’ extrapoler sur les bases posées par ‘Angel of Distress’ en 2001, le cas de leur incomparable premier disque ‘Shades of…’ restant un peu à part selon moi. Après, avec ces morceaux aux durées parfois plus raisonnables – « The Distant Dream of Life » ne fait par exemple que six minutes et ose un peu de chant clair masculin – et son sens de la mélodie donc si lumineux, c’est le genre de disque de ‘funeral’ parfait pour votre petite amie fan de metal mais un peu effrayée par les pochettes de CANNIBAL CORPSE…



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Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 16/20 | Nb de lectures : 9944




Auteur
Commentaire
raziel
Membre enregistré
Posté le: 04/09/2015 à 08h35 - (117762)
Belle chronique, très juste pour le style.

Shape a toujours eu ce côté aérien que n'ont pas les autres groupes de Funeral doom, Tyranny en tête.

SoD, c'est un mammouth avec des ailes de papillon.



damikachu
Membre enregistré
Posté le: 04/09/2015 à 09h04 - (117763)

Très d'accord avec la chro !

J'ai quand même un peu l'impression que SoD nous montre ce vers quoi ils vont tendre.

Le chant clair me plait, le format "court" de certains titres, un peu moins...



Maxgrind
IP:81.67.122.23
Invité
Posté le: 04/09/2015 à 10h26 - (117765)
Shape Of Despair, je me rappelle de ma première écoute d'Angels Of Distress. Subjugué dès les premières secondes par ce growl profond/percutant tel le grondement du tonnerre et s'ensuit ce chant féminin, tel un cri de sirène hypnotisant, invitant à plonger dans les abîmes/abysses.
De suite, j'ai été conquis, touché par le désespoir, la grâce et les émotions dégagées de cet album.

Que dire de ce Monotony Fields après un Illusion's Play un peu illusoire?
Je serai peu disert mais pour le moment, c'est une déception. L'album porte malheureusement bien son nom et comme critiques à formuler, je trouve l'ensemble trop lumineux, manquant de profondeur et d'intensité.

Pourtant, je nourrissais un réel espoir d'être à nouveau subjugué par Shape Of Despair mais non, l'attente fut vaine.

Je passe mon tour.

Asmodan
IP:193.190.183.5
Invité
Posté le: 04/09/2015 à 13h14 - (117770)
Après un "Illusion's Play" qui jouait l'illusion d'être un bon album de funeral doom, Shape of Despair joue sur les terrains de la monotonie avec "Monotony Fields"...

Sagal
Membre enregistré
Posté le: 05/09/2015 à 21h25 - (117783)
Du même avis que Maxgrind concernant cet album: Manque de profondeur et d'intensité. C'est joli mais sans plus. Le morceau-titre du EP "Written in My Scars" m'avait pourtant fait espérer beaucoup mais... Non.
Je ne pense pas que le CD va beaucoup tourner chez moi malheureusement.
Au moins, ils ont progressé sur la qualité de l'anglais, parce que les paroles des albums précédents, à ce niveau, c'était une calamité :-/

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