Ces derniers temps en France on semble se faire la spécialité de deux genres : le Metal Indus et le Metal à chanteuse. Deux genres que certaines formations essayent de remettre tant bien que mal au goût du jour. Il y a même des groupes qui font… les deux genres à la fois ! Avant le premier album de DUST IN MIND, voici le second opus d’ELYOSE, présenté comme de l’Electro-Metal, avec une chanteuse (donc, et en plus elle est sur la pochette). ELYOSE est fondé en 2009 du côté de Paname par la jeune vocaliste Justine Daaé et Ghislain Henry, pour un croisement entre Metal à forte emphase électronique et chant lyrique. Le premier album de cette collaboration complétée par un line-up changeant, Théogyne, sortira en 2012. Comme tout premier album, quelques défauts seront à remarquer, notamment un fond musical pas forcément très étoffé et un chant un peu monocorde parfois. Ça tombe bien, ce sont sur ces deux axes que ELYOSE va sensiblement s’améliorer pour Ipso Facto, second album qui témoigne d’une belle progression.

Pour ce second full-length, ELYOSE évolue donc dans un paysage Metal Indus, parfois plus direct, parfois plus mélodique, agrémenté d’oripeaux électroniques variés et plus ou moins modernes, sans brostep de merde (bon si, un tout petit peu sur "Chronocide", mais on le remarque à peine alors je pardonne), et on lorgne parfois du côté sympho de la Force également. Un paysage électronique qui n’envahit pas l’espace, on est pas chez BLOOD STAIN CHILD non plus, même si d’aucuns trouveront quelques passages un brin kitsch, peut-être à raison parfois. Tout ceci est donc surplombé par le chant de Justine, résolument lyrique et opératique. Un poil linéaires sur Théogyne, ses vocalises s’améliorent considérablement ici, la bougresse a bien progressé et nous offre de nombreuses variations, enlevant le côté « décalage » entre musique et chant qui pouvait être palpable sur l’album précédent. Le tout intégralement chanté en français, avec des paroles auxquelles il faut accrocher, je sens que certains vont vite évoquer TRANXEN 200 à la lecture de ces lignes très imagées… comme à mon habitude, ça me passe au-dessus comme un satellite usagé condamné à tourner, je vais donc plutôt m’attarder sur la musique car les musiciens d’ELYOSE ont des choses à dire sur Ipso Facto.

Notons déjà que l’ensemble est excellemment produit, par Emmanuel Rousseau et Brett Caldas-Lima, contrairement à bon nombre de formations « à chanteuse » le chant n’est pas excessivement surmixé et on peut apprécier les compositions de Marc de Lajoncquière et Ghislain Henry, le son est même parfois étonnamment abrasif pour un genre qui est souvent produit de manière bien synthétique. Point de metal technico-progressif ici, le riffing reste simple et concis, et donc souvent efficace à coup de riffs mordants et percutants, ou plaisant grâce à de belles mélodies. ELYOSE est donc bien une formation de Metal, alors que les compos hésitaient parfois entre Rock Indus et Metal sur Théogyne. 10 morceaux (passée la très bonne intro "Fragrances" qui pose l’ambiance électronique) sont au programme de ce Ipso Facto un peu long pour le genre (presque 48 minutes) mais la qualité est au rendez-vous. Dès "Femme de Verre" et son riffing mi-mélodique très entraînant. On s’attardera ensuite sur "De Guerre Lasse", ses riffs incisifs et ses bons leads mais aussi son refrain maîtrisé et accrocheur, le plus sombre "Plus qu’Humain" à part dans l’album avec son riffing très Metal-Indus et les growls de Florent d’ARKAN, les bonnes mélodies de "Chronocide", les riffs appuyés de "Rédemption", ou encore les plans mélodiques et les rythmiques accrocheuses de "Droit dans les Yeux". On notera aussi et bien évidemment l’apport des sons électroniques, relevant des morceaux comme "Femme de Verre" ou "Droit dans les Yeux" dès leurs premiers instants.

Si Ipso Facto démarre en fanfare avec "Femme de Verre" et "De Guerre Lasse", ce seront les seuls tubes potentiels de l’album, qui finit un peu par s’essouffler, au fil des morceaux et sur la durée, même si au fond il n’y a pas grand-chose à jeter. Bien évidemment, de par son style et ses influences, ELYOSE n’est pas à recommander aux oreilles de ceux habitués aux trucs plus occultes et venimeux. Surtout quand on approche de la frontière du kitsch (les synthés de "De Guerre Lasse", l’électro de "Rédemption"), ensuite il faut bien évidemment apprécier ce type de voix hyper lyrique, dont certaines montées risquent de rebuter (le refrain de "L’Animal-Aimé", "Rédemption", "Pour un Écu", la power-ballad finale "Contretemps"). Je dois aussi avouer que le chant n’est pas ce qui me plaît le plus chez ELYOSE, malgré les capacités évidentes de Justine qui ne ferait pas tache dans un groupe comme THERION, dont les parisiens ont fait la première partie d’ailleurs. Ipso Facto vaut surtout pour son background Electro-Metal bien troussé, sans prise de tête, en franche réussite dès qu’il sort les mélodies et leads (citons à ce titre l’excellent solo de "Contretemps") et avec des rythmiques cossues. Plus moderne que bon nombre de ses compères de Metal « à chanteuse », ELYOSE évite sans grand mal la ringardise de certaines formations du genre, grâce à son côté Metal-Indus inspiré et ses facettes électro variées qui font toute la personnalité du combo, en plus du mix de cet ensemble avec une très bonne voix lyrique (qu’il faut aimer). En l’état, Ipso Facto enterre donc son prédécesseur, mais reste surtout un album sympathique plus qu’une œuvre indispensable pour les genres pratiqués, montrant un groupe en pleine progression mais déjà capable de livrer un bien bon album, pour ceux qui sauront se mettre en phase avec le style pratiqué.




Rédigé par : ZeSnake | 14.5/20 | Nb de lectures : 10072