Je suis un chroniqueur Metal, sortez-moi de là ! - Episode 2.

« Le monde a été dirigé pendant de nombreuses années par de puissantes « Idoles » : les médias, les politiques, l’économie, tous contrôlés par les Idoles. Toutes les musiques autres que celles des Idoles étaient considérées comme nuisibles, incluant le Heavy Metal. À travers le monde, les metalleux priaient pour la résurrection de leur musique bien-aimée. Leur prières finirent par être entendues par Fox God, en charge du monde du Metal. Fox God recruta trois filles et les nomma Su-Metal, YuiMetal et MoaMetal. Elles deviendraient les BABYMETAL, prophètes de Fox God et leader de la résistance Metal, dédiées à la diffusion de leur unique mélange de Heavy Metal et Kawaii à travers le monde et l’enseignement de la magie du Metal à une génération d’amateurs de musique. »

Voilà pour la petite « histoire » qui nous place d’emblée dans une mythologie très Manga. Le reste, tout le monde connaît ou presque, a vu passer les clips sur sa timeline facebook ou même sur VS, le « phénomène » BABYMETAL sort son premier album éponyme en Europe cette année via earMusic. Pour rappel, BABYMETAL ce sont trois gamines japonaises (une grande qui chante, deux petites qui braillent, les 3 se lançant dans de furieuses chorégraphies) accompagnées d’un backing-band masqué, qui nous proposent un mélange entre Metal et J-Pop. Japon, Metal, WTF, Kawaii, voilà peut-être la forme la plus délirante de la musique extrême japonaise, sur base d’un genre J-Pop qui est tout de même parfois bien chtarbé derrière son penchant musical forcément mainstream (enfin, pour les oreilles japonaises). Depuis la naissance du projet en 2010 et les premiers clips ayant passé nos frontières vers 2012, ce « groupe » a fini par avoir un succès retentissant, pouvant remplir aisément des salles européennes. Pour le fun, pour la musique, pour le côté hype façon Japan Expo ? C’est à voir mais attention, il est clair qu’il faut se mettre dans l’esprit sous peine de « vomir un arc-en-ciel » comme le disait un de nos commentateurs dans une précédente news. Comme toujours avec le Japon, il faut se mettre dans un certain degré de lecture… Même si à ce point, il faut presque passer au 0ème degré histoire d’évacuer toute considération trop terre-à-terre même minime. KAWAIIIII.

Mais, metalliquement parlant, BABYMETAL c’est quoi ? C’est surtout sur cette question que je vais essayer de trancher. Difficile à dire simplement. En gros, sur les 13 (14 avec le bonus inédit de cette édition) morceaux présentés sur Babymetal, on retrouve pêle-mêle du Death, du Thrash, du Death/Thrash, de l’Indus, du Néo, du Néo-Death-Indus, du Power, des moments nous rappelant du Metal à chanteuse, du Deathcore même… la liste est longue et bien évidemment, le tout est supplanté par de l’électro servant de base à la musique J-Pop. On brasse large entre l’extrême de certains riffs et le mainstream voulu par ces refrains bien sucrés, ce qui en soi est déjà une performance, mais plus que de véritable cohérence Babymetal se distingue par sa variété. Grossièrement, BABYMETAL fait le pont entre BLOOD STAIN CHILD (forcément), ARCH ENEMY et FEAR FACTORY, avec une foultitude d’aspérités au passage, plus (ou très plus) ou moins de mauvais goût. Alors bien évidemment, pour ce genre de « produit » « artificiel » passant par tous les degrés d’écoute il faut déjà se poser la question de la qualité du « Metal » proposé. Au premier abord, il faut quand même se demander si les producteurs et musiciens derrière cette chose savent ce qu’est vraiment du Metal. Non pas au niveau des compositions, très correctes dans l’ensemble (techniquement déjà, certains riffs sont un minimum efficaces et les solos sont bien torchés) et même originales parfois bien que souvent hyper convenues, mais surtout au niveau de la production sonore. Le son de Babymetal est hyper mal torché pour ne pas dire pourrave, les voix des donzelles sont surmixées (forcément), les guitares sont archi sèches et la batterie est souvent abominable (le pire de ce point de vue est entendu sur "Gimme Chocolate!!" qui d’ailleurs sonne cent fois mieux sur la version Live présentée dans cette édition), outre le fait que ça pourrait tout à fait être une BAR en studio on se demande parfois si même les guitares n’ont pas été émulées par MAO. On ne connaît pas vraiment la fine équipe derrière BABYMETAL (tout au plus que le backing-band, en Live tout du moins, est japonais), le producteur serait un certain Kobametal… j’ai cru à un moment qu’il s’agissait de Ettore Rigotti, M. DISARMONIA MUNDI, M. Coroner Records aussi qui a notamment sonorisé un certain… BLOOD STAIN CHILD. Mais il n’a produit que le bonus "Road of Resistance", pourtant on reconnaîtrait presque son style, confus et compressé, dès "Megitsune"… Bon le son s’améliore passé certains morceaux qui semblent être plus vieux, me faisant dire que Babymetal est plutôt une compilation qu’un véritable premier album, mais ce qui est sûr c’est que ce « projet » ne se distinguera pas par sa forme.

Mais pour le fond, BABYMETAL a des choses à dire, et beaucoup. "Babymetal Death", sorte de méga intro de la mort qui tue, étonne d’emblée : intro sympho, puis gros riffing Death/Thrash headbangant et percutant, un départ façon grand spectacle où des vocaux gueulés annoncent le nom du groupe lettre à lettre (…) tandis que les premières voix des bébés Metal se font entendre. Quand on ne connaît que vaguement le projet, c’est très surprenant d’emblée, on se s’attend pas à ce qu’un délire pareil balance de tels vocaux, des riffs tendant vers le mélodeath et un solo heavy/power entraînant… Mais le top méga kawaii prend ses droits dès "Megitsune", qui commence façon folk asiatique à la CHTHONIC : encore une trouvaille à mettre au crédit de BABYMETAL, mais c’est dommage que ça soit la seule incursion folklorique de tout l’album (hormis peut-être le tout début de "Onedari Daisakusen")… puis bien évidemment, le morceau tourne au déluge Electro-Metal japonais sucré façon BLOOD STAIN CHILD au carré, chanté en japonais par des ados. Le tout accompagné d’un… gros breakdown Deathcore où l’on croit entendre en fond des pigsqueals. Pas de doute, la nawakerie japonaise a pris possession du Metal et il faut bien vite débrancher son réseau neuronal. On guette alors les tubes ultra Kawaii-Metal et à ce titre, "Gimme Chocolate!!" et ses chants hyper délirants, puis "Doki Doki * Morning" bien sucré comme il faut (le pré-refrain est un régal), cartonnent à leur manière. Extrémiste dans son mélange de gros Metal et de J-Pop bien hihihiiiii, BABYMETAL n’est donc pas loin de la faute de goût la plus immuable et indiscutable, aussi je conseille aux âmes sensibles d’éviter l’écoute de "Iine!", sorte de THE ALGORITHM au rabais flanqué d’un atroce break r’n’b, sous peine d’avoir envie de courir à poil dans la rue en poussant des cris stridents. Et que dire de l’immonde "Uki Uki * Midnight" avec son break brostep bien dégueulasse…

Passé les évidents tubes J-Pop-Metal et les exagérations prévisibles et dispensables, il faut quand même avouer que Babymetal est un album assez riche qui convainc en brassant large. "Akatsuki" donne surtout dans un Power-Metal bien japonais « à pochette manga » plus qu’autre chose, il faut aimer mais c’est bien fait, et l’on appréciera les capacités de la chanteuse (pourtant en difficulté sur "Megitsune" précédemment…) malgré les longueurs de ce morceau plus aéré. Du Power que l’on retrouvera sur le final (initial) plus épique qu’est "Ijime, Dame, Zettai", ainsi que sur le bonus "Road of Resistance" où BABYMETAL a l’honneur d’être accompagné par Herman Li et Sam Totman de DRAGONFORCE. Bien évidemment, l’aspect J-Pop accolé à ces morceaux est particulièrement niais (mention spéciale au chant de "Ijime, Dame, Zettai"), mais ça semble inévitable… Outre le Power-Metal, BABYMETAL continue à explorer tout le monde du Metal et surprend au détour de chaque morceau : "Onedari Daisakusen" donne… dans du Néo à la LIMP BIZKIT ou P.O.D., vachement accrocheur en plus ! C’est là que le backing-band montre sa créativité et ses capacités, encore plus sur "Catch Me If You Can" qui est pour moi la sensation de Babymetal : l’entité japonaise nous balance du Death-Indus hyper couillu que n’aurait pas renié THE MONOLITH DEATHCULT pour ses expérimentations, on a l’impression d’entendre les gimmicks de "Human Wave Attack" ! Une sensation suivie de "Rondo of Nightmare" qui lui, tape dans le Deathcore, avec des vocaux pour le coup un peu hors-sujet hélas (même si le refrain sympho est bien branlé). On notera encore la bizarrerie "Song 4", Thrash/Death commun avec un break cette-fois ci… d’obédience Reggae. BABYMETAL se permet tout et n’a honte de rien, bien que le déjà célèbre "Head Bangeeeeerrrrr!!!!!" soit le morceau le plus classique de l’album, celui qui résume bien ce qu’est BABYMETAL : Metal simple et efficace entre Thrash, Death et Power, et J-Pop avec électro et vocaux de fillette typiques.

Voilà l’important bilan de ce premier album (?) de BABYMETAL, qui pour rester tout à fait sérieux, est tout de même légèrement hétérogène sur le fond et la forme, entre prod décevante et riffs cossus, entre nawakerie entraînante et exagérations trop too much. Bien évidemment, la logique voudrait que l’on ne s’arrête pas sur les qualités de la musique ni même les influences et qu’on se laisse porter par le « délire », lorsqu’on est rond comme une queue de pelle où qu’on cherche à avoir la patate avec un truc frais. A ce titre, Babymetal ne sera jamais pire que n’importe quel disque d’AMARANTHE, les deux projets ont contre eux le côté produit créé de toutes pièces, mais BABYMETAL a pour lui l’aspect volontairement délirant jouant avec les codes de la J-Pop et du Kawaii. Est-ce que cela a été fait de manière très premier degré, impossible de répondre (on est jamais sûrs de rien avec le Japon…), mais j’ai envie de dire que dès le départ sur le grandiloquent "Babymetal Death", il ne faut pas prendre ça au sérieux, et ça passe tout seul… A condition d’être dans l’état d’esprit pour digérer de la J-Pop, forcément, après il y a quelques choses surprenantes sur le fond Metal qui font que BABYMETAL mérite le coup d’oreille, ne serait-ce que pour voir ce qu’ont été capables de concocter les musiciens pour pousser le délire à fond. Ceux pour qui le Metal est trop premier degré pour ce genre de choses peuvent toujours se retourner sur SEASON OF GHOSTS (qui n’est pas japonais mais c’est tout comme) si BLOOD STAIN CHILD est déjà trop blip-blip pour eux, mais bon de toute façon BLOOD STAIN CHILD, SEASON OF GHOSTS, AMARANTHE et BABYMETAL, ce n’est pas à mettre entre toutes les oreilles… Mode off sur le cerveau obligatoire mais fun kawaii garanti, c’est japonais c’est n’importe quoi youpi, enfin tout de même, quand on y réfléchit et qu’on prend un recul primaire, je suis bien obligé de conclure par…

So, ONCE AGAIN, dear Japan : WTF ?????
Sincerely, the rest of the World.



Merci de ramasser vos neurones à la fin des vidéos.


Rédigé par : ZeSnake | IT'S OVER 20/20 | Nb de lectures : 11913