SECRETS OF THE SKY - Pathway (Metal Blade) - 10/06/2015 @ 07h19
Quand on écume des rondelles promo, on tombe souvent sur des disques pas forcément géniaux ni même intéressants mais tout de même un minimum bien faits pour de la seconde division, ce qui nous fait dire que c’est « prometteur malgré tout », voire qu’on « suivra ça de près dans le futur pour voir », même si au fond on s’en moque un peu, qu’on conclut aimablement histoire de mettre une petite tape dans le dos et qu’on va se presser de chercher une petite place à l’album en question dans l’armoire à promos. Difficile de ne pas être le premier surpris et satisfait quand, quelques années plus tard, le groupe en question signe son retour sur un label plus important, avec un disque mieux ficelé, montrant un groupe finalement plus méritant qu’il n’y paraît et faisant montre d’une progression évidente. Un schéma qui va aujourd’hui s’appliquer au groupe américain SECRETS OF THE SKY. Trouvaille de Kolony Records il y a 2 ans, la formation californienne avait signé un premier opus sans démo préalable, To Sail Black Waters, pas forcément hyper bien branlé, fourre-tout mais inégal, mais malgré tout, oui, « prometteur » sur certains aspects… Mais revoilà ce quintette avec une jolie signature chez Metal Blade en poche, pour un second full-length, Pathway, qui lui fait passer à un autre niveau, à tous les niveaux.

Pour ceux qui ne seraient pas penché sur To Sail Black Waters en son temps (comment ça, vous n’écoutez pas tout ce qu’on chronique ?), SECRETS OF THE SKY donne dans un… quelque-chose Metal qui pioche un peu partout, mais principalement dans l’extrême et l’atmosphérique. Blackened Post-Progressive Atmospheric Doom/Death Sludge Metal, Post-Atmospheric Black/Doom Death/Sludge Progressive Metal, Progressive Post-Doom/Death Blackened Sludge Atmospheric Metal, on peut mettre ça dans l’ordre qu’on veut mais au cas où vous ne l’auriez pas compris, SECRETS OF THE SKY se situe à la croisée des chemins entre Post-Metal, Metal progressif, Doom/Death, Doom tout court, Sludge atmosphérique et Metal blackisé. Kolony Records citait THE OCEAN, OPETH, ISIS et AGALLOCH, Metal Blade cite maintenant KATATONIA, GHOST BRIGADE et ANATHEMA, il va falloir chercher tout ça là-dedans, ça se tient parfois mais mieux vaut retenir le « pour fans de » que le « influencé par », surtout que le « style » n’a pas vraiment changé entre To Sail Black Waters et Pathway. Voix claires, voix death, voix screamo/black, riffs doom/sludge, trémolos, passages acoustiques, interludes à bruitages, SECRETS OF THE SKY nous propose un condensé du Metal extrême tendance lourd et du Metal atmo tendance spleen, et il y a franchement de quoi faire en seulement trois quarts d’heure.

Pas de différences de style entre To Sail Black Waters et Pathway donc, la base reste un Metal résolument atmosphérique qui ménage ses progressions et sait se montrer plus sombre voire agressif quand il le faut. Mais SECRETS OF THE SKY a progressé, sur le fond et la forme. La production, parfois un peu rude et sèche pour To Sail Black Waters, est nettement supérieure et relief et puissance sont au rendez-vous, subsiste un grain « doom » de grattes qu’il faut toujours apprécier à sa juste valeur mais l’ensemble est totalement cohérent. Du reste, le schéma de tracklist change : après les 4 longs morceaux de To Sail Black Waters, SECRETS OF THE SKY choisit des longueurs plus variées (3 à plus de 8 minutes) pour des morceaux plus variés et distincts justement, le tout entrecoupé d’interludes en chiffres romains posant une ambiance mystérieuse et donnant également une grande cohérence à l’album, même si la curiosité reste l’enchaînement de deux vrais morceaux ("Angel in Vines" et "Another Light") puis de deux interludes ("III" et "IV"), conférant une légère déconstruction de l’ensemble. Voilà donc un modèle de Metal atmosphérique, composante certes principale de l’art de SECRETS OF THE SKY car nous sommes là pour planer, mais pour planer dans la nuit car le Metal noir et cru, lent et pesant, est également de la partie, et c’est dans cette mixture que SECRETS OF THE SKY parvient à exceller, nous offrant un Pathway léché et réussi.

Un premier interlude, "I", qui nous laisse sur une plage en pleine nuit et Pathway est d’ores et déjà lancé sur les chapeaux de roue avec "Three Swords", qui se pose directement comme l’œuvre forte de cet album. Le début éthéré est somptueux, le « vrai » départ est marqué par de subtiles lignes de basse et un chant clair touchant et totalement maîtrisé, Garett Gazay montre désormais toutes ses capacités, et ce dans tous les domaines vu qu’un chant clair plus poussé fait vite son apparition, précédant de peu ce chant screamo/black déchirant (un peu à la TOTALSELFHATRED) et des growls doom/death sévères, la musique s’alourdit donc bien vite et avec brio, même si l’emphase mélodico-atmosphérique est toujours bien présente, avec notamment de belles instrumentations acoustiques. Trois épées et huit minutes absolument magnifiques portent donc le début de cet étonnant Pathway. "Angel in Vines" est alors un morceau « classique » pour SECRETS OF THE SKY, qui aurait pu figurer sur To Sail Black Waters, mais il montre bien toute la progression du groupe, les compos sont moins redondantes et mieux ficelées, le son et les chants nettement plus maîtrisés, le Post-Doom extrême progressif (oui encore une étiquette…) des américains parvient désormais à convaincre totalement, grâce notamment à cette lourdeur qui parvient à être épique. SECRETS OF THE SKY n’hésite pas non plus à cloisonner sa grosse poignée d’influences histoire de proposer un album plus varié que son prédécesseur, c’est ainsi que "Another Light" est un court morceau (3 minutes) entièrement Post-acoustique avec un chant plus shoegaze & assimilés que du chant clair Metal. On aimera ou pas mais SECRETS OF THE SKY, c’est aussi du spleen…

Inspiré, SOTS continue à abattre ses cartes après l’enchaînement des deux interludes "III" et "IV". La pause est finie et "Garden of Prayers" va se révéler plus Doom que jamais. Les riffs sont abyssaux, les growls profonds, les cris apocalyptiques, mais l’ensemble est toujours aérien grâce au côté Post-atmo-progressif porté par les pauses à chant clair et les plans et montées mélodiques, bien que l’ambiance globale reste très sombre et négative, malgré le final libérateur. Un développement tout en lourdeur et en atmosphère qui est pourtant contrasté ensuite par "Fosforos", de loin le morceau le plus agressif jamais pondu par les américains. Les riffs sont lourds et tranchants à la fois, les cris possédés, ils font mouche lorsqu’ils sont doublés ou alternés par les growls, SECRETS OF THE SKY sait aussi appuyer là où ça fait mal et surprend encore, même si la suite du morceau retrouve un tempo alourdi plus classique, où le Doom proposé reste tout de même sévèrement écrasant. Et avant bien sûr le dernier interlude "VII", Pathway va s’offrir un final de toute beauté avec "Eternal Wolves", où la performance de Garett Gazay en est à son paroxysme, avec des growls et des cris surpuissants, mais aussi un chant clair tout en retenue qui éblouit le final du morceau plus post-épique que jamais, tandis que les autres instrumentations du morceau se révèlent assez monumentales en leur genre, entre gros riffs doom/sludge et sublimes montées de leads appuyées avec classe par des claviers.

Moins approximatif, moins blindé de longueurs, Pathway surpasse aisément To Sail Black Waters et amène SECRETS OF THE SKY a une forme de compétition. Noyé dans la masse il y a deux ans malgré ses capacités transgenres, tandis que certains « premiers albums » étaient bien plus aboutis, SOTS se révèle aujourd’hui au grand jour grâce à cet excellent second album. Bien dosé, bien varié, à la fois pesant et aérien à chaque instant, Pathway est un album souvent jubilatoire de Post-Doom Metal progressif blackisé atmosphérique (la dernière série d’étiquettes, promis). Après, il est certain que SECRETS OF THE SKY n’a rien inventé, et semble se contenter d’un photocopiage et d’un collage de 666 influences, mais les californiens le font à leur sauce et ont un certain touché, un certain talent même, pour mixer la lourdeur du Doom et la pureté du Post-Metal dans de belles progressions épicées par des éléments extrêmes, avec une production totalement adaptée au style (certains passages sont fantastiques au casque). Des moments forts, des compositions inspirées, des structures prenantes et des chants maîtrisés font de Pathway une réussite, une des surprises de l’année qui pose SECRETS OF THE SKY comme une révélation de Doom moderne (au sens large). Comme quoi, il faut s’intéresser à tout et ne jamais laisser injustement de côté une formation qualifiée même naïvement et avec réticence de « prometteuse »…




Rédigé par : ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 9132




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manu67j
IP:193.252.157.50
Invité
Posté le: 11/06/2015 à 16h47 - (116969)
Un album de death doom de plus mais sans aucune originalité. certes c'est très bien fait mais on finit vite par décrocher...

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