MORRIGU - Before Light | After Dark (Autoproduction) - 06/01/2015 @ 07h34
L’évolution : tout groupe de Metal y a droit à un moment ou un autre de sa carrière mais pour certains, c’est bien plus notable que d’autres. Il y a encore 5 ans le groupe suisse MORRIGU pratiquait du Doom mélodique teinté de Heavy/Power, avec un chant clair nettement prédominant, pour The Niobium Sky (chroniqué sur VS). Un album plus tard, tout est chamboulé. Le line-up a déjà bien évolué puisque seuls Mirko et Severin Binder sont encore de la partie par rapport au précédent disque. Severin, autrefois vocaliste et délégué aux instruments folkloriques chez ELUVEITIE, reprend donc l’intégralité des parties vocales de MORRIGU en plus de la programmation, pour le reste un second guitariste et un nouveau batteur ont été recrutés, Merlin Sutter (ELUVEITIE itou) ne faisant donc plus partie de la formation de Zürich. Ce renouvellement d’équipe va donc amorcer l’évolution musicale de MORRIGU, qui va passer d’un Doom Metal raffiné et enjoué à un mélodeath bien plus moderne, enfin en apparence seulement. Before Light | After Dark va être un disque voguant entre plusieurs contrastes.

Seul le goût pour les mélodies 90’s va témoigner du passé de MORRIGU, qui a à peu près changé tout le reste de son paysage metallique : les riffs sont désormais clairement en mode Metalcore, à ce titre notons déjà que le mix et le « guitar re-amping » est assuré par Zeuss, et le mastering par Jens Bogren, une belle équipe pour une autoproduction. Ce qui va déjà causer un des principaux décalages de la musique de MORRIGU : les grattes sont trop en avant par rapport à tout le reste, leur son est résolument moderne tandis que les mélodies sont nettement plus datées (ce qui n’est pas à prendre péjorativement). MORRIGU vogue donc à chaque instant entre du mélodeath vieille école au niveau des leads et du Metalcore moderne au niveau des rythmiques incisives, et le mélange créé lui aussi un décalage qui a un peu de mal à passer. Le groupe s’offre parfois quelques mélodies aux sonorités plus modernes (comme le début de "New Beginning", nom de morceau très parlant finalement), mais dans l’ensemble le pont entre années 90 et 2010 est assez incongru, MORRIGU se jouant des cases et des périodes mais sans forcément réussir son truc…

Enfin, l’autre grand changement intervient au niveau du chant, qui abandonne totalement le chant clair au profit d’un chant hurlé entre Power-Thrash et vieux mélodeath. Le résultat n’est franchement pas glorieux, les vocalises fatiguées de Severin sont très poussives, juste dignes d’un groupe qui débute. Entre un son disparate, une musique à la croisée de chemins pas forcément au point et un chant très moyen, MORRIGU penche dangereusement vers les formations de mélodeath/metalcore de seconde zone qui garnissent mon armoire à promos. Mais heureusement Before Light | After Dark reste un album plutôt correct dans sa globalité. Tant pis pour le chant, certes rébarbatif mais pas insupportable non plus, intéressons-nous plus aux guitares qui ont de solides arguments. Toutes les mélodies proposées dans cet album au format restreint (37 minutes) sont totalement appréciables, avec ce petit côté mélodeath 90’s qui me plaira toujours, on penche même parfois vers le côté épique d’un TORCHBEARER. Les riffs modernes sont peut-être hors-sujet mais n’en sont pas moins efficaces, des morceaux comme "My Curse, My Sweet Revenge", "Homeless and Ostracized" ou encore "After Dark" sont là pour le confirmer.

Dommage que Before Light | After Dark soit tout de même assez linéaire, avec pour seul hit potentiel l’excellent "It’s Getting Dark", et sans grandes particularités autres que le mélodeath 90’s et le metalcore moderne, sauf peut-être quelques sonorités originales discrètement insérées au milieu de "Deceived". Avec des défauts de forme (chant, production déséquilibrée) et de fond (mélange de périodes metalliques un peu gênant), ce troisième album de MORRIGU voire plutôt son premier album « new look » aura du mal à se hisser dans la première division du mélodeath/metalcore. Before Light | After Dark, qui aurait pu se nommer « After Light | Now Dark » au vu de l’évolution du groupe après The Niobium Sky, reste cependant un honnête album, qui s’en sort avec les honneurs grâce à de belles mélodies omniprésentes et des riffs plutôt croustillants. Mais s’il veut poursuivre dans ce « nouveau » style, MORRIGU doit rééquilibrer certaines choses car la voie qu’il emprunte manque d’un brin de cohérence. Et Severin doit améliorer son chant également. Une évolution pas encore convaincante (même si The Niobium Sky était loin d’être un indispensable de mélodoom), qui nous donne pour l’instant un album de mélodeath/metalcore correct dans l’absolu.



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Rédigé par : ZeSnake | 14/20 | Nb de lectures : 10164




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